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168 – MARIA-VITTORIA DELLA CISTERNA (1847-1876)

168 - MARIA-VITTORIA DELLA CISTERNA (1847-1876) duchesse d’Aoste, reine d’Espagne.

« la revanche de la vertu »

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MARIA-VITTORIA DELLA CISTERNA, la première duchesse d'Aoste, reine éphémère d'Espagne.

Fille du prince Carlo-Emanuelle dal Pozzo della Cisterna (1789-1864) et de Louise -Caroline de Mérode (1810-1868).

La famille Pozzo della Cisterna est depuis le XVI° siècle une des plus grandes et des plus célèbres familles du Piémont. Le père de Maria Vittoria avait été un actif libéral compromis dans la révolution de 1821 qui lui avait valu un long exil à Paris et en Belgique (où il avait fait connaissance de sa femme qu’il épousa en 1846), il revint en 1848 pour participer à la première guerre d’indépendance, ce qui lui permit ensuite d’entrer au sénat du royaume. Sa mère elle aussi d’une des plus grandes familles de Belgique (les Mérode), était une femme triste et introvertie qui influença beaucoup la jeune fille.

 

168. mariage duc d'Aoste 1867
Premier mariage du Duc d'Aoste en 1867.

La jeune princesse jolie mais mélancolique, sérieuse et introvertie avait rencontré le prince à Florence en 1865, mais il fallut bien deux ans pour envisager une union avec le plein accord du jeune homme qui révélait ici un déplorable tempérament velleitaire, sans compter la difficulté pour obtenir le consentement du roi fort réticent initialement. Le mariage eut néanmoins lieu en mai 1867 mais la splendeur des cérémonies de Turin et de Stupinigi ne put dissimuler le sinistre présage de cette union du fait de la mort accidentelle dans le cortége nuptial du comte Verasis de Castiglione (époux séparé de la célèbre comtesse qui avait émerveillé dix ans plus tôt Napoléon III et la cour des Tuileries).

Certes le mariage s’avère fructueux avec trois garçons en six ans: Emmanuel-Philibert (2° duc d’Aoste, 1869-1931) , Victor-Emmanuel ( comte de Turin, 1872-1946) et Louis-Amédée (le célèbre sportif, duc des Abbruzes, 1873-1933) ce qui tranche avec Victor- Emmanuel (III) , enfant unique et malingre du prince héritier Humbert . D’un autre côté, le duc est un homme volage bien dans la tradition de son grand-père, de son père et de son frère et il est bien difficile de trouver en lui la force morale qui distingue sa jeune femme. Les premières années du couple sont pénibles ; tout juste remis de la mort de la mère de la princesse, le jeune ménage envoyé à l’inauguration du canal de Suez doit en revenir à l’improviste du fait des premières attaques d’une tuberculose qui sera bientôt fatale à la jeune duchesse éprouvée encore par l’explosion des machines du bateau qui les ramène d’urgence en Italie.

Pas question de trouver le repos du fait de la complexité diplomatique qui pousse, contre toute attente, Victor-Amédée à accepter (sous la pression de son père) à la fin de 1870, la royauté espagnole. En effet, depuis une génération, le trône madrilène pose problème à toute l’Europe et surtout depuis une année, on cherche un souverain pour un trône sur lequel la Maison de Savoie ne cesse de porter ses revendications depuis deux siècles et pour lequel se perdent les Bourbons, les Orléans et les Hohenzollern (d’où la guerre franco-prussienne de 1870). Sans enthousiasme, en mars 1871, Maria-Vittoria rejoint à Madrid son mari qui y était pourtant arrivé dès janvier. Honnêtement même si dépourvue d’expérience , elle essaie d’assurer normalement ses nouvelles fonctions mais l’enthousiasme initial déjà réduit s’amenuise vite d’autant que le jeune roi s’aperçoit aussi de son erreur et de son impuissance. L’impasse politique aboutit en février 1873 à une abdication du jeune souverain et à un retour digne mais triste et amer à Turin, où Victor-Amédée s’enferme dans une solitude désespérée d’autant que l’état de santé de Maria-Vittoria s’aggrave. On croit la fortifier en la transportant à San Remo mais ce n’est que pour y trouver la mort en novembre 1876.

Ce désastre n’est pas négatif pour autant car la princesse qui s’est toujours vouée à la piété et à la charité, gagne après sa mort une célébrité qu’elle n’avait pas su trouver durant sa vie. Au moment où la Maison de Savoie se fait remarquer par son hostilité vis à vis de la papauté, la tradition du réalisme et du double jeu va apporter au nouveau régime la touche de modération qui lui permettra de survivre en attendant une nouvelle conjoncture. On ne peut désespérer d’une famille aussi variée que celle de Savoie, bien sûr il y a le scandaleux roi Victor mais il suffit d’attendre de meilleurs moments en considérant la rue et l’hôpital que Turin consacre à la jeune femme. Comme sa belle-sœur Clotilde (156), comme sa (future) nièce Hélène (160), Maria-Vittoria prépare à sa manière le rapprochement entre le Vatican et le Quirinal, certes la manoeuvre ne réussit pas mais finalement ce ne fut pas de leur faute…


 

FRANCHETTI. D.: Maria Vittoria (d’Aosta) / - Trana :. 2006. 176 p.

CONSO G.B.. Cenni biografico-necrologici di S. A. R. Maria Vittoria duchessa d'Aosta gia regina di Spagna /–Turin, , 1877. - 105 p

BERNARDI J.: A sua altezza reale il principe amedeo in morte dell’augusta principessa sua sposa Maria Vitttoria ex regina di Spagna. Pignerol, 1876, 13p.

Lettere della principessa Luigia Carolina Dal Pozzo Della Cisterna Ghislaine de Merode e di sua figlia Maria Vittoria a Valentina Arno. - Turin:, 1899. - 15 p. ;

CASALEGNO C.: Maria Vittoria duchessa d'Aosta e regina di Spagna : il sogno di una principessa in un regno di fuoco /- Turin, 2003. - 160 p

Una Regina di Spagna : Maria Vittoria dal Pozzo della Cisterna. - Milan :1913.

Amedeo di Savoia : 30 maggio 1845-18 gennaio 1890 / - Naples :, 1890. - 16 p.

SPEDERONI G.: Amedeo d'Aosta, re di Spagna / - Milan :, 1986. - 227 p.,

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