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J) Les Savoie-Génes XIX°-XX°s (166 à 167)

genova
l'ancien port de Gênes (Italie)

Cette famille très marquée par ses origines allemandes joua un rôle certain mais sans ambition ni rôle politique particuliers comme si la renonciation du premier duc Ferdinand au trône de Sicile en 1848 avait marqué définitivement ses limites dynastiques. Certes on trouve ici de brillants marins mais on se rappelle le sinistre commentaire du roi Victor-Emmanuel III traitant « d’imbéciles » ses deux cousins de Bergame et de Gênes. Sans descendant mâle à la fin du XX° siècle , la famille a perdu ses titres et référence du fait de l’impossibilité de transmettre les titres dynastiques par filiation féminine.

GHIRON S. : Ferdinando di Savoja duca di Genova. Turin, 1877. 192 p.

TENCAJOLI O.F. : Tommaso di Savoia Duca di Genova candidato al  


166 - Isabelle de Saxe (1830-1912) première duchesse de Savoie-Gênes, fille du roi Jean de Saxe épouse en 1850 le fils cadet de Charles -Albert, Ferdinand de Savoie-Gênes ( 1827-1854) puis en 1858 Nicolas Rapallo (1825-1912).


 

167 - Isabelle-Louise de Bavière (1863-1924) seconde duchesse de Savoie-Gênes , fille du prince Adalbert de Bavière épouse en 1883 de Thomas de Gênes (1854-1931) fils de Ferdinand.


166 - ELISABETH DE SAXE ( 1830-1912)

duchesse de Savoie-Gênes

« une suite de malchances »

Fille de Jean I° de Saxe (1801-1873, alors seulement prince royal et frère du roi qu’il allait remplacer en 1854) et d’Amélie de Bavière (1801-1877 qui donna neuf enfants à son mari).

Elisabeth épouse à Dresde en 1850 Ferdinand de Savoie (1822-1854) fils cadet du roi Charles-Albert, qui avait été l’enfant chéri de sa mère (153) et qui venait de se faire connaître dans la récente campagne de Lombardie. Mais surtout en Sicile dont il avait refusé d’être roi lorsque les révolutionnaires lui avaient proposé une couronne sécessionniste. Ce désintérêt ne fut pas récompensé car le roi Ferdinand des Deux-Siciles ne lui en sut aucun gré mais on ne pardonna pas non plus en Europe à un prince issu de cette famille de Savoie si malchanceuse et si maladroite, et l’on fut ravi à Turin de trouver une princesse saxonne qui avait l’avantage d’appartenir à une famille d’autant plus intéressante qu’elle était catholique et néanmoins «ouverte» (sinon libérale) , d’où le mariage célébré à Dresde en avril 1850.

Le diplomate français , de Reiset, a raconté dans ses mémoires les péripéties de cette union. Le prince avait été très désabusé de ses deux prétentions matrimoniales précédentes déjouées par la diplomatie européenne ; le princesse Louise de Prusse mariée ensuite avec le prince de Hesse et la grande duchesse russe Olga mariée depuis avec le prince de Wurtemberg. Enfin faute suprême Ferdinand était soi-disant tombé sous la coupe d’une maîtresse (simplement) bourgeoise, jugée laide et intrigante mais néanmoins fort spirituelle qu’il avait rencontrée durant la campagne de Lombardie en 1848. Il fallut l’intervention de la reine Marie-Thérèse (153), l’émotion de la défaite, de l’exil et de la mort de Charles-Albert pour l’amener enfin à accepter le mariage saxon que son père avait envisagé dès 1845. L’opinion applaudit les deux jeunes époux beaux («la plus superbe beauté du nord » selon Cavour, qui s’y connaissait en beautés féminines) et en apparence heureux mais il n’ en fallut pas moins une seconde intervention de la reine-mère pour obliger le prince à ne plus rencontrer son « amie » de Novare. Le diplomate s’amuse à décrire les bals de la cour où brillait l’aimable et gracieuse princesse face à un époux ostensiblement hostile à ces mondanités et complice des grossièretés de son royal frère…. « mariage aimable mais sans aucune tendresse »

Avant de mourir en 1855, le prince eut le temps de donner deux enfants à sa jeune épouse : Marguerite (159 / 1851-1926) et Thomas, (1854-1931) . Tristement veuve si jeune, Elisabeth pensa épouser son beau-frère Victor-Emmanuel veuf lui aussi mais il lui préféra la « belle Rosine » (158). Sans regret mais néanmoins vexée, elle se consola en se retirant de la cour et en épousant morganatiquement en 1856 un officier de son entourage Nicolas Rapallo (1825-1912) avec l’accord de son père et en dépit de la vive opposition du roi Victor. Ce dernier céda néanmoins en accordant (bien plus tard) le titre symbolique de marquis à son « beau-frère », ce qui fit dire aux Italiens que la princesse « était passée de Gênes à Rapallo ». Elle eut une seule action politique décisive en refusant énergiquement en 1870 la couronne royale espagnole proposée à son fils Thomas jugé trop jeune et trop inexpérimenté et qui passa finalement à son neveu Amédée d’Aoste. Elle mourut à la veille de la guerre à Stresa dont son mari avait été élu député …

En 1849, Ferdinand et Elisabeth reçurent en héritage de la reine Marie-Christine, veuve de Charles-Félix (152), le château d’Aglié en Canavese, que la famille de Gênes conserva jusqu’en 1939.


167 - ISABELLE-LOUISE DE BAVIERE (1863-1924)

seconde duchesse de Savoie-Gênes

"de la difficulté des mariages germaniques"

Fille de Adalbert-Wilhelm de Bavière (fils du roi Louis I° et héritier des Saxe Hildburghausen) et de l’infante Amalia d’Espagne

168 filles de Isabelle Louise ll - Louise : Bonne Marguerite (1896-1971) et Marie-Adélaïde (1904-1979)

Les Savoie-Gènes se firent une spécialité des mariages germaniques : en effet dans le cadre du rapprochement italo-germanique après la guerre de 1870, Isabelle épouse à Nymphenbourg en 1883  son cousin Thomas, 1° duc de Gênes (1854-1931), devenant ainsi la belle-sœur de la reine Marguerite (159) et la tante de Victor-Emmanuel III. Ce quatrième rapprochement nuptial entre les Savoie et les Wittelsbach fut célèbre en son temps par sa simplicité et son bon goût qui tranchait sur les mœurs princières de l’époque, première originalité du couple suivie par beaucoup d’autres comme par exemple sa participation à une cérémonie de canonisation au Vatican en 1905 (pour la première fois en présence du pape depuis 1870) ou lors de l’inauguration du monument romain du risorgimento en faveur du roi Victor-Emmanuel II en 1911, enfin mentionnons la catastrophe de 1913 (la princesse évitant de peu la mort dans un incendie)

Le couple s’établit ensuite au château d’Aglié près d’Ivrée et eut de nombreux enfants ( six en tout) : quatre garçons permirent la succession de trois ducs de Gênes : Ferdinand (1884-1963) prince d’Udine et troisième duc de Gênes (sans descendance), Philibert duc de Pistoia (1895-1990), époux de Lydia d’Arenberg (1905-1977), quatrième duc de Gênes, sans descendance), Adalbert duc de Bergame (1898-1982), sans descendance), Eugène (1906-1996 duc d’Ancône et cinquième duc de Gênes, qui n’eut qu’une seule fille de son épouse Lucie de Bourbon des Deux-Siciles (1908-2001) et Bonne (1896–1924) qui s’adona à la sculpture avec talent et qui épousa en janvier 1921 son cousin Conrad de Wittelsbach prétendant au trône de Bavière, 1883-1969) ainsi que Marie-Adélaïde (1904-1979, épouse du prince Leone Massimo d’Arsoli (illustre famille romaine liée aux Lucchesi-Poli (de la famille du second époux de la duchesse de Berry) et dont un membre avait déjà épousé au début du XIX° une Carignan-Villafranca et une autre un petit-fils de Lucien Bonaparte)

Isabelle-Louise eut à souffrir des revirements diplomatiques du royaume d’Italie entre 1880 et 1914 car si elle marqua l’alliance allemande dans les années 80, elle pâtit ensuite de ses origines bavaroises une fois l’Italie tournée vers la France après 1900 surtout pendant la première guerre mondiale en dépit de l’hôpital militaire créé par ses soins à Aglié. Certes le prince Thomas avait été nommé lieutenant général du royaume du fait de l’éloignement du roi installé sur le front mais en réalité le souverain ne voulut pas aller au delà d’une charge honorifique en se gardant bien de confier un rôle quelconque à la duchesse.

Sitôt la guerre terminée, Isabelle travailla à la réconciliation italo-allemande sans en voir cependant l’issue puisqu’elle mourut d’une broncho-pneumonie en 1924.

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