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100 – MARIE ET CATHERINE DE SAVOIE (1595-1640)

100 - MARIE (1594-1656) et CATHERINE (1595-1640) DE SAVOIE

7° et 8° filles de Catherine d’Autriche (97) et de Charles-Emmanuel I°

« pieuses et actives »

maria apollonia di savoia 1594 1656
Maria Apollonia di Savoia
caterina di savoia 1595-1640
Caterina di Savoia

 100 Marie de Savoie 100 vie de Marie de SavoieComme leurs sœurs, elles reçurent une éducation sévère à l’espagnole sous l’autorité de la comtesse Donna Marianna, épouse de l’ambassadeur d’Espagne d’autant plus puissante que la duchesse-mère mourut en 1597 et que les deux gamines restèrent seules et isolées (du fait de la mort de leur frère aîné en 1605 et du départ de leurs sœurs aînées en 1608) au moment même du retour de la peste.

Marie devait épouser Rodolphe II de Habsbourg puis devant le refus de ce dernier le prince de Galles qui hélas mourut prématurément et la princesse resta seule tout comme sa sœur promise à Philippe III d’Espagne son cousin lui aussi mort trop tôt puis au duc de Nemours qui, offense suprême, la refusa deux fois de suite…

Certes Catherine est une brune réservée aux goûts modestes alors que sa sœur est une blonde extravertie et attachée  au luxe et aux plaisirs, il n’empêche qu’elles sont toutes deux fort sensibles à leur directeur de conscience l’austère père barnabite Giusto Guérin et elles résistent de leur mieux à leur nouvelle belle-sœur Marie-Christine de France venue de Paris et pour le moment bien décidée à s’amuser, pour mieux se laisser influencer par leur amie la marquise de Ceva et par leur tante maternelle Isabelle d’Espagne, gouvernante des Pays-Bas, qui entrent toutes les deux chez les Clarisses alors en plein essor (ne s’établissent-elles pas justement à Turin en 1627).

Dans une telle fiévre religieuses, les deux sœurs unanimes décident en même temps de se consacrer à Dieu et aux œuvres de charité, elles font ensemble et progressivement d’abord vœu de virginité puis elles entrent dans le tiers ordre franciscain et enfin elles aussi entrent chez les clarisses inaugurant une vie de détachement, de pénitence et de renonciation qui fait l’admiration de la cour et même de leur père qui a renoncé bien sûr à leur imposer le mariage même avec de grands princes, tout cela dans la pire conjoncture puisqu’elles voient successivement leur pays frappé par la grande peste (décrite par Manzoni dans «les Fiancés») et par la guerre d’autant plus désastreuse que le Piémont est envahi et pillé, puis il leur faut souffrir la mort de leur père suivie bientôt celle de leur frère Victor-Amédée et de leur neveu Hyacinthe et bien entendu tout est encore aggravé par la division de la famille ducale et par la guerre civile qui s’ensuit. Loin d’être découragées, elles n’en sont que plus zélées dans leur action : elles créent en 1631 un ordre de protection spirituelle et matérielle des jeunes filles pauvres « les converties» et en 1634 à Oropa dans le nouveau grand sanctuaire marial du Piémont au pied des Alpes du Biellese elles initient un ordre du même genre qui deviendra vite célèbre «les filles de Marie» appelées initialement «les filles d’Oropa».

C’est d’ailleurs après avoir voulu dans un même temps calmer son frère Thomas de Carignan et surveiller ses «filles»  d’Oropa que Catherine y prend à une fièvre pulmonaire qui l’emporte en 1640. Après avoir enterrée sa sœur à Oropa, Maria va dorénavant se consacrer à la visite des sanctuaires de la péninsule et c’est à Rome qu’elle s’éteint à son tour «d’une fièvre fébrile» en 1656 après avoir adressé ses adieux et son testament à son neveu Charles-Emmanuel II et à son dernier frère vivant, l’ex-cardinal Maurice. En 1662 son corps fut transféré à Assise, le destin n’ayant pas voulu rassembler dans la mort deux sœurs qui avaient pourtant été si soudées pendant leurs vies.


BIANCHI A. : Maria e Caterina di Savoia Turin.1936. 186 p.