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158 – ROSA VERCELLANI (1833-1885)

158 - ROSA VERCELLANI (Nice 1833- Pise, 1885)

épouse morganatique de Victor-Emmanuel II

« La grandeur du petit monde »

158 - rosa vercellana
La belle Rosine, pas de titre mais beaucoup d'amour.

la « belle Rosine » correspond à un grand amour (ce qui n’a jamais signifié la fidélité) et cette épouse roturière et qui plus est morganatique (la seule de toute la dynastie sur le millénaire qui nous concerne), ne peut être oubliée de cette liste.

Elle était la fille de Giovanni-Battista Vercellana de Moncalvo d’Asti qui appartint autrefois à la garde impériale et qui passa ensuite dans celle du roi de Sardaigne. En poste au château de Racconigi, il donna ainsi en 1847 l’occasion à sa fille de rencontrer  Victor-Emmanuel.

On raconte que déguisée en officier, elle suivit son « ami » déguisée durant la campagne de 1848 juste après lui avoir donné une première fille

Remarquons que ses enfants pour être illégitimes, n’en reçoivent pas moins des prénoms caractéristiques de la famille de Savoie et seront toujours protégés par leur royal père. Tout juste devenu roi, Victor installa sa seconde famille dans le parc de Stupinigi (On raconte que la reine Marie Adélaide (155) y rencontra un jour par hasard le fils de la favorite qu’elle lui parla et l’embrassa en pleurant). Devenu veuf, le roi la logea plus luxueusement encore à la Mandria près de La Venaria dans la banlieue de Turin et au château de Sommarive Prino près d’Alba et la nomma par décret en 1859 comtesse de Mirafiori et Fontanafredda avec le nom de Guerrieri donné à ses enfants.

Ses partisans ne cessèrent de souligner sa discrétion et sa patience alors que ses ennemis dénoncèrent sa grossièreté et sa vulgarité (le diplomate français Reiset affirme ainsi qu’en croisant la reine-mère Marie-Thérèse, elle déclara ostensiblement à ses enfants, « Voici votre grand mère »… En 1861, elle suivit le roi à Florence où il fit célébrer leur  mariage religieux  en octobre 1867 à San Rossore mais ce n’est qu’en 1875 , à peine trois ans avant sa mort que le roi consentit à un mariage civil. Rosine lui survécut dans la discrétion et l’isolement jusqu’à sa mort à Pise à Noël 1885.

Comme il n’était pas question qu’elle fut inhumée aux côtés du roi au panthéon de Rome, ses enfants firent donc construire (en compensation) une copie de ce dernier à Turin pour abriter ses restes.

Les uns ont vanté sa gentillesse pour un roi qui pourtant ne la ménagea pas beaucoup, alors que d’autres n’ont cessé de se moquer de sa vulgarité et son orgueil. En fait, elle fut d’autant plus populaire qu’elle provoquait l’orgueil de la noblesse et flattait celui des classes moyennes, elle suscita d'ailleurs une chanson populaire « la bela Gigogin ».

Autre hésitation historique sur le rôle de Cavour que les uns considèrent favorable à cette union qui faisait plaisir au roi en laissant le ministre plus libre de ses mouvements, alors que d’autres insistent sur les réticences de ce dernier en particulier lorsque l’on découvrit que la » belle Rosine » trompait son amant (ce qui en soi n’était que justice puisque le libertinage de celui-ci fut constamment souligné dans toutes les chancelleries et dans tous les salons).

Alors que le prince puis roi Humbert ne cessa de manifester une froide réserve vis à vis de ses demi-frères et sœur, Clotilde (156) et Victor-Amédée d’Aoste se montrèrent plus favorables à leur égard.


 

ILDEVILLE H. d’ : il re, il conte et la Rosina . Milan, 1996

GoNTIER M. : La Bela Rosin, fille du tambour major. Pignerol. 2001. 176 p.