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3 – BERTA–BERTHE (1052-1088)

3 - BERTA–BERTHE (1052-1088)

« une promotion et un sacrifice »

Fille de Oddon (ou Othon) (1023-1060),  troisième comte en Maurienne, également seigneur du Bugey, d'Aoste et du Chablais (v. 1051-1060), lui-même fils d'Humbert aux-Blanches-Mains ; et d'Adelaide du Suze ou de Turin {2} (1010-1090) ; qui avait trois frères aînés (Otton, Pierre I° puis  Amédée II ) et une sœur cadette Adélaïde (4).

Berta de Germanie
Berta de Germanie

Promise en 1055 à Henri, fils de l’empereur Henri III et déjà  roi des Romains. Sitôt après la mort d’Henri III (en 1057) et d’Oddon de Savoie (en 1060) se pose la question du mariage. Henri (devenu) IV, fait rapidement le vide autour de lui par ses extravagances  il rompt avec Adalbert  son précepteur archevêque de Brême et même avec sa mère l’impératrice Agnès d’Aquitaine exilée à Rome. Il épouse Berta en 1066  envisageant peu après de divorcer et  provoquant la réunion d’une diète à Francfort où le légat (Saint) Pierre Damien rétablit enfin la situation à la fois du ménage et de l’empire.

Berthe de Turin

Quatre enfants vinrent prouver cette restauration néanmoins définitive du fait de l’indiscipline des villes et des barons de l’empire,  pour calmer son mari , Berta   poussa son mari à la conciliation d’où ce célèbre voyage depuis Spire vers l’Italie à travers la Bourgogne, le plateau suisse et la Savoie, obtenant l’accord de sa mère pour franchir  des cols déjà assez difficiles en cet hiver (exceptionnel ?)  1076.   Henri dut-il garantir certains territoires à sa belle–mère  et à son beau-frère ?  (lesquels ? – le Bugey ? , le Chablais ?, Aoste ? les villes épiscopales de Genève, Moûtiers, Aoste, Belley, Sion et Lausanne ? et sous quel statut exactement ?) en tous les cas, si cette concession importait beaucoup aux princes de Savoie, reconnaissons qu’elle ne coûtait guère à un prince déjà ruiné… (en tous les cas à charge de revanche, en 1174 l’empereur Frédéric Barberousse priva le comte Humbert III de toute suprématie sur les évêchés de Turin, Belley et de Tarentaise) On a dit aussi qu’Adélaïde profita de ce passage pour arracher à son gendre décidément bien incertain l’engagement de ne point répudier son épouse.

En fait tout ceci était néanmoins nécessaire et permit cette fameuse entrevue de Canossa en Toscane chez la comtesse Mathilde où le pape fit attendre le couple impérial trois jours dans le froid et dans la neige pour mieux prouver à la face du monde le poids du péché de l’empereur et l’importance du pardon accordé.

Il en eut fallu davantage pour résoudre les problèmes. Le pape excita les ambitions de Rodolphe de Souabe puis de Herman de Luxembourg pour devenir successivement rois des Romains contre Henri qui se vengea en suscitant un anti-pape. Seule la mort de Grégoire en 1087 calma un peu la situation même si en dépit du couronnement d’Henri comme empereur en 1085, les rébellions se succédèrent en Allemagne. Berta restée en Italie, en mourut de tristesse en 1088, son corps ne fut ramenée que plus tard à Spire où la rejoignit une vingtaine d’années après son irascible mari (mort en 1106) qui avait encore connu bien des aventures en prenant comme seconde épouse Anne de Kiev qu’il ne conserva que de 1089 à 1095 et se faisant déposséder par son propre fils Conrad (devenu ensuite Henri V).

Henri IV et son fils

Berta et Henri eurent cinq enfants dont deux furent célèbres, l’empereur Henri V et Agnès de Germanie qui, par son mariage en 1089 avec Frédéric de Souabe, fut la mère de l’empereur Conrad III de Hohenstaufen (1093-1152) et la grand mère de l’empereur Frédéric I° Barberousse (mort en 1190). Elle mourut après 1110 en ayant eu le temps d’épouser en secondes noces Léopold le Pieux de la famille de Babenberg connu pour être le fondateur de Vienne et avoir été canonisé plus tard. Comme au même moment la sœur de Berta (Adélaïde de Souabe 4) était elle aussi menacée de répudiation, Francesco Cognasso, voit dans cette rupture la réaction toute naturelle d’une cour germanique à une trop grande influence des Savoie et des Piémontais.


AMORE A. :. , Berta di Savoia, imperatrice di Germania. Milan 1881. 57 p.

2.4.5.6. 9.