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98 – MARGUERITE DE SAVOIE (1589-1655)

98 - MARGUERITE DE SAVOIE

Fille de Charles-Emmanuel I° et de Catherine d’Espagne (97)

duchesse de Mantoue puis marquise de Montferrat (1589-1655)

Margherita di Savoia (1589-1655)
Marguerite de Savoie, (1589-1655).

Marguerite (1589-1655), était la fille de Charles-Emmanuel I°, petite-fille de Philippe II d’Espagne et d’Elisabeth de France, a 9 ans quand sa mère meurt et 19 ans quand elle épouse en 1608 François Gonzague, 5° duc de Mantoue, (né en 1586 mais qui meurt en 1612, après quatre ans de mariage et quelques mois de règne. ne laissant qu’une fille Marie née en 1609.)

Ce décès bien sûr imprévu pose la question de la succession des princes de Mantoue qui ont le malheur d’être souvent sans enfant «convenable» d’autant que si Mantoue est un fief masculin, il n’en est pas de même pour le Montferrat qui lui est adjoint et que Charles-Emmanuel vise bien sûr pour sa petite-fille (âgée seulement de 3 ans, 1609-1660) en faisant appel à l’empereur et en faisant intervenir le Français Lesdiguières aussi habile pour la diplomatie que pour la guerre.

Frère du défunt, le cardinal Ferdinand de Gonzague quitte la pourpre et lui succède sur le trône. Eprouvée par un premier conflit en 1613-1617, Marguerite revient à Turin laissant sa fille dans un couvent en attendant des jours meilleurs que l’on crut arriver en 1627 quand le duc Vincent (frère et successeur de Ferdinand lui aussi sans enfant) maria sa nièce avec son cousin et héritier Charles I° de Gonzague-Nevers   à la grande fureur de Charles-Emmanuel, c’est ainsi que le duc de Savoie profita de la mort subite de Vincent pour attaquer de nouveau le duché qui, déjà ravagé par la peste, n’en finissait pas non plus d’être l’objet de conflits insolubles.

La nouvelle guerre se termine mal puisque battu, Charles-Emmanuel meurt en 1631 et si au traité de Cherasco son successeur Victor-Amédée I récupère une partie du Montferrat, il n’en perd pas moins Pignerol. D’un autre côté, Marie bientôt veuve s‘affiche ouvertement contre sa famille de Savoie, puisqu’elle soutient son fils Charles III (1629-1665) dont elle assure la régence pour le compte des Gonzague-Nevers toujours favorables aux Français, ce qui ne l’empêche pas de se montrer ouverte aux Habsbourg puisqu’elle marie son fils avec Elisabeth d’Autriche et sa fille Eléonore avec le cousin de sa belle-sœur l’empereur Ferdinand III d’Autriche lui-même.

N’oublions pas Marguerite, cette dernière avait été dépassée par la situation d’ailleurs fort confuse puisque sa propre fille et les Gonzague-Nevers étaient soutenus par Louis XIII de France, frère de sa belle-sœur Christine alors que les prétentions de son frère Victor-Amédée I° sur le Montferrat étaient appuyées par son cousin germain Philippe IV d’Espagne. Elle était revenue à Mantoue en 1631 mais trop liée à la France elle en était repartie en 1633 pour changer alors de politique et pour se tourner vers son cousin madrilène Philippe ( né en 1605, roi en 1621, qui avait épousé une sœur de Christine de France et qui sera le père de Marie-Thérèse, l’épouse de louis XIV). Ce revirement lui permet d’obtenir en 1635 la régence du Portugal alors soumis à la couronne espagnole. Cependant inexpérimentée et une nouvelle fois dépassée, elle laisse gouverner Vascencellos un ancien page de l’autoritaire premier ministre Olivares d’où en 1640 à Lisbonne une insurrection militaire et nobiliaire à Lisbonne qui assassine Vascencellos, chasse la régente et la remplace par le duc de Bragance qui se fait proclamer roi (l’événement s’appelle dès lors la « fête de la restauration de l’indépendance » célébrée chaque année le I° décembre).

Marguerite obstinément hostile à sa belle-sœur Christine, resta en Espagne et ne mourut que quinze ans après en 1655 presque oubliée de tous à Miranda près de Burgos), un an avant la mort de son concurrent Jean IV, cinq ans avant sa fille, dix ans avant Philippe IV et son petit-fils Charles III de Mantoue, treize ans avant le traité de Lisbonne qui reconnaissait enfin l’indépendance portugaise. Cette fois c’était l’histoire qui avait complètement dépassé une princesse bien embarrassée par sa double origine savoyardo-piémontaise d’un côté et espagnole de l’autre.

La petite Mantoue resta illustre pour avoir été à l’origine de tant de conflits complexes, de tant de ravages, de tant d’hostilités internationales.


QUAZZA R. : Margherita di Savoia, duchessa di Mantova. Turin . 1933 .254 p.