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160 – HELENE DE MONTENEGRO (1873-1952)

160 - HELENE DE MONTENEGRO (1873-1952), reine d’Italie

"Comment résister à une accumulation d’épreuves ?"

160 hélène
Une reine de remplacement, une souveraine vivant en bourgeoise.

Née à Cettignié du prince Nicolas Negos (1841-1921), elle est le filleule de la tsarine Marie, épouse d’Alexandre II ; relation caractéristique de l’intérêt du tsar pour cette petite principauté balkanique aussi l’envoie-t’on étudier à l’institut Smolny de Saint-Petersbourg avec une de ses sœurs. Tout se termine tragiquement car un cousin serbe lui ayant manqué de respect, un officier vient lui porter secours, d’où un duel et bien entendu un amour inadmissible entre la jeune fille et son sauveur, ce qui provoque son retour brutal à Cettignié, mais ce qui n’empêchera pas le jeune officier Karl Von Mannerheim de devenir président de la Finlande en 1917 (et son ami fidèle).

 

160 Reine Helene et Victor Emmanuel III
Le couple royal d'Italie. Photo officiel qui réduit l'inégalité de taille des deux époux.

Elle est remarquable par sa haute taille et par ses talents littéraires comme par sa famille du fait de ses onze frères et sœurs (sa sœur aînée la reine Zorka (1864- 1890) est l’épouse de Pierre I° roi de Serbie puis de Yougoslavie mort en 1921, et ses sœurs cadettes mariées à des grands ducs russes se feront connaître par leur mysticisme et leur influence sur la tsarine auprès de laquelle elles introduisent Raspoutine, quant à son frère Danilo connu comme un viveur, Franz Lehar va s’en inspirer dans la «Veuve Joyeuse»).

Sous l’influence de la reine Marguerite, (159) qui veut marier efficacement et sûrement (sans consanguinité) son fils Victor-Emmanuel (III) elle rencontre ce dernier alors prince (héritier) de Naples à la Fenice de Venise pour la biennale internationale des arts ( on l’a envoyée à Venise avec sa sœur pour laisser le choix au prince), ils se retrouvent au couronnement de Nicolas II et c’est à leur retour que le jeune homme lui fait une demande officielle (Crispi d’origine albanaise a donné son accord). Le Vatican ayant refusé tout accommodement, elle doit abjurer l’orthodoxie dès son arrivée officielle en Italie et enfin en octobre 1896 c’est le mariage civil au Quirinal et religieux à Sainte-Marie des Anges (auquel sa mère n’a pu ni voulu assister), les fêtes sont belles mais sans plus du fait de la réserve du Vatican et de la récente défaite d’Adoua (ce qui n’empêche pas la jeune souveraine d’établir une chapelle orthodoxe au Quirinal).

Dès le début, le jeune couple installé bientôt à la villa « Savoia » de Rome émerveille l’opinion par sa simplicité (le roi appelle la reine «ma femme», l’amour que chacun manifeste publiquement à l’autre, même en public enchante le pays), on admire la joie du roi libéré de sa mère qui l’avait autrefois abruti de son autorité et de ses traitements et «réveillé» par l’efficacité de sa jeune épouse pour apprendre les langues ou pour concilier le protocole et un style moderne et décontracté tout cela au grand dam de la famille royale et tout de suite on note les mauvaises relations entre les souverains et leurs cousins Aoste qui se répandent en plaisanteries sur les différences et les déficiences du couple royal. On s’amuse du « mariage des figues sèches », le prince Amédée découvre « la plaine et la montagne » et sa femme Anne (171) parle de « ma cousine bergère Hélène » (née de la famille d’Orléans, elle ne pouvait guère en effet estimer une princesse « balkanique » d’origine récente et douteuse).

En 1900, à la mort du roi Humbert assassiné, elle devient reine, est-ce enfin le bonheur tant espéré ? hélas il faut subir encore et toujours sa belle-mère ainsi que le protocole auquel le roi se plie de plus en plus dans son souci de bien faire.

En 1901, cinq ans après son mariage elle a enfin une première fille Yolande (162) (les autres Jeanne (161) et Mafalda (163) s’échelonnent jusqu’en 1907 et un héritier mâle, Humbert, n’apparaît qu’en 1904).

En Novembre 1908, la catastrophe de Messine (100.000 morts) révèle une souveraine active et efficace (elle est vraiment la première souveraine de la dynastie à assurer publiquement cette fonction) qui prend en main directement et personnellement la coordination des sauvetages.

1910, Son père jusqu’alors prince du Montenegro, devient enfin roi …

1911, Elle devient la première inspectrice des infirmières volontaires de la croix rouge).

1915, La guerre lui permet de reprendre sa vocation de charité, elle transforme le Quirinal en hôpital militaire et devient spécialiste des médicaments.

En 1921, commencent les difficultés. Son père réfugié un temps à Racconigi après son abdication forcée et son éloignement de la nouvelle Yougoslavie, meurt à Antibes suivi de peu par sa mère en 1924 (ils ont été enterrés d’abord à San Remo et en 1989 transférés à Cetignié).

Quant à elle, il lui faut se résigner au pouvoir de Mussolini qu’elle appellera systématiquement « Mr le Président » et non « Duce «  et envers lequel elle restera d’une froide politesse.

Sa seule satisfaction est dans les mariages successifs de ses quatre enfants, elle a de bonnes relations avec sa belle-fille Marie-José (165) même si la différence de génération et de culture ne suscite pas entre elles des sentiments très chaleureux.

Victor Emanuel III et la reine Helene leur fille et petit enfants en 1942. En dépit de la guerre intérieure et extérieure, la famille royale donne l'impression de la paix et de la sérénité intérieures.
Victor Emanuel III et la reine Helene leur fille et petit enfants en 1942. En dépit de la guerre intérieure et extérieure, la famille royale donne l'impression de la paix et de la sérénité intérieures.

En avril 1937, le pape Pie XI lui envoie «la rose d’or de la chrétienté», signe manifeste de la réconciliation de la papauté et des Savoie.

En novembre 1939, elle lance un appel à la paix aux souverains neutres d’Europe, initiative toute platonique qui met néanmoins Mussolini en fureur, vaine consolation dans une vie toute de réserve et de discrétion (les titres d’impératrice d’Ethiopie et de reine d’Albanie la laissent complètement indifférente).

En septembre 1943, sitôt après la signature de l’armistice avec les alliés et dans la crainte d’une attaque allemande, le couple royal quitte secrètement et brusquement Rome et va se réfugier à Brindisi avant de passer en Campanie, ce geste sauve incontestablement la famille de Savoie mais lui attire le ressentiment presque total de l’opinion furieuse de ce «lâche abandon». La reine vivement frappée par la capture de sa fille Mafalda et la fuite de sa fille Yolande et de sa belle-fille Marie-José accentue encore son silence et sa réserve. Rien ne semble plus désormais la toucher.

En mai 1946, le roi abdique (enfin !) et prend le titre de comte de Pollenzo, la reine à laquelle personne n’a demandé son avis, se contente de suivre en silence les évènements. Le ménage se retire en Egypte, à Alexandrie le roi Farouk rendant ainsi l’aide offerte autrefois à son propre père, D’ailleurs Alexandrie compte une grande communauté italienne de sorte que l’exil n’est pas trop triste d’autant que le vieux ménage a deux de ses filles restées à ses côtés.

En juin 1946, la monarchie est abolie en Italie et le 28 décembre 1947, le roi meurt au moment même où naît vraiment la République italienne.

En 1950, malade, presque aveugle, triste et déçue, repliée dans sa solitude, la reine se retire à Montpellier pour s’ y faire soigner en profitant du dévouement de son médecin le docteur Lamarque qui se dévoue entièrement à sa malade. C’est là où elle meurt dans la solitude et l’austérité en 1952 et c’est là encore qu’elle est enterrée loin de son époux et de sa famille, victime de l’histoire qui l’a dépassée et oubliée …

En 2001, l’évêque de Montpellier lui a ouvert un procès en canonisation et la République italienne lui consacre un timbre dans le cadre de la lutte contre le cancer….


 

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