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Table de matières (iBook)

LES PRINCESSES DE SAVOIE
DES ALPES A L’EUROPE

Table des matières

I/ AVANT-PROPOS
a) - INTRODUCTION
b) UNE LONGUE HISTOIRE
c) LE TRAFIC DES PRINCESSES
d)  LA MAISON DE SAVOIE

II/ LES PRINCES SOUVERAINS DE SAVOIE
a) LES COUPLES
b) LES COMTES
c) LES DUCS
d) LES ROIS DE PIEMONT
e) LES ROIS D'ITALIE
f) LES SOUVERAINES

III/ SYMBOLES, CHATEAUX ET PALAIS

1) Réconstitution du château d'Avigliana (Val de Suse) XII-XIII° s. Pour dominer le passage du Mont Cenis les Savoie aménagent des lignes de fortifications.
1) Réconstitution du château d'Avigliana (Val de Suse) XII-XIII° s. Pour dominer le passage du Mont Cenis les Savoie aménagent des lignes de fortifications.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2) Château de Thomas II (XIII° s.), entre la Leysse et le lac du Bourget, le charme de l'eau.
2) Château de Thomas II (XIII° s.), entre la Leysse et le lac du Bourget, le charme de l'eau.

 

3) Château comtal et ducal de Chambery. (XIII° - XVI° s.), un château fort qui découvre le luxe dès le XV° siècle, deux incendies ont failli le détruire aux XVII° et XVIII° siècle, il a été sauvé par l"administration.
3a) Château comtal et ducal de Chambery. (XIII° - XVI° s.), un château fort qui découvre le luxe dès le XV° siècle, deux incendies ont failli le détruire aux XVII° et XVIII° siècle, il a été sauvé par l"administration.
3b) Le château turinois dit "Fibellona" actuellement palais Madame avant son réaménagement de XVII° s.
3b) Le château turinois dit "Fibellona" actuellement palais Madame avant son réaménagement de XVII° s.
3c) Castello di Ivrea (architecture médivale typique des Etats de Savoie), une partie de château à été incendié au XVII° s.
3c) Castello di Ivrea (architecture médivale typique des Etats de Savoie), une partie de château à été incendié au XVII° s.
3d) BLANCHE DE MONTFERRAT revevant Charles VIII de France - 1
3d) BLANCHE DE MONTFERRAT revevant à Turin Charles VIII de France au palais Madame.
3e) Chateau de Sarre oeuvre de XV° s pour surveiller le Grand Saint Bernard.
3e) Chateau de Sarre oeuvre de XV° s pour surveiller le Grand Saint Bernard.
4) Château de Ripaille, entre Thonon et Genève, sur les bords du Léman (XV° s.) ; devenu duc Amédée VIII, hésite entre la tradition monastique et l'intérêt d'un manoir de plaisance.
4a) Château de Ripaille, entre Thonon et Genève, sur les bords du Léman (XV° s.) ; devenu duc Amédée VIII, hésite entre la tradition monastique et l'intérêt d'un manoir de plaisance.
4b) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.
4b) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.
4bis) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.
4c) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.

 

Intégré dans les Etats de Savoie depuis le XIV° s., Turin devenu capitale deux siècles plus tard est centré sur le palais du Souverain sur la cathédrale voisine et sur la place centrale tout autour du palais de Marie-Jeanne Baptiste.
5) Intégré dans les Etats de Savoie depuis le XIV° s., Turin devenu capitale deux siècles plus tard est centré sur le palais du Souverain sur la cathédrale voisine et sur la place centrale tout autour du palais de Marie-Jeanne Baptiste.
6) Château du Valentino à Turin sur les rives du Po, l'influence française de la renaissance au début du XVII° s.
6) Château du Valentino à Turin sur les rives du Po, l'influence française de la renaissance au début du XVII° s.

 

7) Château d'Aglié, les ducs découvrent le charme du Canavese (XVII° s.).
7) Château d'Aglié, les ducs découvrent le charme du Canavese (XVII° s.).
8) Palais de la Venaria Reale dans les environs de Turin pour la satisfaction des chasses ducales dès le reigne de Charles Emanuel II. Inspirant les besoins et l'orgueil des autres souverains de la période.
8) Palais de la Venaria Reale dans les environs de Turin pour la satisfaction des chasses ducales dès le reigne de Charles Emanuel II. Inspirant les besoins et l'orgueil des autres souverains de la période.
Les princes baroques entendent concilier la splendeur des jardins et les beautés architecturales. Le Parc Royal (XVII° s.) sera détruit par Louis XIV.
9) Les princes baroques entendent concilier la splendeur des jardins et les beautés architecturales. Le Parc Royal (XVII° s.) sera détruit par Louis XIV.
10) Château de Rivoli entre le Mont Cenis et Turin. Un orgueil pour Victor Amédée II épargné de justesse par Louis XIV.
10) Château de Rivoli entre le Mont Cenis et Turin. Un orgueil pour Victor Amédée II épargné de justesse par Louis XIV.
A la gloire de la souveraine de Savoie, la Vigne de la Reine fait découvrir à la Cour les charmes de la campagne turinoise.
11) A la gloire de la souveraine de Savoie, la Vigne de la Reine fait découvrir à la Cour les charmes de la campagne turinoise.

 

12) Le château de Moncalieri la forteresse de XV° s. à été remaniée et agrandie au XVII° s.
12a) Le château de Moncalieri la forteresse de XV° s. à été remaniée et agrandie au XVII° s.
12b) Dans la banlieue de Turin l'ancien château médiéval de Racconigi fût aménagé au XVII° s. par les Carignan et réaménagé au XIX° s. par Charles-Albert.
12b) Dans la banlieue de Turin l'ancien château médiéval de Racconigi fût aménagé au XVII° s. par les Carignan et réaménagé au XIX° s. par Charles-Albert.
13) Le château (de chasse) de Stupinigi, le chef d'oeuvre de Juvarra pour la passion de Victor-Amédée II.
13) Le château (de chasse) de Stupinigi, le chef d'oeuvre de Juvarra pour la passion de Victor-Amédée II.
14) Charles Felix achète le château de Govone, dont il fait une résidence d'été célèbre par ses jardins.
14a) Charles Felix achète le château de Govone, dont il fait une résidence d'été célèbre par ses jardins.
14b) Palais royal de Charles-Albert au début de XIX° s. avec par derrière la Coupole du Saint Suaire.
14b) Palais royal de Charles-Albert au début de XIX° s. avec par derrière la Coupole du Saint Suaire.
15) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
15) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
15b) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
15b) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
16) L'ancien palais pontifical est devenu en 1870 palais de nouvel Etat Italien résidence normal du Roi, le Pape allant s'installer au Vatican.
16) L'ancien palais pontifical du Latran est devenu en 1870 palais de nouvel Etat Italien résidence normal du Roi, le Pape allant s'installer au Vatican.

IV/ LES FAMILLES CADETTES

a) Les premiers Savoie-Vaud du XII° au XIV°s (55 à 59) 5 Princesses et leurs filles

55 - ADELINE DE LORRAINE ( ?- 1281) fille de Mathieu de Lorraine, première épouse de Louis I baron de Vaud (1250-1302) fils de Thomas 2 (de Flandre), frère du comte de Savoie Amédée V.

56 - JEANNE DE MONFORT (1250-1300) fille de Philippe de Montfort, épouse Guy VI de Forez puis seconde épouse de Louis I° de Vaud

57 - LAURE DE FOREZ (1275-1334) , fille de Louis I° épouse Jean I° de Forez

58 - ISABELLE DE CHALON (morte en 1352) fille de Jean I° de Bourgogne , épouse Louis II 2° baron de Vaud (1269-1348) fils de Louis I°

59 - CATHERINE DE VAUD (morte en 1388), fille de Louis II , épouse Azzone Visconti puis Raoul II de Brienne et enfin Guillaume I° de Namur

 B)La branche principale des Savoie Vaud-Achaïe du XIII° au XV°s  (60 à 69) 11 Princesses et leurs filles

Ville de la province de Coni, patrie du "panetone" et de "colombo cuore d'oro". Le château de Coni (Cuneo) date du début du XIV° s.  et resta aux mains des Achaïe pendant un siècle. Typique du style médieval piémontais avec ses tours et sa cour intérieure, le château est surtout célèbre pour avoir abrité Bonne de Savoie (67) veuve de Gian Galeazzo Maria Sforza.

La famille « cadette » de Savoie-Achaie s’étend (elle aussi) sur un siècle (début XIV- début XV° s) et se caractérise par une influence et une activité intenses qui se sont pourtant terminées par un retour apaisé à la ligne de la branche aînée. Les Savoie -AchaÏe représentent certes cette tentative des Savoie de prendre eux aussi pied en Orient , politique grandiose qui a dépassé ses auteurs qui n’avaient pas les moyens de leur politique devant leurs concurrents (Anjou, Venise, Gènes, Paléologue) ; cependant ils sont aussi (et bien plus facilement et efficacement) les artisans du Piémont moderne auquel ils ont donné au delà du morcellement féodal les premières structures unitaires au point d’en faire dès la fin du XV° siècle le pivot réel et solide de l’Etat savoyard.

Tout a commencé à la suite de la 4° croisade et de la chute de l’empire byzantin lorsque la communauté d’Achaïe (ou de Morée) passe des Anjou à Philippe de Savoie ? par l’intermédiaire d’Isabelle de Villehardouin (61), cependant si la principauté grecque fut vite perdue, l’appellation resta. Tout se termina mal puisque les divisions familiales aboutirent à l’impasse d’une famille sans héritier mâle donc revenant presque miraculeusement en 1418 à la branche aînée des Savoie pour la plus grande gloire du premier duc Amédée VIII ?


60 - GUYOTTE DE BOURGOGNE (1248-1316) fille de Hughes de Bourgogne (1220-1266), épouse de Thomas III ( ?)  fils de Thomas II (1248-1259-1282).


61 - ISABELLE D’ACHAIE (1259-1312) ; fille de Guillaume II de Villehardouin(1211-1278), elle épouse Philippe 1° de Savoie - Achaïe(,?)  fils de Thomas III ( 1278-1282-1341)


62 - CATHERINE DE VIENNE (morte en 1337) fille d’Humbert I° de La Tour du PIn (1235-1307) , seconde épouse de Philippe 1°)


63 - BEATRICE DE MODENE (morte en 1339) fille de Renaud 2 de Modène , épouse de Jacques de Savoie-Achaïe ( ?) fils de Philippe 1°, (1315-1334-1367)


64 - SIBILLE DES BAUX (morte en 1362), fille de Raymond del Balzo mort en 1312, seconde épouse de Jacques d’Achaïe (1315-1334,-1367)


65 - MARGUERITE DE BERZAY-BEAUJEU (1346-1402) fille d’Edouard de Montpensier, (1316-1352) 3° épouse de Jacques d’Achaîe (1315-1334-1367)


66 - ALIX DE THOIRE, épouse de Philippe II d’Achaïe fils de Jacques (1340-1368)


66A - CATHERINE DE GENEVE (morte en 1407) fille de Pierre de Genève, épouse d’Amédée (?) , fils de Jacques d’Achaie (1363-1368-1402)


67 - BONNE DE SAVOIE (1415 -1432)fille d’Amédée VII, épouse de Louis fils de Jacques (? 1364-1402-1418)


68 - MATHILDE (1390-1438) fille d’Amédée, épouse de Louis III de Wittelsbach dit « le barbu », électeur palatin du Rhin (1378-1436)


69 - MARGUERITE (bienheureuse) (1382-1464) fille d’Amédée , épouse du marquis Théodore II de Montferrat. (mort en 1418)



c) Les Savoie-Nemours du XVI° au XVII°s (106 à 112) 7 Princesses et leurs héritières

 Les Nemours sont le dernier exemple du danger des apanages toujours tentés par la possibilité d’un séparatisme définitif. Certes leur habileté politique et leurs talents de gestion donnèrent à la province du Genevois un éclat particulier ( qui explique le succès de cette famille dans les recherches des historiens de la région ) mais leur importance découle aussi de leur rôle à la cour de France en profitant de leur parenté royale et aussi de leurs relations avec les Guise dans le clan ultra-catholique. Durant presque deux siècles ( du début du XVI° à la toute fin du XVII° ), les Nemours apparaissent au premier plan de l’histoire de France dans les guerres de religion comme durant la fronde en lien direct et étroit avec la famille royale mais aussi avec les princes du sang ( Gondi et Condé). Bien sûr l’histoire ne leur permit pas de durer et ils durent renoncer aussi bien à leur province du Genevois qu’à leurs droits sur Neuchâtel. Ce qui aurait pu très mal se terminer, connut en fait une issue tranquille permettant à la branche aînée de la Maison de Savoie de s’imposer sur une branche cadette qui de Philippe de Savoie à la duchesse Marie-Jeanne-Baptiste (105) avait pensé lier son sort à celui de la Maison de France……

AVEZOU R.: Les apanages de Genevois et de Genevois- Nemours, Revue Annesci 12. 1965.

DUCIS.  C.A. : Les ducs de Genevois de la Maison de Savoie, Revue savoisienne 1877 p. 89-90

GRANDCHAMP G. :.: Louis XIII et Richelieu à Annecy et les fourberies des Savoie-Nemours. Revue savoisienne 1961.p. 308-318.

GREYFIE DE BELLECOMBE, Les ducs de Nemours de la Maison de Savoie. Mémoires Académie de Savoie 5° série t 6. 1928. p.139-162 et Chambéry, 1928

HERLEMONT-ZORITCHAK N.. : Les ducs de Genevois-Nemours entre soumission et rébellion. Etudes Savoisiennes, 1996-1997. N°5-6. p.. 85-121.

PERRILLAT L. :: L‘apanage de Genevois au XVI-XVII° siècle. Mémoires de l’Académie salésienne. 112. 2006. 2 vol. 540 p.


106 - CHARLOTTE D’ORLEANS-LONGUEVILLE (1512-1549) fille de Louis d’Orléans , épouse en 1528 Philippe 1° de Savoie, I°duc de Nemours (1490-1533) fils du duc  de Savoie , Philippe II « sans terre »(1443-1497)


 

107 - ANNE d’ESTE (1531-1607) fille du duc Hercule de Ferrare épouse en 1568 Jacques de Savoie-Nemours (1531-1585) , 2° duc, fils de Philippe 1°.


 

108 - JEANNE DE SAVOIE-NEMOURS ( 1532-1568) fille de Philippe épouse en 1565 en 2° noces Nicolas de Lorraine-Mercoeur ( 1524-1577)


109 - ANNE DE LORRAINE (1600-1638) épouse en 1618 Henri I° de Savoie-Nemours (1572-1638) 4° duc fils de Jacques (1531-1585) 2°duc


110 - ELISABETH DE BOURBON-VENDOME (1614-1664) épouse en 1643 Charles-Amédée 6° duc de Savoie-Nemours (1624-1652) fils d’Henri I°(1572-1632) 4°duc de Savoie-Nemours


111 - MARIE-ANNE D’ORLEANS (1625-1707) épouse en 1625 Henri de Savoie-Nemours (1525-1658)


112 - MARIE-FRANCOISE (1646-1683) fille de Charles-Amédée, épouse en 1686 Alphonse de Portugal (1643-1683) et en 1668 son beau-frère Pierre II de Portugal ( 1648-1706)



d) Les Savoie-Tende du XVI° au XVII°s (113 à 120) 12 Princesses et leurs héritières

Quelle belle destinée que celle de René (1473-1525) fils illégitime de Philippe sans Terre (1438-1497) ! il faut dire qu’il eut de la chance d’être légitimé à l’âge de vingt ans au double moment décisif de l’accession de son père au trône ducal de Savoie et de son propre mariage avec Anne (1487-1554) la belle héritière des Lascaris, comtes de Tende et de Vintimille détenteurs d’un fief essentiel pour les relations entre le Piémont et le comté de Nice. Malgré lui, le grand « bastard de Savoie » passa du service familial à celui de la France où il réussit à faire une belle carrière dont profitèrent ses descendants pendant un petit siècle sur trois générations. lls surent mieux marier leurs filles que se trouver pour eux mêmes de grands, beaux et utiles partis , ce qui explique peut-être leur succès mais aussi leur fragilité

Très puissants dans toute la France du sud de la Guyenne au Languedoc et à la Provence, les « Tende » savent s’insinuer dans la guerre civile opposant les Guise et les Montmorency, donnant d’abord leur faveur aux seconds avant de rallier les premiers, opérant d’ailleurs la même versatilité entre les catholiques et les protestants (au prix parfois de leurs vies) comme entre les maisons de France et de Savoie (cette dernière profitant néanmoins pleinement de ces habiles intermédiaires , qui lui permettent de s’emparer enfin de cette enclave bien gênante qu’est Tende entre le Comté de Nice et le Piémont.

la famille s’éteint officiellement à la toute fin du XVI° siècle , Claude et Honoré les deux fils de René de Tende fondateur de la famille , n’ayant pas eu de lignées durables.

GIOFFREDO P. : Storia delle Alpi maritime. Storia Monumenta historiae patriae (Turin, 1839)

PANISE- PASSIS ( comte de ) ) Les comtes de Tende de la maison de Savoie / - Paris :,1889. - 386 p.,

113 - ANNE DE LASCARIS-VINTIMILLE (1487-1554) fille de Jean-Antoine, comte de Tende , épouse en 1498 René de Savoie (1468-1525) fils du duc Philippe II « sans terre ».(1443-1497)

114 - MADELEINE DE SAVOIE-TENDE ( 1510-1586) fille de René , épouse en 1527 Le connétable Anne de Montmorency ( 1491-1567)

115 - MARGUERITE DE SAVOIE-TENDE ( 1530-1591) fille de René épouse en 1536 Antoine de Luxembourg (1530-1557)

116 - Marie de Chabanne de La Palisse (1515-1538) fille du maréchal Jacques de Chabanne, épouse en 1533 de Claude Savoie-Tende, fils de René ( 1507-1566)

116A - FRANCOISE DE FOIX CANDALE ( + 1591 ) seconde épouse en 1539 de Claude de Savoie-Tende ( 1507-1557)

117 - Renée de Savoie-Tende (1535-1562) fille de Claude épouse en 1554 Jacques d’Urfé (1534-1574)

117A - JEANNE FRANCOISE DE FOIX ( +1542) fille d’Alain de Foix-Castillon épouse en 1540 Honorat II (1511 ?-1580) fils de René

118 - CLAUDE STROZZI (+ 1567) fille du condottiere florentin, premiere épouse en 1557 de Honorat III de Savoie-Tende (1538-1572) fils de Claude

118A - MADELEINE DE LA TOUR D’AUVERGNE 1556-1581) seconde épouse en 1572 de Honorat III de Savoie-Tende

119 - ISABELLE (1511 - ?) fille de René épouse en 1527 de Henry de Bastarnay

120 - Henriette de Savoie-Tende ( 1540-1611)fille de Honorat II épouse en secondes noces en 1576 de Charles de Lorrraine-Mayenne ( 1553-1611)



e) Les Savoie-Carignan du XVII° au XVIII°s (121 au 134) 14 Princesses et leurs héritières

I - Généralités

La famille Carignan est la seule branche cadette de la Maison de Savoie à avoir pleinement réussi puisqu’elle est parvenue à ses fins, c’est à dire accéder au trône en 1831 (par hasard certes mais en satisfaction d’un désir remontant juste à deux siècles auparavant, promotion à laquelle les autres branches ( Vaud, Achaie, Tende, Nemours, Aoste) n’ont pu arriver …

A la différence de son père et même de son grand père, Charles-Emmanuel I° s’est caractérisé par une nombreuse famille (légitime et illégitime) , il s’attacha tout particulièrement à son fils Thomas fort d’un esprit actif et plein d’initiatives auquel il fit don en 1620 du fief de Carignan (au sud de Turin) et qu’il envoya en dépit de son jeune âge comme ambassadeur à Paris . C’est là que le jeune homme se lia avec une héritière de la grande famille des Bourbon rattachée à la famille royale mais notons que Marie de Bourbon était née Montafié d’une grande famille piémontaise justement installée à Carignan, mariage décisif car Marie  (1606-1692) allait diriger la famille Carignan pendant presque tout le siècle. Elle eut aussi l’intérêt de rattacher la famille naissante des Carignan à la famille de Savoie-Nemours en voie d’extinction puisqu’elle était la propre sœur de Anne-Marie d’Orléans-Longueville dernière duchesse de Savoie-Nemours….

 La famille originelle et originale

Thomas s’afficha très tôt hostile à la politique de Richelieu et de ce fait à sa belle sœur, la célèbre Chrétienne de France , fille de roi (Henri IV) et sœur de reine ( Henriette d’Angleterre) , qui avait très vite manifesté son mépris pour sa belle-famille surtout après la mort de son mari Victor-Amédée I° (en 1637) et son accession au titre prometteur de régente, ce qui ne pouvait qu’exacerber ses beaux frères et belles sœurs qui passèrent vite de la réticence à la résistance, révolte imprégnée d’esprit nobiliaire qui anticipe à Turin la fronde parisienne de 1648. Prudente, Christine dut quitter le Piémont et se réfugier en Savoie jugée plus fidèle et venir demander l’aide de son frère Louis XIII et de son célèbre et puissant ministre. Elle n’obtint guère satisfaction mais c’est néanmoins un corps français déjà installé en Piémont qui « reconquit » la province et permit à la duchesse d’y revenir pour traiter enfin avec sa belle-famille. En 1642 au prix du pardon de la souveraine, Maurice de Carignan quitte la prêtrise pour épouser la propre fille de Christine , donc Louise-Christine sa nièce bien plus jeune que lui , ce qui lui vaudra de passer gouverneur de Nice et prince d’Oneglia. Quant à Thomas, il passa gouverneur d’Ivrée ( ayant été gouverneur de Savoie, il connaissait la fonction même s’il ne s’y intéressa guère) en tous les cas rompant avec ses alliés espagnols, il revint au camp français , apportant à Mazarin l’aide puis l’intégration de son régiment particulier ( qui prit le nom de Carignan- Sallières) . Prudent néanmoins il revint vivre à Paris où il s’installa dans l’hôtel de sa femme, devenu le célèbre hôtel de Soissons puisque Marie avait hérité de son frère le comté de Soissons qui devint le titre principal de son fils cadet. Passant en fait au service français Thomas prudemment ne prit aucune part à la Fronde, préférant faire campagne en Flandre et surtout en Piémont pour aider officiellement Christine et ses enfants.

A sa mort en 1656, Thomas laissa à son épouse une fille Louise-Christine (1627-1689) un fils aîné Emmanuel-Philibert (1628- 1709, 2° prince de Carignan) et un cadet Eugène Maurice (1633-1673, I°comte de Soissons) Louise-Christine, jeune idole du « tout Paris «  épousa François-Maximilien prince de Bade, (1625-1669) qu’elle lia à sa vie mondaine parisienne , mais l’arrivée d’un fils en 1655 accentua la fureur du margrave son beau père, qui obligea son fils à revenir au pays et qui favorisa aussi l’ enlèvement du petit Louis-Guillaume ( 1655 -17O7) . Louise-Christine resta seule à Paris et ne revit jamais son mari ni son fils que l’on regretta d’autant plus qu’ils firent tous deux de brillantes carrières dans les armées Habsbourg.


II - Les Soissons ( la tentation des femmes et des Habsbourg) - (121 - 125)

Eugéne-Maurice (1633-1673)fut au demeurant un homme sérieux était néanmoins sans grande personnalité ni intelligence, gouverneur de la Champagne et du Bourbonnais, ambassadeur à Londres , officier valeureux, colonel des Suisses, il mourut jeune à 40 ans en Westphalie Il fut fort seulement de son mariage avec Olympe Mancini (1639-1708), la belle et active nièce du cardinal Mazarin , célèbre pour avoir été comme sa sœur Marie, une des premières affection amoureuse (malheureuses bien sûr) du jeune Louis XV . Active, affairiste, sensuelle elle eut certes les faveurs de la cour mais ses intrigues accentuées encore par son veuvage la firent accuser d’avoir participé à la célèbre « affaire des Poisons «  en empoisonnant l’ex-amie du roi, Louise de la Vallière, mais aussi son propre mari et pourquoi pas la propre belle-sœur de Louis XIV, Henriette d’Orléans Prudente elle s’exila à Bruxelles en 1680 passant dès lors presque les trente dernières années de sa vie à voyager et à intriguer .

Ce curieux ménage n’en eut pas moins de huit enfants laissés de fait à leur sort ( ou ) aux soins de leur grand-mère Carignan-Bourbon. Trois garçons et trois filles eurent de médiocres destinée ( nuançons pour le « chevalier de Savoie » Philippe qui , à 20 ans, assassina un amant de sa tante Hortense Mancini ) à la différence de leurs frères Eugéne et Louis-Thomas.

Nous ne nous attarderons pas trop ici sur le célèbre « prince Eugène « ( 1663-1736) maintes fois décrit et célébré. Retenons cependant que refusant de devenir prêtre comme l’y pressait Louis XIV et se vexant de voir le roi si peu soutenir son ambition militaire , il quitta la France (au moment même où éclatait le scandale de sa mère) pour rejoindre son oncle et son cousin de Bade dans le camp Habsbourg où il se fit rapidement remarquer dès 1683 en défendant Vienne contre les Turcs. Chef de guerre actif, valeureux et tenace, grimpant progressivement dans la hiérarchie militaire habsbourg, on le voit pendant une quarantaine d’années lutter contre les Français (en Allemagne du Sud avec le duc de Malborough pour s’imposer à la célèbre bataille de Blenheim en 1704 ou en Piémont en 1706 à Turin pour défendre son cousin Victor-Amédée II ) mais aussi contre les Turcs auxquels il reprend la Hongrie , Belgrade et la Serbie ce qui lui valut bien sûr d’un côté la reconnaissance des Hongrois ainsi « libérés » mais aussi leur amertume de se voir tombés malgré eux sous la domination habsbourg…. . Passionné d’art , devenu tout puissant mais toujours discret sur lui-même , Eugène fut une des figures européennes les plus célèbres de son époque dont la France ne cesse de regretter l’exil ( dénonçant l’erreur fatale du mépris de Louis XIV ou au contraire selon d’autres la « trahison » de cet « aventurier » ) .Cette complexité explique largement la richesse de l'historiographie de ce grand personnage : était-il ou non homosexuel ? eut-il conscience d'être un défenseur des Habsbourg ou un nouveau croisé conscient de la "libération" de l'Europe centrale ?

Eugéne avait été rejoint dans son « transfert » par son frère aîné, le second comte de Soissons, Louis-Thomas (1657-1702) que Saint-Simon nous décrit méchamment : «  C'était un homme de peu de génie, fort adonné à ses plaisirs, panier percé qui empruntait volontiers et ne rendait guère. Sa naissance le mettait en bonne compagnie, son goût en mauvaise. À vingt-cinq ans (en 1682), amoureux fou de la fille bâtarde de La Cropte-Beauvais,(1655-1717) écuyer de M. Prince (de Condé) le héros, il l'épousa au désespoir de la princesse de Carignan, sa grand'mère, et de toute sa parenté. Elle était belle comme le plus beau jour, et vertueuse, brune, avec ces grands traits qu'on peint aux sultanes et à ces beautés romaines, grande, l'air noble, doux, engageant, avec peu ou point d'esprit. Elle surprit à la cour par l'éclat de ses charmes qui firent en quelque manière pardonner presque au comte de Soissons; l'un et l'autre doux et fort polis.


.On a vu en son temps comment le comte de Soissons était sorti de France, et comment il avait été rebuté partout où il avait offert ses services. Ne sachant plus où donner de la tête, il eut recours à son cadet le prince Eugène et à son cousin le prince Louis de Bade, qui le firent entrer au service de l'empereur, où il fut tué presque aussitôt après. Sa femme, qui fut inconsolable et qui était encore belle à surprendre, se retira en Savoie ( ?????) dans un couvent éloigné de Turin où M. de Savoie enfin voulut bien la souffrir. Leurs enfants, dont le prince Eugène voulait faire les siens, sont tous morts à la fleur de leur âge, en sorte que le prince Eugène, qui avait deux abbayes et n'a point été marié, a fini cette branche « 

Louis-Thomas eut en fait deux enfants passés eux aussi à Vienne près de leur oncle. Un fils Emmanuel (1687-1729) 3° et dernier comte de Soissons épousa la richissime Marie-Thérèse de Liechtenstein mais cette union courte suivie d’un héritier décédé lui aussi jeune et sans enfant clôtura la branche des Carignan-Soissons. Victoire, sa sœur (1683-1763) elle aussi n’eut pas d’héritier, célèbre par son mauvais caractère, elle a 55 ans quand en 1738 elle épouse un lieutenant de son oncle : Frédéric de Saxe-Hildurghausen, de 19 ans son cadet, qui lorgnait de fait l’énorme fortune transmise par  le prince Eugène  à sa nièce et seule héritière. Rien ne se déroula comme convenu car le couple se sépara en 1752 n’ayant rien gardé du grand général puisque l’empereur Léopold se fit « restituer » ses châteaux et ses livres, le reste ( les tableaux et dessins ) passant à Turin aux mains du roi Charles-Emmanuel III et actuellement à la galleria Sabauda)


  1. (MARIE DE BOURBON-SOISSONS ,

princesse de Carignan   (16O6-1692)

Marie était la fille du second mariage du prince du sang, ’Henri II d’’Orléans-Longueville ( 1596-1663)») avec

Anne-Geneviève de Bourbon-Soissons (1617-1679) , sœur du grand Condé, cousine de la première épouse de son vieux mari , qui «  sous le nom de Mme de Longueville a fait tant de bruit dans le monde, et tant figuré dans la minorité de Louis XIV. «  ( Saint-Simon) Anne était l’arrière-petille-fille du connétable Anne de Montmorency (donc liée à la famille des Savoie-Tende, connue surtout pour avoir été la maîtresse de François de La Rochefoucauld , l’auteur des « Maximes »

Marie était aussi la demi-sœur de Anne-Marie d’Orléans-Longueville,(111) fille du premier mariage de son père et dernière princesse de Savoie-Nemours avec qui elle entretint des relations chaotiques du fait des donations de cette dernière (sans enfants) aux frères de Marie, en particulier Louis de Soissons et surtout au fils de ce dernier le « bâtard » Louis-Henri de Bourbon, au détriment du reste de la famille.

En 1625, Marie de Bourbon- Soissons épouse  Thomas de Carignan (1596-1658) fils cadet du duc Charles-Emmanuel venu à Paris représenter son père, Son époux essaya vainement de l’installer à Turin (et même à Madrid) mais elle n’en finit pas moins sa longue vie en France comme sa sœur

Par les Longueville, les Carignan se retrouvaient ainsi liés dès leurs origines avec les Nemours en voie d’extinction

Marie était un des meilleurs partis de la cour de France, Son père Charles de Bourbon-Condé ( 1566-1612) était prince du sang, comte de Soissons et de Dreux, gouverneur du Dauphiné et de Normandie, il avait épousé Anne de Montafie issue d’une noble famille piémontaise qui servit certainement d’intermédiaire entre les Bourbon et les Carignan lors de l’occupation du Piémont sous Henri II . Par sa grand mère et par sa sœur, Marie était étroitement liée aux Bourbon-Condé et aux Orléans-Longueville ( dont Agnès de Savoie avait été à l’origine, cf 78) et par ces derniers aux Savoie-Nemours ( avec Charlotte -106 et Anne-Marie -111) et en plus une de ses tantes était une Lorraine-Guise. Bref l’union était bien montée d’autant que Charles-Emmanuel I° continuait à se lier toujours davantage avec la maison de France .

Marie est d’abord destinée au couvent d’où on la sort pour épouser en 1625 Thomas de Carignan (1596-1658) neuvième fils de Charles-Emmanuel I°, frère du futur duc Victor-Amédée I° et du cardinal Maurice, alors ambassadeur de son père à Paris. Il s’agit alors de négocier une nouvelle alliance et le mariage de son frère, le prince héritier, avec la dernière fille de la reine Marie de Médicis… , bref un grand mariage à la hauteur de la diplomatie du duc de Savoie , de l’ambition de son fils et du souci de prestige des Bourbon.

Marie s’ installe à Turin où elle s’oppose rapidement par jalousie et par dépit à sa belle-sœur (et cousine) Christine de France , d’où un jeu serré d’intrigues et de manœuvres en faveur bien sûr de Thomas contre le prince héritier Victor-Amédée (futur Victor-Amédée I°) dont la disparition va accentuer les divisions de la cour de Savoie et en particulier du fait de la rupture officielle des Carignan avec la régente en 1638-39, ce qui l’amène à partir à Madrid chez les alliés espagnols de son mari, mais à y être bientôt sinon emprisonnée du moins « retenue » lorsque le versatile prince se rapproche de la France . Pas question pour Marie de cohabiter à Turin avec la duchesse Christine d’autant qu’elle vient d’hériter du comté de Soissons et à Paris du somptueux hôtel du même nom suite à la mort en 1641 de son frère le comte Louis de Soissons, le célèbre grand ennemi de Richelieu tué à la bataille de Sedan et qu’il fallait enfin profiter de la faveur royale ( Thomas ayant obtenu comme prix de son ralliement le droit prestigieux de passer protocolairement juste après les princes du sang ainsi que la charge de grand-maître de la Maison du Roi en remplacement des Condé punis pour être restés fidèles aux Espagnols) .

Du fait des incessantes absences de son époux ( mort en Piémont en 1658) elle apparaît rapidement comme une grande figure de la vie parisienne et une fois devenue veuve elle s’impose comme chef réel de la famille de ses enfants et petits enfants, non sans problème puisqu’elle accusait sa belle-fille Olympe (123) d’avoir empoisonné son mari et d’avoir abandonné ses enfants en souffrant aussi de la « trahison » de ses petits- fils Eugène et Louis-Guillaume ( 122)

Elle mit au monde quatre fils (deux eurent une descendance : Eugène-Maurice (I° comte de Carignan-Soissons , 1633-1673 cf 123) et Emmanuel-Philibert ( 2° prince de Carignan, 1628-1709, qui sourd et muet fut la grande angoisse de ses parents, cf 124 ) plus deux filles : Louise (122, qu’elle sut garder auprès d’elle ) et Christinemorte en bas âge) .

Le passage ( ou la trahison) d’une partie de sa famille dans le camp habsbourg l’affecta bien sûr même si elle veilla à n’en point trop souffrir d’autant qu’elle finit sa vie alitée mais sans renoncer à ses réceptions «  laide mais de grande mine , de l’esprit, bonne femme, et tres libérale » ( Mme de Montpensier ) , » une grande santé qui tenait du prodige et toujours uniforme, toute sa tête, et beaucoup d’esprit , de grandeur et de considération …. » ( Saint-Simon) . Il n’empêche qu’elle mourut à 86 ans tristement et inévitablement désillusionnée car éloignée d’un de ses fils établi à Turin, en ayant enterré ses autres enfants sans tirer satisfaction de ceux qui lui restaient en fait et en droit.

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122/ LOUISE-CHRISTINE,(1627-1689) margrave de Bade

Fille de Thomas de Savoie-Carignan (l’intriguant beau-frère de Christine de France) et de Marie de Bourbon-Condé ( 121)

Devenue par la célébrité de ses parents une des plus jeunes idoles du « tout Paris » de la régence d’Anne d’Autriche, Louis-Christine épouse en 1653 à Paris François (Ferdinand) -Maximilien de Bade-Bade (1625-1669) fils et héritier du margrave Guillaume.I° de Bade Remarquons à ce propos l’importance des mariages « germaniques » des Savoie en ce milieu du XVII° siècle puisque quatre ans avant Louise-Christine, sa cousine Henriette-Adélaide avait épousé l’électeur de Bavière, ces deux alliances révélaient le génie de leur vrai inspirateur Mazarin qui, sut admirablement jouer en géopolitique mais aussi dans le souci d’équilibre et de parallélisme des branches familiales dans les clans qui le concernaient.

Le jeune couple fut initialement assez heureux et brillant au point que la jeune princesse ne put admettre de quitter la capitale du royaume de France (mais aussi sa mère -121- de plus en plus décidée à être le chef de la famille du fait des absences du prince Thomas ) et réussit même à en convaincre son mari.

La naissance d’un fils : Louis, en 1655 aggrava encore la crise car le margrave Guillaume, âgé et soucieux de sa succession, ne put admettre les absences et l’éloignement de ses héritiers d’où le scandale de la séparation des jeunes époux et de rapatriement presque forcé en Allemagne du bébé à peine âgé de trois ans par son père « médiocrement content de sa femme » . François-Ferdinand ne tira guère profit de son retour puisqu’il mourut en 1669 d’un accident de chasse à Heidelberg juste avant d’être intronisé à la tête de sa principauté.

Louise-Christine ne put récupérer son fils Louis-Guillaume de Bade-Bade ( 1655-1707) resté en Allemagne sous l’influence de sa grand-mère (en fait la seconde épouse du margrave Guillaume  mort en 1677 ) , elle n’en resta pas moins une grande figure parisienne liée à l’hôtel de Soissons de sa mère qu’elle précéda de trois ans dans la mort. Elle eut le temps de voir (de s’enorgueillir d’un côté mais aussi de regretter) les victoires de son mari et de son fils qui , sous l’influence de son neveu le prince Eugène, firent de belles carrières dans les armées Habsbourg ( surtout son fils dans la reconquête de la Hongrie en 1687-1689)


123 - OLYMPE MANCINI (1639-1708)

la fille de Michele Mancini et de Geronima Mazarini ( sœur du cardinal Mazarin) .avait été amenée en France en 1647 à l’invitation de son oncle et protecteur devenu bientôt de fait premier ministre à la mort de Richelieu….

sa sœur cadette Hortense (1646-1699) , considérée comme une des plus belles femmes de son siècle, s’était illustrée par son succès dans les cours européennes, Charles II d’Angleterre et Charles-Emmanuel II de Savoie la demandèrent en mariage mais le cardinal l’obligea à épouser en 1661 le duc de la Meilleraie , d’où ses fuites en 1668 puis en 1672 en Savoie où elle resta trois ans sous la protection de Charles-Emmanuel qui se garda bien néanmoins de l’inviter à Turin ( elle passa ensuite en Angleterre )

Forte de ses beaux et grands yeux, Olympe a été courtisée par Louis XIV mais Anne d’Autriche et le cardinal s’y opposent et la poussent en 1657 à se marier avec le prince Eugène-Maurice de Savoie-Carignan ( 1633-1673), certes le jeune époux n’a guère de personnalité mais fort de son amitié (et de sa passivité) avec le roi, il reçoit en 1662 le duché-pairie d’Ivoy en Ardennes rebaptisé Carignan et devient successivement gouverneur du Bourbonnais, de Champagne et ambassadeur à Londres avant de passer dans l’armée ce qui ne lui réussit guère puisqu’il meurt bientôt en Westphalie en 1673

il avait eu le temps de donner à sa femme cinq enfants ( cinq garçons) Louis (que l’on a considéré comme un fils naturel de Louis XIV, 1657-1702) , Louis- Jules ( dit « le chevalier de Savoie  ou de Soissons »1660-1683) , Emmanuel-Philibert « le comte de Dreux » 1662-1676) , Eugène (le généralissime au service des Habsbourg, 1663-1736) et Philippe (1659-1693, qui s’illustra en tuant en duel le baron de Banier, l’amant suédois de sa tante Hortense en 1683 ).

Même mariée, Olympe fut très jalouse de la passion de Louis XIV pour sa sœur Marie en 1658, mais elle ne partagea pas sa disgrâce et resta en France pour mieux tomber néanmoins dans les intrigues de la cour (d’où son appui puis son hostilité à Louise de la Vallière et enfin sa mystérieuse participation éventuelle à l’affaire des poisons en 1679 avec la rumeur qu’elle avait empoisonné son mari en 1673. Le scandale provoque en 1680 son exil qui l’amène successivement dans les Pays Bas mais aussi en Espagne et en Angleterre toujours passionnée, toujours active, toujours affairée jusqu’à sa mort survenue finalement à Bruxelles loin des siens en 1708

Olympe marque la fin de l’éclat parisien des Carignan. Eugène quitte la France presque au moment même de l’exil de sa mère en 1680-83 emmenant dans sa suite ses frères Philippe et Louis-Jules mais aussi son oncle et son cousin de Bade.


124 - ANGELA-MARIA - CATERINA D’ ESTE-MODENE ( 1656- 1722), princesse de Carignan

Elle est  la fille de Borso (1605-1657) cadet de la famille ducale de Modène qui avait épousé sa cousine Hyppolite d’Este (1620-1656)

Elle épouse en 1684 Emmanuel-Philibert , 2° prince de Carignan (1628-1709),. Comment et pourquoi cette union avec un homme sourd et muet  bien plus âgé qu’elle ? Certes Emmanuel-Philibert se devait de s’établir à Turin pour y garantir les biens des Carignan mais normalement il n’avait dans sa situation guère de possibilité d’y trouver une épouse alors que son cousin Victor-Amédée II prince régnant n’avait pas encore d’enfant .

Ce mariage attira sur le « jeune ménage » les foudres de Louis XIV désireux de trouver un parti français à son cousin d’où l’obligation pour le couple sous le nom de marquis de la Chambre, de se retirer à Bologne et faire ensuite acte de soumission au roi de France pour revenir à Turin . Durant le siège de 1706, il fut tenu prisonnier par les Français et c’est sous la seule protection du duc de la Feuillade qu’il obtint de se retirer dans son château « rural » de Racconigi.

Emmanuel-Philibert était sourd et muet, ce qui avait beaucoup ému l’opinion à sa naissance même si sa mère Marie de Bourbon (121) avait réussi à lui faire apprendre à Madrid la technique de lire sur les lèvres de ses interlocuteurs. En dépit de son infirmité, le prince était intelligent, bien éduqué et passionné d’art ( c’est lui qui confia à l’architecte Guarino Guarini la construction du nouveau palais familial de Turin et le réaménagement de Racconigi )

En 1709, Angela resta donc veuve avec quatre enfants dont Victor-Amédée le 3° prince, Marie-Victoire ( 1687- 1763 qui épouse en 1721 Giuseppe Malabalia comte de Cercenasco) ; Isabelle-Louise qui eut trois mariage successifs (A Raparelli di Lagnasco, E. Cambiano di Ruffia et C. Bandrate de San Giorgio) , mais toujours active elle se retira avec ses enfants à Bologne, pour bien marquer sa volonté de ne pas rester sous l’influence de son royal et autoritaire cousin turinois et au contraire pour se rapprocher de sa famille de  Modène.


125 - VICTOIRE-FRANCOISE DE SAVOIE (1690-1766) dite « Mademoiselle de Suse »,

fille bâtarde de Victor-Amédée II et de Jeanne-Baptiste de Verrrue née de Luynes .

Madame de Verrue, la jeune et belle fille du duc de Luynes poussée par son mari, sa belle-famille et les appuis de la duchesse-mère, Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, avait succombé en 1689 aux avances de Victor-Amédée II d’où la naissance rapide de Victoire-Françoise très vite célèbre par sa grande beauté reçue de sa mère . Cependant tout se gâta très vite du fait des intrigues de la cour ( avec une tentative d’empoisonnement de la favorite), de la retraite forcée de la seconde "Madame Royale" Jeanne-Baptiste et d’une série de propos « infâmes » sur la cupidité de madame de Verrue ( accaparement d’une partie du trésor ducal) et ses soi-disantes activités d’espionnage. Madame de Verrue s’enfuit en 1700 laissant ses enfants au duc

Très belle et déjà consciente de son rang, la jeune Victoire avait refusé d’épouser lord Petersborough ambassadeur anglais à Turin

Elle épousa donc en 1714 à Moncalieri , Victor-Amédée 3° prince de Carignan (1690-1741) . Elle bénéficiait ainsi de la paix signée à Utrecht par laquelle son royal père s’était de fait réconcilié avec la France mais il fallut bientôt se rendre compte de la passion dévorante du jeu chez le nouveau marié rapidement couvert de dettes que le roi et sa mère poussèrent bientôt à regagner Paris pour profiter officiellement de l’hôtel de Soissons  confisqué par Louis XIV après les scandales d’Olympe et la « trahison » de son mari et dont la paix avait permis la restitution aux Carignan. Loin de se calmer le débauché transforma son palais en un « somptueux et ruineux tripot » qu’il prêta au dangereux spéculateur et banquier John Law qui aggrava encore la ruine du prince. Accumulant les imprudences, ce dernier nommé par le régent à la « surintendance des menus plaisirs » avait eu aussi la dangereuse ambition d’initier les Parisiens à l’opéra italien, ce qui était beaucoup leur demander d’où un retour de l’imprudent à Turin auprès d’un roi de plus en plus réticent pour l’aider et l’avènement de Charles-Emmanuel III en 1730 n’arrangea rien car le nouveau roi refusa de le soutenir plus longtemps. Il fallut donc revenir à Paris d’où de nouvelles et ruineuses dépenses somptuaires , de plus en plus de jeux et bientôt une mort en 1741 qui  fut en fait une délivrance…

En tous les cas, la pauvre Victoire ne fut pas épargnée pour autant car elle dut régler la ruine et les dettes de son mari , vendre l’hôtel de Soissons et ses collections et ne se sauvant que par l’aide de l’héritage de leur mère et par les amis bien placés qu’elle s’était faite depuis son retour en France .


CONCLUSION

 

 

Index
Bibliographie