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Avant-Propos

Pendant dix siècles la famille de Savoie fut animée du double objectif de chercher des épouses valables et utiles à travers une foule de familles voisines plus ou moins puissantes et plus ou moins utiles. Cette trame nous donne une quarantaine de générations et presque deux centaines d’aventures matrimoniales avec tout ce que cela implique d’enchevêtrements, d’intrigues, de double-jeux, d’illusions, de déceptions, presque un résumé d’humanités ou à défaut d’histoire européenne.

Suivant les auteurs et les chercheurs, on peut n’y trouver aucun intérêt car n’est-ce pas là l’image de toutes les familles même si bien sûr il n’est pas si évident de trouver une documentation familiale aussi continue et fournie (la haute-noblesse est seule capable de fournir de tels ensembles qui nous rendent tous et chacun jaloux puisque l’on peut tous se demander si nos propres ancêtres n’ont pas connu de semblables mésaventures la seule différence venant de la variabilité qualitative et quantitative des documents.

L’autre différence est dans l’intérêt de ces «ondulations matrimoniales» qui ont étayé pendant si longtemps les politiques européennes, buts et moyens des alliances, des conflits, des ruptures pour le plus grand profit des uns ou les pires catastrophes des autres, ce qui rend finalement d’autant plus excitante ou d’autant plus dramatique chacune de ces unions au delà des personnalités concernées, des gamines monnayées dans leur innocence avec des hommes souvent déjà âgées, des femmes rouées dans leur formation politique, des personnalités éphémères qui n’ont laissé que des illusions ou des regrets.

Après des générations d’histoires « machistes » écrites par des hommes pour des hommes et à propos d’hommes, il est temps d’envisager d’autres points de vue, même s’il est bon, utile et sage de ne pas tomber d’un excès (ou d’un sexe) dans l’autre. Tout n’est pas dans tout, mais chaque mariage déjà une aventure sentimentale en soi est aussi dans cette perspective un pari sur l’avenir avec autant de chances que de malchances.

Quel contraste entre la petitesse de la principauté de Savoie et l’efficacité des mariages de cette longue dynastie et bien sûr l’on a vanté en conséquence l’habileté et l’obstination de ces «principicules» mais en approfondissant les biographies, il importe de retenir en parallèle les talents de certaines de leurs conjointes qui conscientes de leurs droits et de leurs devoirs ont été à l’origine de bien des tournants capitaux pour les Etats de Savoie.

chaque notice est accompagnée d'un chiffre initial (de 1 à 175) indiquant un "niveau chronologique" et elle est suivie elle-même des chiffres de princesses ayant un lien immédiat avec la personne concernée (mère, soeurs, filles, cousines).

On a beaucoup hésité ou plutôt varié sur les origines de la Maison de Savoie. En dépit des apparences les «Savoie» n’ont jamais prétendu venir de la province de Savoie, très tôt selon les chroniques médiévales ils se disent venir de Saxe car le second millénaire a répandu le mythe de l’origine saxonne de la «vraie» noblesse occidentale.

 Les bibliographies sont classées en ordre chronologique de publication, ce qui permet de mieux évaluer les évolutions des appréciations historiques sur nos héroïnes.

Comment présenter une princesse sous son appellation d’origine ou selon la titulature officielle née de son mariage ? la duchesse Christine, épouse du duc Victor-Amédée I°, appelée Madame Royale (101), était née Christine de France et s’en montrait assez fière mais ses contemporains la reconnaissaient sous son titre de Christine de Savoie, finalement tout est question de regards sur l’aval ou sur l’amont. Les variations de titulatures selon les études sont d’ailleurs caractéristiques de ces différences de point de vue. Les Savoyards et les Piémontais parlent volontiers de la reine Polyxène de Hesse (139) mais les Allemands connaissent surtout Polyxène de Savoie. Dans la perspective de cet ouvrage qui présente toutes nos princesses comme membres «naturels» ou importés de la Maison de Savoie, nous les avons retenues prudemment dans leurs présentations d’origine comme princesses de Savoie (de Piémont ou d’Italie) «nées» ou au contraire issues de famille étrangères devenues princesses de Savoie.