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25 – BEATRICE DE SAVOIE (1206-1266)

25 - BEATRICE DE SAVOIE (1206-1266)

Fille de Thomas I° (9° comte) et de Béatrice de Genève (24)

Comtesse de Provence, la première grand-mère de l’Europe…..

beatrice de Provence
beatrice de Provence

Après avoir envisagé de la marier au fils de l’empereur et au prince d’Aragon, son père fait épouser à sa fille en 1219-1220, Raymond Béranger comte de Provence (1198-1245) , fils d’Alfonse II et de Gersande de Sabran. Son père lui donne 2000 marc d’argent soit 400.000 livres de France, N’est-ce pas une « femme des plus aimables de son temps « et une   « splendeur de grâce et de courtoisie » ? 

Pourtant en 1219, la situation de Beranger est fort difficile, son père est mort à Palerme en 1209, et il ne peut régner effectivement qu’ en 1222, après avoir subi la régence de sa mère et le contrôle de son oncle Pierre II d’Aragon, encore doit-il affronter la révolte des villes (Aix Marseille, Nice, Avignon) et les, contestations du pape, de l’empereur Frédéric II et du roi de France, ne pouvant donc compter que sur l’aide de sa femme et derrière elle celle de la famille de Savoie.

Béatrice est restée la plus célèbre princesse de la Maison de Savoie au XIII° siècle autant par sa famille que par sa célébrité intellectuelle «la plus belle, sage et prudente princesse de son temps… » selon Guichenon.

Elle est en effet célèbre pour avoir été mère de quatre reines : Marguerite (1221-1295, reine de France, qui épouse en 1234 (Saint) Louis IX roi de France ), Aliénor ou Eléonore (1223-1291) reine d’Angleterre épouse en 1236 d’Henri III, de Sancia ou Sanche (1225-1261), épouse de Richard de Cornouailles roi des Romains) et enfin Béatrice (1234-1267) épouse de Charles d’Anjou roi de Sicile.

Elle s’est fait connaître dans l’histoire par son intérêt pour les troubadours qui le lui ont bien rendu ( ainsi Sordello et Blacas ). Cour à Aix « du gai saber » avec les poètes Gualdo di Borneil, Claire d’Anduze qui rédige une ode martiale en faveur de Béatrice, Aimeri de Beleucci, Mainerico di Peguillan sans compter Agnes de Saluces, Berenger lui-même et son ministre des finances Romieu de Villeneuve.

En 1236, c’est Béatrice qui, déjà à l’origine du mariage anglais de sa fille Eléonore, pousse ses frères (Guillaume évêque de Valence puis de Liége, Boniface alors évêque de Belley et le futur Pierre II) cousins et amis à s’installer en Angleterre ou au moins à s’y intéresser (au détriment des Provencaux ?) C’est elle qui, à l’instigation de ses frères, accompagne encore sa fille Sanche à Londres en 1244 pour la marier avec Richard de Cornouailles, frère d’Henri III (les deux sœurs épousant finalement les deux frères) et futur roi des Romains et qui à son retour négocie à Paris le mariage de sa quatrième fille Béatrice avec Charles d’Anjou, roi de Sicile frère de son gendre Louis IX et établi comme héritier du comté de Provence, choix décisif inspiré bien sûr par le roi de France mais aussi par le pape Innocent IV au détriment d’un projet initial de mariage de la jeune princesse avec Raymond VII de Toulouse qui n’en fut que plus hostile aux Provençaux. Pour remercier Béatrice de son choix, le pape lui attribua son cadeau symbolique de la rose d’or, certes Bérenger n’avait pas été favorable à ce mariage mais il n’avait rien pu faire contre le clan de sa femme et sa mort en 1245 accéléra encore le plan des Savoyards. Le mariage de Béatrice fut célébré en grande pompe l’année suivante pour la plus grande joie de la « vieille » comtesse, veuve à 40 ans.

Néanmoins la déception arrive rapidement : en effet veuve en 1245, Béatrice se voit contesté l’usufruit du comté de Provence par son propre gendre Charles d’Anjou, d’où son installation à Paris auprès de Marguerite (ses autres filles furieuses de leur éviction de l’héritage provençal restèrent froides à son égard) puis surtout son retour en Savoie en 1258 au château de Menuet aux Echelles où elle meurt en 1266 (après y avoir créé un hôpital devenu ensuite une commanderie de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et surtout après avoir exercé la gestion du comté de Savoie en 1263-1264   à la place de son frère Pierre II reparti vers la Flandre et l’Angleterre. Elle avait fait son testament en 1263 partageant ses biens entre ses filles survivantes, Marguerite et Eléonore, ses frères Philippe et Thomas et ses neveux.

Son tombeau a été détruit au XVI° siècle, elle repose maintenant à Hautecombe ( où son crâne seul vestige du pillage révolutionnaire , fut déposé dans le mausolée de son frère Boniface de Cantorbery).

Il resta d’elle l’exaltation de sa vertu par le poète Mainerico de Peguillan et son sceau reproduit par Guichenon où elle est à cheval avec un lys dans la main droite.


 

VIARD   P. : Béatrice de Savoie. Lyon, 1942.

CAROLIS P. de : Les demoiselles de Provence. Paris. 2005.

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