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121 – MARIE DE BOURBON-SOISSONS (16O6-1692)

Princesse de Carignan (16O6-1692)

Painting_of_Marie_de_Bourbon,_Dowager_Princess_of_Carignano_in_circa_1650
Peinture de Marie de Bourbon (vers 1650).

Marie était la fille du second mariage du prince du sang, Henri II d’Orléans-Longueville (1596-1663) avec Anne-Geneviève de Bourbon-Soissons (1617-1679), sœur du grand Condé, cousine de la première épouse de son vieux mari , qui «  sous le nom de Mme de Longueville a fait tant de bruit dans le monde, et tant figuré dans la minorité de Louis XIV. «  ( Saint-Simon) Anne était l’arrière-petille-fille du connétable Anne de Montmorency (donc liée à la famille des Savoie-Tende, connue surtout pour avoir été la maîtresse de François de La Rochefoucauld, l’auteur des "Maximes".

Marie était aussi la demi-sœur de Anne-Marie d’Orléans-Longueville, (111) fille du premier mariage de son père et dernière princesse de Savoie-Nemours avec qui elle entretint des relations chaotiques du fait des donations de cette dernière (sans enfants) aux frères de Marie, en particulier Louis de Soissons et surtout au fils de ce dernier le « bâtard » Louis-Henri de Bourbon, au détriment du reste de la famille.

En 1625, Marie de Bourbon- Soissons épouse  Thomas de Carignan (1596-1658) fils cadet du duc Charles-Emmanuel venu à Paris représenter son père, Son époux essaya vainement de l’installer à Turin (et même à Madrid) mais elle n’en finit pas moins sa longue vie en France comme sa sœur.

Par les Longueville, les Carignan se retrouvaient ainsi liés dès leurs origines avec les Nemours en voie d’extinction.

Marie était un des meilleurs partis de la cour de France, Son père Charles de Bourbon-Condé (1566-1612) était prince du sang, comte de Soissons et de Dreux, gouverneur du Dauphiné et de Normandie, il avait épousé Anne de Montafie issue d’une noble famille piémontaise qui servit certainement d’intermédiaire entre les Bourbon et les Carignan lors de l’occupation du Piémont sous Henri II . Par sa grand mère et par sa sœur, Marie était étroitement liée aux Bourbon-Condé et aux Orléans-Longueville (dont Agnès de Savoie avait été à l’origine, cf 78) et par ces derniers aux Savoie-Nemours (avec Charlotte-106 et Anne-Marie-111) et en plus une de ses tantes était une Lorraine-Guise. Bref l’union était bien montée d’autant que Charles-Emmanuel I° continuait à se lier toujours davantage avec la maison de France.

Marie est d’abord destinée au couvent d’où on la sort pour épouser en 1625 Thomas de Carignan (1596-1658) neuvième fils de Charles-Emmanuel I°, frère du futur duc Victor-Amédée I° et du cardinal Maurice, alors ambassadeur de son père à Paris. Il s’agit alors de négocier une nouvelle alliance et le mariage de son frère, le prince héritier, avec la dernière fille de la reine Marie de Médicis… , bref un grand mariage à la hauteur de la diplomatie du duc de Savoie, de l’ambition de son fils et du souci de prestige des Bourbon.

Marie s’ installe à Turin où elle s’oppose rapidement par jalousie et par dépit à sa belle-sœur (et cousine) Christine de France, d’où un jeu serré d’intrigues et de manœuvres en faveur bien sûr de Thomas contre le prince héritier Victor-Amédée (futur Victor-Amédée I°) dont la disparition va accentuer les divisions de la cour de Savoie et en particulier du fait de la rupture officielle des Carignan avec la régente en 1638-39, ce qui l’amène à partir à Madrid chez les alliés espagnols de son mari, mais à y être bientôt sinon emprisonnée du moins « retenue » lorsque le versatile prince se rapproche de la France. Pas question pour Marie de cohabiter à Turin avec la duchesse Christine d’autant qu’elle vient d’hériter du comté de Soissons et à Paris du somptueux hôtel du même nom suite à la mort en 1641 de son frère le comte Louis de Soissons, le célèbre grand ennemi de Richelieu tué à la bataille de Sedan et qu’il fallait enfin profiter de la faveur royale (Thomas ayant obtenu comme prix de son ralliement le droit prestigieux de passer protocolairement juste après les princes du sang ainsi que la charge de grand-maître de la Maison du Roi en remplacement des Condé punis pour être restés fidèles aux Espagnols).

Du fait des incessantes absences de son époux (mort en Piémont en 1658) elle apparaît rapidement comme une grande figure de la vie parisienne et une fois devenue veuve elle s’impose comme chef réel de la famille de ses enfants et petits enfants, non sans problème puisqu’elle accusait sa belle-fille Olympe (123) d’avoir empoisonné son mari et d’avoir abandonné ses enfants en souffrant aussi de la « trahison » de ses petits- fils Eugène et Louis-Guillaume (122).

Elle mit au monde quatre fils (deux eurent une descendance : Eugène-Maurice (I° comte de Carignan-Soissons, 1633-1673 cf 123) et Emmanuel-Philibert (2° prince de Carignan, 1628-1709, qui, sourd et muet, fut la grande angoisse de ses parents, cf 124) plus deux filles : Louise (122, qu’elle sut garder auprès d’elle) et Christine morte en bas âge).

Le passage (ou la trahison) d’une partie de sa famille dans le camp habsbourg l’affecta bien sûr même si elle veilla à n’en point trop souffrir d’autant qu’elle finit sa vie alitée mais sans renoncer à ses réceptions «  laide mais de grande mine , de l’esprit, bonne femme, et très libérale » (Mme de Montpensier) , » une grande santé qui tenait du prodige et toujours uniforme, toute sa tête, et beaucoup d’esprit , de grandeur et de considération …. » (Saint-Simon). Il n’empêche qu’elle mourut à 86 ans tristement et inévitablement désillusionnée car éloignée d’un de ses fils établi à Turin, en ayant enterré ses autres enfants sans tirer satisfaction de ceux qui lui restaient en fait et en droit.