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73 – MARGUERITE DE SAVOIE (1420-1479)

73 - MARGUERITE DE SAVOIE (1420-1479)

73 marguerite 1410-1479. jpg

successivement princesse de Calabre et duchesse d’Anjou, comtesse palatine de Bavière puis comtesse de Wurtemberg.

La dernière des filles d’Amédée VIII fut la plus jolie et sa préférée.

En 1432, on la maria à Louis III d’Anjou (1403-1434) roi de Sicile qu’elle partit rejoindre en grand apparat rejoindre en Calabre pour y apprendre en arrivant la mort de son promis victime de la malaria à Cosenza.

Ne pouvant s’imposer aux Napolitains et aux Aragonais (concurrents des Anjou), devenue un inutile instrument diplomatique, elle revient tristement en Savoie sur une galère envoyée de Nice par son père, (sans oublier sa dot). « Reine belle et sage », elle s’installa à Thonon ( donc près de son père installé à Ripaille) où pendant dix ans, elle attendit une nouvelle « chance » (on envisagea successivement Charles d’Orléans, Jean de Lusignan, Charles du Maine frère du roi René),

Enfin en 1445 à Heidelberg, on célébra en grande pompe son mariage avec l’électeur palatin, Louis IV de Bavière -Palatinat (1424-1449) dont la mère était Mathilde de Savoie-Achaie (68) 1403-1448. En effet on parla alors d’un tournoi de plus de 400 personnes à Nuremberg), le tout aux frais de son frère Louis monté entre temps sur le trône ducal qui dut gager les bijoux et orfèvrerie d’Amédée VIII pour payer la dot. Elle n’a que le temps de mettre au monde un fils Philippe I dit l’Ingénu ( 1448-1508) car elle se retrouve pour la seconde fois veuve un an après.

Bien décidée à ne pas rester en retrait, elle passa en 1453 en Wurtemberg pour y épouser Ulrich IV de Wurtemberg (1413-1480) qui avait au moins en commun avec elle d’en être aussi à son troisième mariage, ce qui ne fut pas infructueux puisqu’il lui donna quatre filles avant sa mort en 1479 à Stuttgart.

Même si malchanceuse en amour, elle fut une grande femme de lettres et surtout une bibliophile passionnée ( comme le prouve sa bibliothèque d’Heidelberg devenue depuis la « bibliothèque palatine » ) d’ailleurs on sait qu’en 1477 elle essaya d’acheter aux Bernois le livre d’heures de Charles le Téméraire qu’ils avaient récupéré sur le champ de bataille de Grandson.)

En 1466, elle part à Compostelle, en traversant le royaume de France d’où l’intervention de son « neveu » Louis XI avec qui elle était doublement liée (puisque son premier mari était l’oncle maternel du roi qui avait épousé d’un autre côté sa nièce Charlotte de Savoie) et qui nous fait connaître les conditions de vie de la comtesse. Dès son entrée dans le royaume , Il envoie au devant d’elle son maître d’hôtel Pierre Aubert auquel il donne près de 500 livres pour l’escorter jusqu’à Saumur, lui-même la rencontre enfin à Montargis (ont-ils parlé de la Savoie et de son rôle diplomatique douteux ou de la nécessité d’un mariage espagnol  pour le duc de Berry frère du souverain ?). le 16 septembre, il demande encore aux autorités d’Amboise de recevoir dignement la princesse :

« Chiers et bien amez pour ce que nostre très chère et très amée tante la comtesse de Wurtemberg laquelle est puis naguerre venue devers nous pour aucunes de ses affaires séen va presentement devers nostre très cher et très aimé oncle le roy de Seville et de l l intencion de s'en aller en pèlerinage monseigneur saint Jacques de Galice nous voulons et vous mandons qui vous la recevez et lui faites tout l'honneur et la meilleure chère que faire sera possible tout ainsi que vouldriez faire nous mesmes et en ce faisant vous nous ferez tres singulier et agréable plaisir «  . Au soir du 22 septembre, elle arrive enfin entourée de sa suite de ses sergents et de cinquante-sept chevaux. Aux portes de la ville elle est attendue par le clergé et les habitants qui s'étaient portés au-devant d’elle en procession. On lui fit la révérence et on lui offrit raisins poires et pommes. Il est étonnant de constater qu'aucun notable de la ville ne lui a offert l'hospitalité car elle et sa suite furent logés dans les différentes auberges de la ville aux frais des habitants. Marguerite de Savoie passa donc une nuit et un jour chez Perrenelle l'hostellie de l'Image Nostre-Dame sur les ponts d’ Amboise tandis que ses femmes étaient logées chez Pierre Pell et ses chevaux et autres gens en la rue de la Boucherie. Les frais furent réglés seulement le 30 octobre 1470 sur le budget de la fortification et « emparemens de la ville ”, ce dont Perrenelle se déclara “ tenue à contentement et pour bien payée ” !

REYNAUD M.R. : le temps des princes , louis II et Louis III d’Anjou . Lyon 2000.