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81 – YOLANDE DE FRANCE (1434 -1478)

81 - YOLANDE DE FRANCE (Tours 1434 -Chambéry 1478, inhumée à Vercelli) ,

Duchesse de Savoie

« une grande souveraine «

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Yolande était la fille de Charles VII (1403-1461) et de Marie d’Anjou-Naples (1404-1463, elle-même, fille de Louis II roi de Sicile et de Jérusalem, duc d’Anjou, comte de Provence).

En 1436, âgée de trois ans à peine elle avait symboliquement à Tours été promise au futur Amédée IX de Savoie (1435-1472) qui en avait deux. Les deux « promis » furent élevés ensemble à la cour de Savoie jusqu’en 1452 date de la célébration de leur « vrai mariage » soit un an après le précédent mariage franco-savoyard entre Charlotte sœur d’Amédée (76) 1441-1483 et le dauphin Louis (1423-1483). La décision de cette seconde union avait été prise pour améliorer les relations entre les deux cours compromises par les intrigues du duc Louis et de son nouveau gendre d’où l’insistance du duc Louis pour forcer Amédée qui à la fois mystique et épileptique se sentait peu disposé à jouer un rôle politique. En fait, le vrai mariage fut célébré en 1452 (un an après celui de Charlotte (76) 1441-1483) ) et de son frère Louis XI, les deux familles de Savoie et de France se liant par ce double mariage ). Amédée n’avait que 17 ans et montrait aussi peu de disposition pour se marier que pour monter sur le trône (d’autant qu’il était épileptique et de faible constitution), il n’empêche qu’en 20 ans d’union il donna dix enfants (dont 5 morts à la naissance ou très jeunes) à sa femme à laquelle d’ailleurs il abandonna de fait le pouvoir.

La sœur de Louis XI ne pouvait se désintéresser de la politique d’où une habitude et un goût du pouvoir qui expliquent la faveur des historiens (au détriment de son mari auquel la tradition ne reconnaît que la vie pieuse, les goûts charitables et un total désintérêt matériel) d’où aussi en 1472 la facilité avec laquelle devenue veuve, elle exerça la régence pour son fils Philibert dit « le chasseur » (né en 1465, duc en 1472 mais souverain réel seulement de 1478 à 1482).

Sa mère avait eu treize enfants, forte de cette tradition Yolande en eut dix, dont Philibert 1° (voir 82), Charles 1° (voir 83) , Jacques-Louis marquis de Gex, Anne (d’Aragon, 85), Marie (84, morte en 1511, épouse en 1476 de Philippe de Bade-Hochberg puis de Jacques d’Assay du Plessis ) et enfin la pieuse et bienheureuse Louise (86, Chalon–Orbe), cette grande famille ne l’empêcha pas d’exercer efficacement un lourd mais efficace pouvoir.

Yolande est surtout connue pour ses conflits avec les grands seigneurs savoyards et piémontais qui, aidés par Charles Le Téméraire et Louis XI parfois unis contre elle, arrivent ainsi à la bloquer à Montmélian puis à côté de cette dernière place au château d’Apremont où ils réussissent un temps à la faire prisonnière . Il n’empêche elle sait parfaitement profiter de la division de ses adversaires soit au niveau de la famille princière , soit à celui des provinces et de l’Etat et surtout au niveau diplomatique entre les éternels ennemis que sont son frère le roi Louis XI (sur le trône depuis 1461) et son cousin Charles le Téméraire duc de Bourgogne, tous deux jouant sur leurs alliés de la confédération suisse ou d’Italie ( le duché de Milan, le Montferrat, Saluces, Venise, le pape) sans compter la Lorraine et la Savoie sollicités de tous côtés et bien décidés à assurer leur neutralité et leur indépendance au meilleur prix… un moment on envisagea bien une réunion entre les deux duchés de Bourgogne et de Savoie avec un mariage entre le fils préféré de Yolande (Philibert) et Marie, la fille unique de Charles, ce projet qui eut ressuscité la vieille Lotharingie eut sans doute changé l’histoire de l’Europe mais chacune des parties hésita devant une telle perspective trop lointaine donc bien hasardeuse) et bien entendu une majorité s’y opposa. Le désordre se généralisa, chacun de Louis XI et de Charles captura la pauvre princesse pour l’emprisonner quelque temps c’est ainsi que Charles la « retint » au château de Rouvers en Bugey de janvier à octobre 1476 alors que Louis la bloqua gentiment mais fermement à Loches.

Enfin une fois le Bourguignon mort, en 1477, elle se réconcilie avec son frère juste avant de mourir elle-même.

Cette active et habile diplomate fut aussi une grande souveraine éprise de culture et de créations sociales et artistiques  : on vantait sa bibliothèque mais l’histoire a surtout retenu ses réalisations monumentales : Conflans lui doit une léproserie et Chambéry un nouvel hôpital dit « du Paradis » construit prudemment à l’occasion de la peste en 1469 sur la rive droite de la Leysse au delà du « parc » du Venrey. Plus plaisant son souci de l’embellissement de la chapelle du château de Chambéry qui abritait maintenant la précieuse relique du Saint Suaire et à laquelle elle ajouta en 1469-70 une puissante tour–clocher (à laquelle on donna bien sûr dorénavant le titre de « tour Yolande » mais en même temps cette musicienne dotait l’établissement d’un (premier ?) orgue suspendu œuvre de Jean Plaz facteur français venu de Meaux, le tout complété en 1476 par un choeur officiel baptisé « collége des Innocents ». Le Piémont lui doit les châteaux de Moncalieri près de Turin et surtout de Monscrivello sa résidence préférée, où elle mourut avant d’être enterrée tout à côté à Verceil ( où son époux avait déjà été inhumé) .

COLOMBO: Iolanda , duchessa di savoia. Miscellanea di storia italiana. XXXI. 2° s, XVI) 1894.

MENABREA L. : Chroniques de Yolande de France. Mémoires Académie de Savoie. Documents I° volume. 1859.

DAVISO DI CHARVENSOD  M.C.: La duchessa Iolanda. Turin.1933

BROCARD M. : Yolande de France, duchesse de Savoie, sœur de Louis x, Yens (CH), 1999

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