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166 – ELISABETH DE SAXE (1830-1912)

166 - ELISABETH DE SAXE (1830-1912)

Duchesse de Savoie-Gênes.

« Une suite de malchances »

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La famille royale d'Italie retrouve ses origines saxonne, mais le rang des Savoie-Gênes est en train de se perdre.

Fille de Jean I° de Saxe (1801-1873, alors seulement prince royal et frère du roi qu’il allait remplacer en 1854) et d’Amélie de Bavière (1801-1877 qui donna neuf enfants à son mari).

Elisabeth épouse à Dresde en 1850 Ferdinand de Savoie (1822-1854) fils cadet du roi Charles-Albert, qui avait été l’enfant chéri de sa mère : Marie-Thérése de Toscane (153). Ferdinand venait de se faire connaître dans la récente campagne de Lombardie, mais il était surtout connu en Sicile dont il avait refusé d’être roi lorsque les révolutionnaires lui avaient proposé une couronne sécessionniste. Ce désintérêt ne fut pas récompensé car le roi Ferdinand des Deux-Siciles qui eut dû et put perdre son trône, ne lui en sut aucun gré mais on ne pardonna pas non plus en Europe à un prince issu de cette famille de Savoie si malchanceuse et si maladroite, et l’on fut ravi à Turin de trouver une princesse saxonne qui avait l’avantage d’appartenir à une famille d’autant plus intéressante qu’elle était catholique et néanmoins «ouverte» (sinon libérale) , d’où le mariage célébré à Dresde en avril 1850.

Le diplomate français , de Reiset, a raconté dans ses mémoires les péripéties de cette union. Le prince avait été très désabusé de ses deux prétentions matrimoniales précédentes déjouées par la diplomatie européenne ; le princesse Louise de Prusse mariée ensuite avec le prince de Hesse et la grande duchesse russe Olga mariée depuis avec le prince de Wurtemberg. Enfin faute suprême Ferdinand était soi-disant tombé sous la coupe d’une maîtresse (simplement) bourgeoise, jugée laide et intrigante mais néanmoins fort spirituelle qu’il avait rencontrée durant la campagne de Lombardie en 1848. Il fallut l’intervention de la reine-mère Marie-Thérèse (153), l’émotion de la défaite, de l’exil et de la mort de Charles-Albert pour l’amener enfin à accepter le mariage saxon que son père avait envisagé dès 1845. L’opinion applaudit les deux jeunes époux beaux («la plus superbe beauté du nord » selon Cavour, qui s’y connaissait en beautés féminines) et en apparence heureux mais il n’ en fallut pas moins une seconde intervention de la reine-mère pour obliger le prince à ne plus rencontrer son « amie » de Novare. Le diplomate s’amuse à décrire les bals de la cour où brillait l’aimable et gracieuse princesse face à un époux ostensiblement hostile à ces mondanités et complice des grossièretés de son royal frère…. « mariage aimable mais sans aucune tendresse »

Avant de mourir en 1855, Ferdinand de Savoie eut le temps de donner deux enfants à son épouse Elisabeth : Marguerite (159 / 1851-1926) et Thomas, (1854-1931) . Tristement veuve si jeune, Elisabeth pensa épouser son beau-frère Victor-Emmanuel veuf lui aussi mais il lui préféra la « belle Rosine » (158). Sans regret mais néanmoins vexée, elle se consola en se retirant de la cour et en épousant morganatiquement en 1856 un officier de son entourage Nicolas Rapallo (1825-1912) avec l’accord de son père et en dépit de la vive opposition du roi Victor. Ce dernier céda néanmoins en accordant (bien plus tard) le titre symbolique de marquis à son « beau-frère », ce qui fit dire aux Italiens que la princesse « était passée de Gênes à Rapallo ». Elle eut une seule action politique décisive en refusant énergiquement en 1870 la couronne royale espagnole proposée à son fils Thomas jugé trop jeune et trop inexpérimenté et qui passa finalement à son neveu Amédée d’Aoste. Elle mourut à la veille de la guerre à Stresa dont son mari avait été élu député …

En 1849, Ferdinand et Elisabeth reçurent en héritage de la reine Marie-Christine, veuve de Charles-Félix (152), le château d’Aglié en Canavese, que la famille de Gênes conserva jusqu’en 1939.