Aller au contenu

95 – BEATRICE DE PORTUGAL (1504-1538)

95 - BEATRICE DE PORTUGAL (1504 -1538)

duchesse de Savoie

095 Beatrice_of_Portugal,_Duchess_of_Savoy

fille de Manuel de Portugal (d’où son titre initial d’infante du Portugal) et de sa seconde femme, Marie d’Aragon, Béatrice était la petite-fille de l’empereur Maximilien, la belle-sœur de Charles-Quint (qui était déjà cousin germain de sa mère et qui avait épousé en 1526 sa sœur Isabelle) la nièce de Catherine d’Aragon, la célèbre reine d’Angleterre épouse d’Henri VIII, ainsi que de Juan d’Aragon éphémère époux de Marguerite d’Autriche (93). Son frère Joao (Jean) fut roi de Portugal de 1521 à 1557.

Charles II (ou III selon les chronologies), (1486-1553) « prince débonnaire, juste et croyant Dieu » selon l’optimiste Meseray, était arrivé sur le trône ducal de Savoie en 1504 mais depuis il était resté célibataire au grand dam des « Etats » désireux de faire cesser la crise grandissante avec les Suisses valaisans, fribourgeois et bernois. Les négociations préalables entre Lisbonne et Turin furent pénibles du fait des exigences savoyardes sur la dot de la promise (« ce sera pour toujours plus charger la maison» disait crûment le jeune prétendant), enfin en mars 1521 tout fut réglé avec l’approbation enthousiaste de l’empereur Charles et du pape Léon X (qui envoya au duc la traditionnelle Rose d’Or de la catholicité ) mais la princesse n’arriva à Nice qu’en octobre pour rencontrer enfin son mari qu’elle épousa aussitôt mais elle n’entra à Turin qu’en mars 1522 avec un grand retard dû à la nouvelle de la mort du roi du Portugal.

Elle a neuf enfants  dont un seul (Emmanuel Philibert 1528-1580)) fera descendance.

On hésite beaucoup sur le rôle d’une duchesse bien ambiguë, car dès le début elle fut partie prenante des problèmes du duché pour régler le conflit extérieur surtout suisse (aggravé encore par le conflit éclaté entre le duc et Genève) mais aussi les difficultés internes dues aux activités des prédicateurs évangélistes et réformés sans compter la concurrence entre les Savoyards et les Piémontais pour dominer le gouvernement ducal, entre les prétentions contraires des nobles et des communautés et enfin et surtout face aux intrigues et pressions de François I° et de Charles-Quint pour faire basculer le duc dans leurs propres camps. (d’où la générosité de Charles-Quint qui lui donne le comté d’Asti et des Français qui de leur côté lui cèdent Ceva à la suite de la «paix des dames» de Cambrai en 1531 (92 et 93). Elle fut indéniablement antifrançaise, choix déterminant sur les hésitations puis sur l’option impériale du duc et donc pour l’invasion de la Savoie et du Piémont en 1536.

A sa mort subite à Nice en janvier 1538, elle laissait un mari désemparé et plus faible que jamais avec un héritier de 10 ans, un Etat restreint et un allié impérial de plus en plus réticent puisque la trêve d’Aigues-Mortes ne prenait pas en compte les intérêts du pauvre duc en Italie du nord. Pour vingt ans, la maison de Savoie entrait en décrépitude …

L’action de Béatrice fut-elle entièrement négative ? En fait elle eut déjà une nette influence dans la famille de Savoie où elle introduisit le prénom durable et important d’Emmanuel ainsi (et surtout) que les vaines prétentions postérieures d’Emmanuel-Philibert puis de la seconde Madame Royale (105) (112), pour le trône de Lisbonne sans compter les choix de Charles-Albert et d’Humbert II pour s’exiler en 1849 et en 1945 «presque chez eux» en terre portugaise.


CLARETTA G.. : Notizie storiche intorno alla vitae ed ai tempi di Beatrice di Portogallo duchessa di Savoia con documenti  Turin 1863. Repris dans l’Archivio storico italiano, tome 23, 1876

FORNASERI G. et BRAGANZA B. (di) : .: Beatrice di Portogallo, duchessa di Savoia. Cuneo. 1957. 376 p.

MARINI L. : Savoiardi e Piemontesi nello stato sabaudo (1418-1601) Rome. 1962.

MARINI L. : « Governanti e governati nello stato sabaudo : un interpretazione del rapporto nel suo tempo piu ricco « dans Studi urbinati. XXXVII. 1. ( 1963)