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136 – MARIE-ADELAIDE DE SAVOIE (1685-1712)

136 - MARIE-ADELAIDE DE SAVOIE (1685-1712)

Duchesse de Bourgogne

« la courte apparition d’une grâce »

136 duchesse de bourgogne Maria Adelaide von Savoy
Marie-Adelaide de Savoie, Duchesse de Bourgogne. Un court passé, un beau présent, un modeste futur.
136 mariage adelaide de Bourgogne
Mariage de Marie-Adelaide et de Duc de Bourgogne. Le signe d'une réconcilliation entre la France et la Sardaigne.

fille de Anne d’Orléans (135) et de Victor-Amédée II de Savoie.

Elle a une enfance un peu terne entre une mère aimante certes mais un père égoïste, personnel, mêlant l’indifférence et l’intérêt, sans affection.

136 vigne de la reine 7
La Vigne de la Reine les Princesses prennent l'habitude des maisons d'été.

Dès avril 1696, dans la foulée de la paix de Ryswick qui réconciliait Turin et Paris, les diplomates et les ministres discutent sur son mariage éventuel avec le petit-fils de Louis XIV, le duc de Bourgogne. Ce ne fut pas rien du fait de l’habileté et de l’esprit retord du duc de Savoie qui, dans son avarice, ne voulut pas donner trop d’argent à sa fille et qui joua sur sa jeunesse pour retarder la décision finale et amener le roi Louis à toujours plus de concessions. C’est ainsi qu’on invoqua la possibilité d’une autre union avec un fils de l’empereur, la nécessité pour la jeune fille de renoncer à ses droits dynastiques (ce qui posait la question d’une loi salique jouant en Piémont comme en France pour écarter les femmes du trône), il ne fallut pas moins de six mois pour régler toutes ces questions. Le duc pouvait peut-être en se forçant un peu, se lamenter sur la perte d’une charmante fille, il n’empêche qu’il récupérait avec une joie évidente la place de Pignerol prise par les Français depuis plus d’un demi siècle.

Tableau symbolique du mariage d’Adélaide de Savoie avec le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV.
Tableau symbolique du mariage d’Adélaide de Savoie avec le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV.

Partie de Turin avec une escorte réduite, elle rencontre enfin à Nemours la famille royale de France et le duc de Bourgogne « ravi de sa charmante fiancée » A peine plus âgée que Adélaïde (il est né en 1682), ce jeune homme intelligent, et bien éduqué ne manque pas d’éblouir sa jeune épouse mais aussi de la surprendre par son émotivité et son irascibilité…

Dans une cour vieillissante et déjà fatiguée (en 1690, on a déjà subi la mort de la dauphine et celle de la reine), la jeune duchesse va tout de suite s’imposer par sa vitalité, son esprit et sa grâce. Elle séduit Louis XIV (qui la couvre de compliments et de bijoux) et même madame de Maintenon (qu’elle appelait gentiment « ma tante », ce qui ravit la vieille dame » Elle est parfaite en tout, ce qui surprend bien agréablement dans une personne de onze ans… » ), mais il lui fallait bien tous ces appuis contre une foule d’ennemis contrariés ou jaloux ; ainsi les tantes (illégitimes) de son mari : la duchesse de Bourbon et la princesse de Conti mais aussi son beau-père, le grand-dauphin systématiquement jaloux et amer et enfin la princesse palatine d’Orléans (qui n’avait jamais aimé sa mère et qui détestait madame de Maintenon). Cependant optimiste, gaie et courageuse, elle s’imposa par son esprit et par sa grâce aussi bien dans les chasses que dans les fêtes ou dans les exercices d’intelligence. Elle, qui était arrivée en octobre 1796, n’épousa le duc qu’en décembre 1697, et le mariage ne fut consommé qu’en octobre 1699.

En 1700, les ducs de Bourgogne et de Berry partent en Espagne avec avec leur frère Philippe devenu roi. On rapporte alors que c’est Adélaïde qui inspira Louis XIV sur le choix de sa sœur comme épouse de Philippe.

En 1702-1703, la guerre reprend, la France défendant Philippe d’Espagne contre une coalition européenne à laquelle participe le propre père d’Adélaïde désormais écartelée entre les deux camps, même si de fait elle est (obligatoirement) fidèle à sa nouvelle patrie. Le duc de Bourgogne rejoint les armées au combat la laissant seule à Versailles en butte aux calomnies sur une série de liaisons amoureuses, le pire étant l’ironie de la duchesse d’Orléans (ex-princesse palatine) qui ne l’avait jamais aimée (pas plus d’ailleurs que sa mère que la duchesse avait élevée autrefois).

En 1704, naissance d’un premier fils qui meurt bientôt hélas.

En 1705- 1706, la guerre bat son plein, les Français assiègent Turin dernière place de Victor-Amédée II qui résiste vaillamment mais il faut attendre la venue des secours autrichiens avec le cousin Eugène de Savoie-Carignan pour que l’on puisse s’apercevoir enfin de la retraite des Français. C’est pendant ces tristes années que le duc de Bourgogne va se voir accuser d’incapacité militaire et de couardise, ce qui amène Adélaïde à intervenir courageusement et violemment pour le défendre alors qu’au même moment certains l’accusent aussi de trahison pour informer son père des initiatives françaises en Italie du Nord (ce qui expliquerait l’hostilité du duc de Vendôme à son égard).

En 1710, l’espoir revient avec la naissance d’un troisième fils, le duc d’Anjou et le mariage du duc de Berry avec Marie d’Orléans, sa cousine germaine.

En 1711, à la suite de la mort du grand-dauphin, le duc de Bourgogne devient l’héritier officiel du trône et sa femme avec, année de triomphe et de joie d’autant que les hostilités s’arrêtent enfin.

Cependant au moment même des plus grands espoirs, les difficultés apparaissent pires que jamais. Tous les talents et toutes les perspectives d’avenir s’évanouirent en février 1712 lorsque la jeune princesse meurt brusquement (à 27 ans) d’une rougeole épidémique qui emporte quelques jours après en mars, son mari et son second fils épargnant de justesse le troisième, le futur Louis XV  qui n’a que deux ans et dont la disparition eut été une catastrophe dynastique pour le royaume. On parle alors sans preuve ni raison d’un empoisonnement monté par le duc d’Orléans, neveu du vieux roi (et futur régent) qui aurait tenté ainsi de liquider toute la famille royale.

Au moment de sa mort, au milieu de la cour consternée, à un prêtre qui lui disait «princesse, reprenez vie, guérissez, la France prie pour vous » elle répondit : "Princesse aujourd’hui, demain rien, dans deux jours oubliée ….".


 

  • NOAILLES A (de) Lettres inédites de Marie-Adélaïde de Savoye, duchesse de Bourgogne, précédées d'une notice sur sa vie (1850)
  • CLERON L. de (Florenza Orsini) , Souvenirs d'une Demoiselle d'honneur de Mme la Duchesse de Bourgogne, 1861
  • BERTIERE S.: Les Femmes du Roi-Soleil, 1998

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