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53 – BONNE de BERRY (1367-1435)

BONNE de BERRY (1367 ou 65-1435) comtesse de Savoie puis comtesse d’Armagnac.

Bonne de berry (pingon)
Bonne de berry (pingon)

Fille de Jean, duc de Berry (1340-1416) et de Jeanne d’Armagnac, son père était le fils du roi  Jean Le Bon (1319-1364) et de Bonne de Luxembourg (1332-1349/ elle même (fille du roi de Bohême Jean l’Aveugle et sœur de l’empereur Charles IV) (1294-1328) elle se retrouvait donc nièce du roi Charles V (1338-1380).

Bonne de Berry était en même temps nièce et belle-fille de Bonne de Bourbon (52/1341-1403) et comme si cela ne suffisait pas, son frère Jean de Berry (1377-1418 ?) épousa en 1386 Catherine de France (????-1388), une autre niéce de Bonne de Bourbon.

Bonne de Berry épouse en I° noces à Paris en juin 1377, Amédée VII le XIX° comte dit le comte Rouge, (1360-1391) dont elle a trois enfants, Amédée VIII (1383-1451) XX° comte de Savoie fut désigné premier duc par l'empereur Sigismond, Bonne (67/ 1388-1432) qui épouse en 1403 Louis de Savoie-Piémont (1364-1418) et enfin Jeanne (54/ 1396-1460) qui épouse en 1411 Jean-Jacques Paléologue marquis de Montferrat (1395-1445).

Bonne de Berry épouse d'Amedee VII. Documents de la Walters Art Gallery de Baltimore.
Bonne de Berry épouse d'Amedee VII. Documents de la Walters Art Gallery de Baltimore.

Cultivée et artiste comme son père, elle est plus portée néanmoins à obéir à sa belle-mère qu’à son propre père qui eut aimé pourtant devenir le protecteur du comté de Savoie. Le lien entre la jeune comtesse et sa belle mère fait naître le double surnom de « Madame la Jeune » pour la distinguer de « Madame la Grande ». Cependant on note un attachement héréditaire, profond et déterminant entre la princesse et les bouillants Armagnac, c’est ainsi que Bonne reçoit à sa cour sa cousine germaine Béatrice Visconti de Parme dite «mademoiselle d’Armagnac » (née en 1365).

Son mari eut, selon la reine Marie-José, la délicatesse d’attendre en 1483, la naissance de leur premier fils pour amener son bâtard Humbert à la cour.

En 1391, Amédée VII meurt brutalement, à l’origine de ce mystérieux et regrettable décès, on accuse son médecin Grandville qui est de fait une créature de Bonne de Bourbon à laquelle va s’opposer la jeune veuve ( qui n’a que 30 ans) pour la régence d’Amédée VIII, Bonne de Berry invoquait la tradition et l’évidence alors que sa belle mère réclamait pour elle le droit et l’expérience. Le conflit au début assez sourd ne cessa de s’envenimer au point de susciter l’intervention du puissant voisin français.

C’est ainsi qu’en 1393, les princes de France (Bourgogne, Armagnac, Orléans et Berry) imposent le mariage du jeune Amédée VIII avec Marie de Bourgogne ( fille du duc Philippe). Bonne de Berry invitée à « couvrir » ce mariage croit l’emporter, mais en fait machiavéliquement Philippe pour rester seul maître du jeu savoyard va lui organiser et lui imposer son (re)mariage avec son cousin germain Bernard VII d’Armagnac (1363-1417) veuf de Marguerite de Comminges. Il ne reste plus à la jeune comtesse qu’à quitter la Savoie (où elle a juste le temps de ramener Amédée VIII) pour gagner Mehun sur Yevre (un château de son père) afin d’ y rencontrer et d’y épouser son nouveau promis.

Remarquons que Bonne quitta la Savoie avant l’établissement de ses enfants (ainsi sa fille Bonne -67, qui épouse en 1402 son cousin Louis de Savoie-Achaïe) mais elle conserva néanmoins théoriquement ses droits sur la baronnie de Faucigny, de Tarentaise et de Beaufort (dont elle porta le titre jusqu’en 1427). Cependant elle s’occupa bien sûr surtout de sa nouvelle famille, donnant à son nouveau mari, de 1396 à 1406, sept enfants, dont trois morts jeunes mais citons surtout Bonne d’Armagnac qui par son mariage en 1410 avec Charles d’Orléans va ressusciter le parti d’Orléans contre les Bourguignons. Ceux ci vont néanmoins se venger car en 1417, Bernard VII devenu connétable et maître de Paris est assassiné par les sbires de Jean sans Peur,( son corps écorché et exposé ne fut rendu à ses enfants que 18 ans après.)

Décidément Bonne de Berry ne peut se défaire d’une histoire mouvementée et cruelle qui s’inscrit directement dans les guerres civiles françaises de la grande guerre de Cent Ans. On a du mal à déterminer si elle put exercer une action personnelle ou si elle demeura le jouet de son père, de sa belle mère ou de ses oncles et cousins. Remarquons néanmoins qu’elle a joué parfaitement son rôle dans le clan Orléans-Berry-Armagnac.

En 1435, ( au moment même de la paix d’Arras qui met fin aux troubles intérieurs français), elle meurt à Carlat et est enterrée en l’église des cordeliers de Rodez où elle suscite tellement de vénération ( pourquoi ?) qu’ en 1489 il faut déplacer la tombe avant la démolition de la chapelle en 1490.


  • CIBRARIO L. Storia del Conte Rosso, in Studi storici, Torino 1851, pp. 1 ss., 77 ss., 90 ss., 108 ss.
  • SAMARAN Ch., La chute de la Maison d'Armagnac au xve siècle, Paris, 1907
  • DE DIENNE Ed. : Histoire de la maison d’Armagnac. RHA XIII. 1911
  • CARBONELLI G, Gli ultimi giorni del Conte Rosso e i processi per la sua morte, Pignerol. 1912, pp. 1 ss., 30 ss., 47, 57 s.;
  • COGNASSO F. Il ConteRosso, Turin. 1931, pp. 1-3: 14, 39 ss.;
  • D’AVOUT J. La querelle des Armagnacs et des Bourguignons, Paris, Gallimard, 1943,