Aller au contenu

96 – MARGUERITE DE VALOIS (1523-1574)

96 - MARGUERITE DE VALOIS, (1523-1574)

duchesse de Savoie

096 marguerite de Valois jpg
Margueritte de Valois - Une des premières humaniste de la Cours de France.


Cette fille de François I° née à Saint-Germain en 1523 commença mal dans la vie puisqu’à un an, elle perdit sa mère Claude de Bretagne (1499- 1524) et c’est sa tante et marraine Marguerite de Navarre qui s’occupe de la petite princesse.

En 1536, elle fait la connaissance de sa belle-sœur Catherine de Médicis à laquelle, elle se lie étroitement dans un même amour d’écriture de nouvelles, ce qui ne la rapproche pas pour autant de son frère, le futur Henri II, auquel elle préfère son second frère, Charles d’Orléans. En 1529, échoue un premier projet de mariage avec Maximilien d’Autriche neveu de l’empereur tout comme un nouveau projet en 1538 avec l’archiduc Philippe d’Autriche (autre neveu de l’empereur Charles, futur Philippe II). De toutes les façons, elle prétend ne vouloir épouser qu’un roi, ce qui explique en 1550 l’attribution du duché de Berry par son frère Henri devenu roi. Mais elle n’accepte qu’en 1559 au lendemain du traité de Cateau-Cambrésis d’épouser le jeune duc Emmanuel-Philibert (1528-1580) qui se résout d’autant plus à cette inégalité d’âge qu’elle lui apporte le Piémont et la Savoie que les Français détiennent depuis 24 ans.

Devenue duchesse de Berry en 1550, elle pouvait désespérer de trouver un époux (les projets pour lui faire épouser Maximilien de Habsbourg puis Philippe d’Espagne - le futur Philippe II - ayant échoué), quand à l’initiative de son frère Henri II, elle épouse en juillet 1559 Emmanuel-Philibert (1528-1580) aux termes du traité de Cateau-Cambrésis signé en avril qui met fin à une génération de conflit entre les Valois et les Habsbourg. Certes Emmanuel eut préféré Claude seconde fille du roi Henri II promise déjà au duc de Lorraine, mais il s’était résigné pour ne pas retarder un règlement diplomatique qui l’arrangeait trop bien (il faut dire que le grand négociateur du traité n’était autre que le connétable de Montmorency qui avait épousé sa cousine Madeleine de Savoie-Tende (114).

Comme le précise Madame de Lafayette dans » la Princesse de Clèves » :

« Cette princesse était dans une grande considération par le crédit qu'elle avait sur le roi, son frère (Henri II) ; et ce crédit était si grand que le roi en faisant la paix, consentait à rendre le Piémont pour lui faire épouser le duc de Savoie. Quoiqu'elle eût désiré toute sa vie de se marier, elle n'avait jamais voulu épouser qu'un souverain, et elle avait refusé pour cette raison le roi de Navarre, lorsqu'il était duc de Vendôme, et avait toujours souhaité M. de Savoie ; elle avait conservé de l'inclination pour lui depuis qu'elle l'avait vu à Nice à l'entrevue du roi François premier et du pape Paul troisième. »

Sitôt la paix signée le 3 avril, on s’était empressé de préparer les fêtes des mariages que l’on venait de négocier, celui d’Emmanuel et Marguerite mais aussi celui de Philippe II roi d’Espagne et d’Elisabeth de France (fille d’Henri II donc nièce de Marguerite). Le 21 juin, le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, accompagné de cent cinquante gentilshommes, vêtus de pourpoints de satin rouge, de chausses cramoisies.et d'une casaque de velours noir brodé. de passements d'or, fit une entrée solennelle. Chaque cavalier portait sur son cheval une mallette de velours noir fermée de boucles d'argent Le duc d'Orléans, second fils du roi, plus tard Charles IX, le reçut aux portes de la ville et le conduisit au Louvre[ où l’on célébra d’urgence la cérémonie des fiançailles qui se terminèrent tragiquement puisque c’est au cours de ces fêtes (ici un malheureux tournoi ) qu’ Henri II va trouver la mort. (obligeant néanmoins ses proches à célébrer le mariage tout de suite et dans la plus grande simplicité car on pouvait craindre un revirement d’Emmanuel –Philibert.

Avec un tel début et avec des âges déjà élevés ( à son mariage la duchesse avait 36 ans ce qui était déjà un bel âge en face d’un mari de cinq ans plus jeune), le couple ne pouvait apparaître pleinement harmonieux ni heureux, ce qui explique qu’il n’aboutit qu’à un seul fils Charles Emmanuel né à Rivoli en 1562 (alors que le duc s’enorgueillit de six bâtards et enfants naturels) pour lequel la princesse se dévoua avec passion délaissant toute initiative politique.

En compensation, la duchesse eut une intéressante vie intellectuelle. Née dans un milieu de femmes cultivées et modernes comme ses grand-mères : Anne de Bretagne et Louise de Savoie (92) sa tante Marguerite de Navarre, sa belle-sœur Catherine de Médicis, elle s’était déjà manifestée à Paris et à Bourges (comme duchesse de Berry) par sa curiosité et son zèle  pour les langues (elle avait appris l’italien, l’espagnol, le latin et le grec ) pour la poésie ( d’où ses liens avec les grands noms de la Pléiade- Du Bellay et Ronsard- comme avec le poète savoyard Claude de Buttet ) mais aussi pour les nouvelles idées humanistes et évangéliques. On connaît son intérêt pour la réforme de l’université de Turin ( elle s était déjà beaucoup intéressé à celle de Bourges avant son mariage) et pour la protection de fait des protestants piémontais (vaudois) comme en témoigna le duc lui-même dans le traité de Cavour «  ad intercessione della serenissima Madama nostra principesssa e per sua gratia spetiale… ».

Son mari lui avait fait aménager un palais d’été près de Turin dit le « Parc royal » ( qui sera anéanti par les Français en 1706) et c’est elle qui, la première de la cour, s’intéressa au parc du Valentino sur les rives du Po.

La mort accidentelle en 1559 du roi Henri II à l’occasion du mariage d’Emanuel Philibert et de Marguerite de Valois
Le chagrin de la Cour de France à la mort de Henri II. La mort accidentelle en 1559 du roi Henri II à l’occasion du mariage d’Emanuel Philibert et de Marguerite de Valois

Elle meurt de la grippe à Turin en septembre 1574 presque en même temps que son neveu Charles IX à Paris  et que sa tante Renée de Ferrare retirée à Montargis. Elle n’avait pu à son grand regret accompagner à Lyon son mari, son fils et son neveu Henri III revenu de Pologne pour prendre la couronne de France : » Ma santé n’est elle que je desireroye pour pouvoir estre auprès de votre fils car j’eus hier la fiébvre et presque toute ceste nuiet…, de mon mal n’est pas grand cas si n on qu’il me desploit de ne povoir tenir auprès de lui » avait-elle eu pu écrire dans une dernière lettre à son mari qui eut tout juste le temps de revenir à Turin pour l’enterrer.

« Celle qui tant rendit la France florissante,
Et des muses lui fit la jouissance avoir
Et qui épouse d’un duc de grand pouvoir
Fille d’un puissant roi, sœur de roi, de roi tante
Bref celle que l’on vit à bon droit renommer
ainsi qu’un seul Phénix de l’une à l’autre mer,
dans cet obscur tombeau qu ’un marbre froid enserre….
Ici comme tu vois, n’est qu’un petit de terre…. «

(Claude de Buttet : Le tombeau de Marguerite de France. Annecy. 1575)


Le nozze del duca Emanuele Filiberto di Savoia con Margherita di Francia, da dispacci di ambasciatori estensi, R. Archivio di Stato - Modene: 1893. -25 p.

Studi publicati dalla universita di Torino in onore di Emanuelle Filiberto. Turin, 1928.

Culture et pouvoir au XVI° siècle. Marguerite de Savoie. Colloque CEFI Annecy, Chambéry, Turin. 1974 . pub. Genève 1978.

Claude Le Jeune et son temps : en France et dans les Etats de Savoie 1530-1600 : musique, littérature et histoire : actes du colloque de Chambéry (4-7 novembre 1991) organisé par les Universités de Savoie et de Turin, le Centre d'études franco-italiennes des Universités de Savoie et de Turin et l'Institut de recherches et d'histoire musicale des Etats de Savoie / textes réunis par Marie-Thérèse Bouquet-Boyer et Pierre Bonniffet. - Berne . 1996. - 412 p.

AMORETTI G., Il ducato di savoia 1.: Dal 1559 al 1610 / Turin, 1984. - 247 p.

CONDULMER P : Emanuele Filiberto e Margherita di Valois - Turin : 1980. 307 p.

EGIDI  P. : Emanuele Filiberto Turin, 1928.

EGIDI P et SEGRE A. . : Emanuele Filiberto – Turin, 1928.

GRIBAUDI ROSSI E. Gribaudi Rossi E. : Emanuele Filiberto, uomo e principe, nella sua terra e fra la sua gente /. - Turin : Centro studi piemontesi, 1981. - p. 142-155 .

MADARO L. : L'ingresso di Emanuele Filiberto e della duchessa Margherita in Torino. 8, num. spec. 7-8 (juillet-août. 1928), p. 425-429]

MARIE JOSE: Emmanuel-Philibert de Savoie (version Italienne de Fernanda Littardi. - Milan, 1991, 1994.) Geneve,- 1995, 348 p.,

MERLIN P. Emanuelle Filiberto un principe tra il Piemonte e l’Europa, Turin, 1995 369p.

MORIONDO C. : Testa di ferro : vita di Emanuele Filiberto di Savoia / - Milan :, 1981. - 247 p.,

PEYRE R. une princesse de la Renaissance, Marguerite de France duchesse de Savoie, Paris, 1902

PEYRE R. : Une princesse de la renaissance, Marguerite de France, duchesse de Berry, duchesse de Savoie. Paris, 1902

ROBERTI G. : La nascita e il, battismo di Carlo Emmanuele I.  Nuova Antologia  1913

SILVA P. P. Emanuelle Filiberto, Rome, 1928

ROUGET F. François, Marguerite de Berry et sa cour en Savoie d’après un album de vers manuscrit. Revue d’histoire littéraire de la France , vol.106 (2006-1)

VIDARI G : La fondazione di collegi dei gesuiti negli stati del duca Em. Filiberto / Turin, 1927. - P. [125]-138

  • ViENNOT E. : Marguerite de Valois, Mémoires et autres écrits, 1574-1614, édition critique . Paris, 1999, 117 p.