Aller au contenu

Les rois d’Italie (1861 – 1945) 158-165 (définitif)

2 E. LES REINES D’ITALIE

LA FAMILLE ROYALE D’ITALIE

Nouveau virage après 1880, les orientations matrimoniales changent, l’impérialisme et les nécessités idéologiques poussent les Savoie vers les Balkans pour se marier. Les temps évoluent donnant aux femmes plus de possibilités d’expression, les unes en profitent ( Marguerite, Marie-José) les autres préférant les voies traditionnelles de la discrétion et de la charité ( Hélène) , toutes cependant adoptent de nouveaux genres de vie avec plus de simplicité et plus de joie dans l’intimité. L’absolutisme n’est plus qu’un souvenir ce qui n’empêche pas la tentation de l’autorité ( même par l’intermédiaire d’un dictateur fasciste) pour remédier aux désordres de la société contemporaine, et il faudra attendre un siècle environ pour savoir et pouvoir aborder les ambiguïtés de cette dernière. Il n’empêche que les malheurs et les épreuves se succèdent avec les guerres, les séparations, les divisions, les exils, les divorces. Il n’est pas facile d’incarner l’histoire d’un côté et de l’autre de devoir affronter les cataclysmes contemporains. Par chance ou par intelligence, les unes pourront s’en sortir, mais combien d’autres sont plutôt des victimes.


158/ ROSA VERCELLANI (Nice 1833- Pise, 1885 )

épouse morganatique de Victor-Emmanuel II

« La grandeur du petit monde »

la « belle Rosine » correspond au moins à un grand amour ( ce qui n’a jamais signifié la fidélité) et qui pour être une épouse roturière et qui plus est morganatique ( la seule de toute la dynastie sur le millénaire qui nous concerne) , ne peut être oubliée de cette liste.

Fille de Giovanni-Battista Vercellana de Moncalvo d’Asti qui appartint autrefois à la garde impériale et qui passa ensuite dans celle du roi de Sardaigne et qui en poste au château de Racconigi donna ainsi l’occasion à sa fille de rencontrer en 1847 Victor-Emmanuel .

On raconte que déguisée en officier , elle suivit son « ami » déguisée durant la campagne de 1848 juste après lui avoir donné une première fille

Remarquons que ses enfants pour être illégitimes, n’en reçoivent pas moins des prénoms caractéristiques de la famille de Savoie et seront toujours protégés par leur royal père . Tout juste devenu roi, Victor installa sa seconde famille dans le parc de Stupinigi ( On raconte que la reine Marie Adélaide ( 155) y rencontra un jour par hasard le fils de la favorite qu’elle lui parla et l’embrassa en pleurant ). Devenu veuf, le roi la logea plus luxueusement encore à la Mandria près de La Venaria dans la banlieue de Turin et au château de Sommarive Prino près d’Alba et la nomma par décret en 1859 comtesse de Mirafiori et Fontanafredda avec le nom de Guerrieri donné à ses enfants.

Ses partisans ne cessèrent de souligner sa discrétion et sa patience alors que ses ennemis dénoncèrent sa grossièreté et sa vulgarité ( le diplomate français Reiset affirme ainsi qu’en croisant la reine-mère Marie-Thérèse, elle déclara ostensiblement à ses enfants, « Voici votre grand mère »… En 1861, elle suivit le roi à Florence où le mariage religieux est célébré en octobre 1867 à San Rossore mais ce n’est qu’en 1875 , à peine trois ans avant sa mort que le roi consentit à un mariage civil. Elle lui survécut dans la discrétion et l’isolement jusqu’à sa mort à Pise à Noël 1885.

Comme il n’était pas question qu’elle fut inhumée aux côtés du roi au panthéon de Rome, ses enfants firent donc construire (en compensation ) une copie de ce dernier à Turin pour abriter ses restes

Les uns ont vanté sa gentillesse pour un roi qui pourtant ne la ménagea pas beaucoup , alors que d’autres n’ont cessé de se moquer de sa vulgarité et son orgueil. En fait, elle fut d’autant plus populaire qu’elle provoquait l’orgueil de la noblesse et flattait celui des classes moyennes , elle suscita une chanson populaire « la bela Gigogin ».

Autre hésitation historique sur le rôle de Cavour que les uns considèrent favorable à cette union qui faisait plaisir au roi en laissant le ministre plus libre de ses mouvements, alors que d’autres insistent sur les réticences de ce dernier en particulier lorsque l’on découvrit que la » belle Rosine » trompait son amant ( ce qui en soi n’était que justice puisque le libertinage de celui-ci fut constamment souligné dans toutes les chancelleries et dans tous les salons).

Alors que le prince puis roi Humbert ne cessa de manifester une froide réserve vis à vis de ses demis frères et sœur, Clotilde (156) et Victor-Amédée d’Aoste se montrèrent plus favorables à leur égard.

ILDEVILLE H. d’ : il re, il conte et la Rosina . Milan, 1996

GoNTIER M. : La Bela Rosin, fille du tambour major. Pignerol. 2001. 176 p.


159/ MARGUERITE DE SAVOIE-GENES ( 1851-1926) , première reine d’Italie

« Une grande souveraine «

épouse du roi Humbert I°

Petite-fille de Charles-Albert et de la reine Marie-Thérèse, (153) cousine de la reine Marie -Adélaïde sa belle-mère (155) et elle même -, belle- mère de la reine Hélène (160)

Fille de Ferdinand (1822-1855) duc de Gênes, fils du roi Charles-Albert et frère du roi Victor-Emmanuel II ( 1820-1879), elle se retrouve orpheline de père à l’âge de 4 ans, élevée loin de la cour par sa seule mère Elisabeth de Saxe (166/ 1830-1912) avec son frère, Thomas duc de Gênes ( 1855-1931) .

Elle a failli épouser Charles (Carol) de Roumanie (1839-1914) qui en fait va se rattraper en 1869 avec Hélène de Wied ( plus connue sous son nom d’écrivain Carmen Sylva, 1843-1916), elle épouse néanmoins son cousin germain, Humbert ( 1844-1900) à Turin en 1868. En délicatesse avec le pape, Victor-Emmanuel ne pouvait espérer trouver une princesse de sang royal dans les familles princières catholiques et bien sûr il n’était pas possible d’aggraver le conflit avec Rome en choisissant une princesse protestante, donc faute de mieux on resta « en famille », le sacrifice d’un mariage entre cousins germains n’étant pas après tout si inhabituel ( le prince Humbert en était un pur produit puisque son père Victor-Emmanuel avait déjà épousé sa cousine Marie-Adélaïde (155) et son oncle Amédée d’Aoste avait épousé sa propre nièce.(169) Un an après naît Victor-Emmanuel (III, 1878-1946) l’unique enfant du couple, ce qui fit longtemps craindre pour l’avenir de la dynastie alors que la famille de Savoie -Aoste s’épanouissait ( le duc d’Aoste, Victor-Amédée frère du roi n’avait-il pas quatre enfants ? )

La nouvelle souveraine était une femme gracieuse, vive, très cultivée, très musicienne, passionnée d’art et de littérature, ce qui explique son plaisir à fréquenter l’élite intellectuelle et culturelle du pays bien plus que la noblesse ( d’autant que les familles « noires » ( partisanes du pape) la boudent ostensiblement) ou les milieux de l’armée ou de la haute administration qu’elle méprise superbement. Ainsi la verra t-on fort liée à Benedetto Croce, au poète Carducci puis avec Gabriele d’Annunzio.

Sitôt après son avènement au trône en 1879, le couple royal va se faire connaître par un grand voyage en Italie ( où le nouveau roi manque d’ailleurs d’être assassiné par un anarchiste), mais il n’empêche qu’il faut de toutes les façons s’installer définitivement au Quirinal qui ne leur plait guère et qui ne les empêche pas d’aller périodiquement se consoler à Turin ou à Naples ( où le couple qui a reçu le titre de « prince de Naples » a vécu après 1870) .

Le couple royal pose la grave question de ses fondements car la maîtresse du roi (la comtesse Litta) est de notoriété publique mais il n’empêche que Marguerite restera toute sa vie fidèle à la fonction royale de son époux trouvant dans sa fonction publique de reine brillante et consciente de ses devoirs et dans sa fonction toute privée de mère vigilante, l’allure à la fois morale et dévouée qui fera sa célébrité ( rappelons ici la savoureuse passion de la reine pour ses immenses colliers offerts périodiquement par son mari pour se faire pardonner ses propres « trahisons »)

Passionnée de culture, la reine semble ne guère s’intéresser à la politique mais très vite elle s’affirme obsédée d’autorité autant pour étayer le nouvel Etat que la situation de son couple, ce qui explique son ralliement à Crispi et à sa politique ( plus qu’à sa personnalité). Certes elle n’oublie pas ses devoirs et la cour a enfin une reine éprise de luxe, de solennités et de festivités , ce qui ne s’était pas vu depuis des générations pour le plus grand plaisir du peuple ravi de tels spectacles (donnant au palais royal une splendeur et une mondanité dont la famille de Savoie n’avait vraiment pas l’habitude ) ce qui ne l’empêche pas de se montrer à la hauteur de situations plus tragiques ainsi lors du choléra de Naples en 1884. C’est d’ailleurs dans cette crainte permanente d’un dérèglement du système étatique ( qu’il soit directement ou non menaçant pour le couple royal ) qu’elle approuve presque publiquement les mesures répressives contre les désordres politiques et sociaux . Cette sévérité va d’ailleurs être fatale au couple puisque c’est pour venger les morts victimes de la répression de l’insurrection de Milan que l’anarchiste Bresi va tuer le roi à Monza en août 1900.

Elle reste donc encore veuve et puissante durant 25 ans, nouvelle situation jamais vue dans la famille depuis Christine de France d’autant qu’elle est –elle aussi- très influente sur son fils Victor-Emmanuel si jeune ( il n’a que 22 ans ), si fragile( dans son quasi rachitisme) et sa belle-fille Hélène si « innocente » (160/ quelle différence entre Cettigné la modeste capitale du Montenegro dont elle est originaire et la splendeur romaine ! ) c’est elle qui a inspiré leur mariage en 1896 et elle entend bien ne pas les laisser « s’égarer » ou oublier les nécessités de l’époque ( surtout devant la montée du péril des « rouges »)

Après la guerre à laquelle, elle fut favorable, elle se retire définitivement à Bordighera sur la côte ligure où elle affiche tout de suite et ostensiblement sa faveur pour les mouvements fascistes qui le lui rendent bien d’ailleurs. Ainsi c’est elle qui lors de la marche sur Rome, va tout de suite pousser le roi à reconnaître la puissance de Mussolini d’autant qu’elle entend bien ne pas laisser aux Aoste le privilège de l’amitié avec le nouveau chef du pays. C’est dans la même perspective de défense de l’ordre et de la tradition qu’elle soutient le mariage de sa petite fille Mafalda ( 163) avec Philippe de Hesse connu lui aussi pour son intérêt envers le tout nouveau parti nazi, que ne ferait-on pas en effet pour éviter le péril rouge ?. Il est loin le temps de la jeune Marguerite d’autrefois moderne et sensible devenue une vieille dame raide et sectaire, obsédée d’autorité et de « rang », d’où sa fureur devant la « mésalliance » de sa petite-fille Yolande , d’où son mépris pour sa belle-fille « sortie » du Montenegro c’est à dire de rien, d’où sa faveur pour son neveu par alliance Philippe de Hesse dont elle reçoit le mariage en grande pompe avec Mafalda à Racconigi, dernière manifestation de son « rang » où triomphnte elle reçoit Mussolini déguisé pour l’occsion en « notaire royal » Dans ces conditions, elle participe donc triomphante quoique déjà bien affaiblie au mariage à Racconigi des deux tourtereaux, en présence de Mussolini déguisé pour l’occasion en notaire royal, dernier bonheur avant sa mort survenue peu de temps après en 1926. Elle rejoint alors en grande pompe son mari et son beau- père au Panthéon de Rome qui ne reverra jamais d’autre pompe royale. Victor-Emmanuel pouvait se considérer libre de la contrainte maternelle mais ce n’était qu’un répit avant la dictature mussolinienne .

La gloire et l’histoire font parfois passer par bien des détours surprenants. La reine Marguerite est maintenant surtout connue par le gâteau « Panforte Margherita » qu’elle mangea à Sienne en 1879, par le refuge du Mont Rose qu’elle escalada en 1883 (enfin une princesse passionnée de montagne sous l’influence de son neveu le duc des Abruzzes qui la convertit à l’alpinisme ) et par la pizza qu’elle mangea à Naples en 1889 (les tomates, la mozarella et le basilic faisant les trois couleurs du drapeau italien)

Très admirée par les uns pour sa beauté, pour son dynamisme, pour sa fidélité familiale ( envers son mari, envers sa propre famille des Savoie-Gênes, envers ses neveux Aoste ) elle a été fort critiquée par les autres pour son autoritarisme idéologique et caractériel , elle paraît actuellement en dehors des intérêts historiques en cours…..

BONDIOLI D’OSIO Mario: La giovinezza di Vittorio Emmanuelle III. Lettere fra la regina Margherita e Mazrco Minghetti. 1882-1886. Rome. 1955

BRACALINI Romano La regina Margherita Milan 1983

CASALEGNO Carlo : La regina Margherita, Turin 1956- Milan 2001.

LUPINACCI Manlio La Regina Margherita, Le lettere Florence 2008.


160/ HELENE DE MONTENEGRO ( 1873-1952) , reine d’Italie

« Comment résister à une accumulation d’épreuves ? «

Née à Cettinié du prince Nicolas Negos ( 1841-1921), elle est le filleule de la tsarine Marie, épouse d’Alexandre II ; relation caractéristique de l’intérêt du tsar pour cette petite principauté balkanique aussi l’envoie-t’on étudier à l’institut Smolny de Saint-Petersbourg avec une de ses sœurs. Tout se termine tragiquement car un cousin serbe lui ayant manqué de respect, un officier vient lui porter secours, d’où un duel et bien entendu un amour inadmissible entre la jeune fille et son sauveur , ce qui provoque son retour brutal à Cettignié, mais ce qui n’empêchera pas le jeune officier Karl Von Mannerheim de devenir président de la Finlande en 1917 (et son ami fidèle)

Elle est remarquable par sa haute taille et par ses talents littéraires comme par sa famille du fait de ses onze frères et sœurs (sa sœur aînée la reine Zorka (1864- 1890) est l’ épouse de Pierre I° roi de Serbie puis de Yougoslavie mort en 1921, et ses sœurs cadettes mariées à des grands ducs russes se feront connaître par leur mysticisme et leur influence sur la tsarine auprès de laquelle elles introduisent Raspoutine, quant à son frère Danilo connu comme un viveur , Franz Lehar va s’en inspirer dans la « Veuve Joyeuse » )

Sous l’influence de la reine Marguerite,(159) qui veut marier efficacement et sûrement ( sans consanguinité) son fils Victor-Emmanuel (III) elle rencontre ce dernier alors prince (héritier) de Naples à la Fenice de Venise pour la biennale internationale des arts ( on l’a envoyée à Venise avec sa sœur pour laisser le choix au prince), ils se retrouvent au couronnement de Nicolas II et c’est à leur retour que le jeune homme lui fait une demande officielle ( Crispi d’origine albanaise a donné son accord). Le Vatican ayant refusé tout accommodement, elle doit abjurer l’orthodoxie dès son arrivée officielle en Italie et enfin en octobre 1896 c’est le mariage civil au Quirinal et religieux à Sainte Marie des Anges ( auquel sa mère n’a pu ni voulu assister), les fêtes sont belles mais sans plus du fait de la réserve du Vatican et de la récente défaite d’Adoua ( ce qui n’empêche pas la jeune souveraine d’établir une chapelle orthodoxe au Quirinal)

Dès le début, le jeune couple installé bientôt à la villa « Savoia » de Rome émerveille l’opinion par sa simplicité ( le roi appelle la reine « ma femme », l’amour que chacun manifeste publiquement à l’autre, même en public enchante le pays, ), on admire la joie du roi libéré de de sa mère qui l’avait autrefois abruti de son autorité et de ses traitements et « réveillé » par l’efficacité de sa jeune épouse pour apprendre les langues ou pour concilier le protocole et un style moderne et décontracté tout cela au grand dam de la famille royale et tout de suite on note les mauvaises relations entre les souverains et leurs cousins Aoste qui se répandent en plaisanteries sur les différences et les déficiences du couple royal. On s’amuse du « mariage des figues sèches », le prince Amédée découvre « la plaine et la montagne » et sa femme Anne ( 171) parle de « ma cousine bergère Hélène » (née de la famille d’Orléans, elle ne pouvait guère en effet estimer une princesse « balkanique » d’origine récente et douteuse)

En 1900, à la mort du roi Humbert assassiné, elle devient reine, est-ce enfin le bonheur tant espéré ? hélas il faut subir encore et toujours sa belle-mère ainsi que le protocole auquel le roi se plie de plus en plus dans son souci de bien faire.

En 1901, cinq ans après son mariage elle a enfin une première fille Yolande (162) ( les autres Jeanne (161) et Mafalda (163) s’échelonnent jusqu’en 1907 et un héritier mâle, Humbert, n’apparaît qu’en 1904 )

Novembre 1908, la catastrophe de Messine (100.000 morts ) révèle une souveraine active et efficace (elle est vraiment la première souveraine de la dynastie à assurer cette fonction publiquement ) qui prend en main directement et personnellement la coordination des sauvetages.

1910, Son père jusqu’alors prince du Montenegro, devient enfin roi…

1911, Elle devient la première inspectrice des infirmières volontaires de la croix rouge)

1915, La guerre lui permet de reprendre sa vocation de charité, elle transforme le Quirinal en hôpital militaire et devient spécialiste des médicaments

En 1921, commencent les difficultés. Son père réfugié un temps à Racconigi après son abdication forcée et son éloignement de la nouvelle Yougoslavie, meurt à Antibes suivi de peu par sa mère en 1924 (ils ont été enterrés d’abord à San Remo et en 1989 transférés à Cetigné ) .

Quant à elle, il lui faut se résigner au pouvoir de Mussolini qu’elle appellera systématiquement « Mr le Président » et non « Duce «  et envers lequel elle restera d’une froide politesse.

Sa seule satisfaction est dans les mariages successifs de ses enfants, elle a de bonnes relations avec sa belle-fille Marie-José (165) même si la différence de génération et de culture ne suscite pas entre elles des sentiments très chaleureux.

En avril 1937, le pape Pie XI lui envoie « la rose d’or de la chrétienté » , signe manifeste de la réconciliation de la papauté et des Savoie.

En novembre 1939, elle lance un appel à la paix aux souverains neutres d’Europe, initiative toute platonique qui met néanmoins Mussolini en fureur, vaine consolation dans une vie toute de réserve et de discrétion ( les titres d’impératrice d’Ethiopie et de reine d’Albanie la laissent complètement indifférente)

En septembre 1943, sitôt après la signature de l’armistice avec les alliés et dans la crainte d’une attaque allemande, le couple royal quitte secrètement et brusquement Rome et va se réfugier à Brindisi avant de passer en Campanie, ce geste sauve incontestablement la famille de Savoie mais lui attire le ressentiment presque total de l’opinion furieuse de ce « lâche abandon ». La reine vivement frappée par la capture de sa fille Mafalda et la fuite de sa fille Yolande et de sa belle-fille Marie-José accentue encore son silence et sa réserve. Rien ne semble plus désormais la toucher.

En mai 1946, le roi abdique (enfin !) et prend le titre de comte de Pollenzo, la reine à laquelle personne n’a demandé son avis, se contente de suivre en silence les évènements. Le ménage se retire en Egypte, à Alexandrie le roi Farouk rendant ainsi l’aide offerte autrefois à son propre père, D’ailleurs Alexandrie compte une grande communauté italienne de sorte que l’exil n’est pas trop triste d’autant que le vieux ménage a deux de ses filles restées à ses côtés.

En juin 1946, la monarchie est abolie en Italie et le 28 décembre 1947, le roi meurt au moment même où naît vraiment la République italienne.

En 1950, malade, presque aveugle , triste et déçue, repliée dans sa solitude, la reine se retire à Montpellier pour s’ y faire soigner en profitant du dévouement de son médecin le docteur Lamarque qui se dévoue entièrement à sa malade. C’est là où elle meurt dans la solitude et l’austérité en 1952 et c’est là encore qu’elle est enterrée loin de son époux et de sa famille, victime de l’histoire qui l’a dépassée et oubliée…….

En 2001, l’évêque de Montpellier lui a ouvert un procès en canonisation et la République italienne lui consacre un timbre dans le cadre de la lutte contre le cancer….

FALZONE DEL BARBARO Michele. Vittorio Emanuele 3. ed Elena di Savoia fotografi /. - Milan : - 165 p ?

CARACCIOMO F. Victor Emmanuel III intime. Paris, 1904.

VOLPE Gioacchino : Vittorio Emanuele 3. / - [Milan] 1939. - 254 p

BARTOLI Domenico Vittorio Emanuelle III .Milan, 1946,

CESARINI P :. Elena, la moglie del re. Florence, 1958.

ARTIERI G. Il re, Milan, 1959.

CONSIGIO A : . Vita di Vittorio Emanuelle III, Bologne 1970.

BERTOLDI Silvio. Bertoldi Silvio : Vittorio Emanuele 3. / - Turin 1970, reed. 1989., 408p

BARNESCHI Renato. Elena di Savoia : storia e segreti di un matrimonio reale /. - Milano : 1986. - 319 p.

FALZONE DEL BARBARO Michele et DE FELICE Renzo. Diario fotografico di Vittorio Emanuele 3. e di Elena di Savoia / Turin :. 1987. - 19 p.

SPINOLA Spinosa Antonio : Vittorio Emanuelle III, l’astuzio di un re. Milan, 1990

PUNTONI Paolo i : Parla Vittorio Emanuelle III , Bologne 1993

SICCARDI Cristina "Elena. La regina mai dimenticata. Fabbri. Milan 1996 puis 2001. 290 p.

REGOLO Luciano Regolo, "Jelena. Tutto il racconto della vita della regina Elena di Savoia" – Milan.2002. 796 p

PASCUCCI Isabella : Elena di Savoia nell’arte e per l’arte, inconografia et storia selle seconda Regina d’Italia. Turin, 2009 . 302 p.

LE MOAL Frederic, Victor-Emmanuel III, un roi face à Mussolini. Paris.(Perrin) 2015.


16I/ JEANNE DE SAVOIE (1907-2000) princesse de Saxe-Cobourg-Gotha, tsarine de Bulgarie 

Du fascisme au communisme

Fille de Victor-Emmanuel III et d’Hélène, (160)

sœur de Yolande,(162) de Mafalda (163) et du roi Humbert , belle-sœur donc de Marie-José. (165)

En 1930, son mariage avec le tsar de Bulgarie Boris III de Saxe Cobourg-Gotha ( né en 1894 du tsar Ferdinand et de Marie-Louise de Bourbon-Parme , 1894-1943, souverain de Bulgarie depuis 1918 et l’abdication de son père ) correspond à l’intérêt croissant du gouvernement italien pour les Balkans. Un double mariage est célèbré ( orthodoxe à Sofia et catholique à Assise ce qui évite de poser des problèmes avec le Vatican qui se rappelle que le tsar Ferdinand a fait éléver son fils dans le rite orthodoxe contrairement à ses engagements initiaux) ), elle a une première fille Marie-Louise en 1933 puis en 1937 Siméon.

En 1940, Boris conquiert la Dobroudja sur la Roumanie et s’allie en 1941 à Hitler (mais sans déclarer la guerre à la Russie), il n’empêche que le führer l’empoisonne en 1943 et la reine a bien du mal à soutenir le jeune Siméon sur un trône menacé d’abord par les fascistes puis par les communistes d’autant plus forts qu’ils sont soutenus par l’envahisseur soviétique.

Chassés à la suite d’un référendum en 1946, la reine et ses enfants rejoignent ses parents en Egypte puis son frère Humbert au Portugal où elle meurt à l’Estoril en 2000 à 73 ans.

En 1983, elle était retournée en Bulgarie, mais elle n’a pas vu son fils revenir au pouvoir en 2001 comme premier ministre.

Elle est enterrée à Assise, ayant consacré toute sa vie à saint François depuis un vœu de guérison prononcé durant son adolescence

Ses mémoires ont été publiés à Milan en 1964.

SICCARDI Cristina : Giovanna di Savoia (regina di Bulgaria) : dagli splendori della reggia alle amarezze dell'esilio /; préface du roi Simeon. - Milan : 2002. - 274 p.

LUBKA Taseva et IVAYLO Shalaf Giovanna of Bulgaria - the Queen of Compassion, 2011


162/ YOLANDE DE SAVOIE (1901-1986)

comtesse de Calvi di Bergolo

bienfaits et utilités de la vie privée

Dès sa jeunesse, la ille aînée de Victor-Emmanuel III et de la reine Hélène (160) se fit remarquer par ses talents sportifs de nageuse et de cavalière.

En 1923, première championne de la liberté conjugale des princesses royales, elle choisit délibérément une vie privée et épouse au grand scandale de son entourage et de « l’establishment » Carlo Calvi de Bergolo officier de cavalerie né à Athènes en 1887 ( mort en 1977) auquel elle donne 5 enfants .

Ils ont résidé successivement à Pignerol, Rome et surtout dans la station thyrénéenne de Castelporziano.

Sa belle –sœur Marie-José (165) la jugeait raide et peu communicative. En tous les cas, elles se retrouvent toutes deux réfugiées en Suisse en 1943-44.

En 1946, elle part avec les siens en Egypte à la suite de ses parents, mais dès la mort de son père, non soumise elle-même à la loi d’exil, elle revient à Rome où son mari meurt en 1977.

Elle a été inhumée au cimetière monumental de Turin.

Les Bergolo sont une grande famille du Cuneese, une Bergolo épousa au tout début du XX° siècle Aage, prince de Danemark, petit- fils de Christian IX, fils de Marie d’Orléans (1865-1909), et donc cousin germain d’Amédée ( 3° duc d’Aoste) qui avait épousé sa cousine Anne.171)

 

SAFIER Mariu : Jolanda di Savoia, la Principessa del silenzio /. - Turin : 1995. - 243 p.

CALVI DI BERGOLO Pier- Francesco : Ricordi di Famiglia- Milan 2005. - 329 p


163/ MAFALDA DE SAVOIE ( 1902-1944), princesse de Hesse-Cassel

la princesse martyre

Mafalda, est la dernière des filles de Victor-Emmanuel III et de son épouse Hélène de Montenegro ( 160-/ qui avait déjà eu trois autres filles et un garçon).

Elevée d’une manière moderne ( en dépit aussi des difficultés dûes à la guerre ), elle se révéla joyeuse et ouverte ( la seule enfant qui , disait-on, faisait rire automatiquement sa mère).

Elle s’est mariée le 23 septembre 1925 à Racconigi avec le prince Philippe de Hesse, lui-même fils d’un grand noble allemand, tout fier d’être autant lié aux Hohenzollern qu’aux Windsor–Hanovre et aux Saxe-Cobourg et qui avait été durant quelques semaines un éphémère roi de Finlande en 1918. Philippe semble être entré en relation avec les Savoie par l’intermédiaire de la tante même de Mafalda ,la sœur de la reine Hélène, qui avait épousé un de ses cousins Hesse.

Le roi Victor ravi du mariage de sa fille eût voulu le célébrer à Rome mais du fait de l’absence de la famille protestante du prince et de la maladie de la reine-mère Marguerite (159) , on se résigna à une cérémonie plus simple à Racconigi ( plus proche de la résidence de la vieille souveraine à Bordighera). En compensation de cette « gène », le roi donna en cadeau de mariage au jeune couple une villa proche de la villa Savoia, sa résidence romaine habituelle, « la villa Polyxène » ( du nom d’une épouse de Charles-Emmanuel III (139), elle-même originaire de Hesse-139).

Tout s’annonçait au mieux, la princesse partageant sa vie entre l’Allemagne et l’Italie, eut quatre fils dont elle s’occupa avec soin sans négliger pour autant la vie mondaine des deux pays. Officiellement elle ne faisait pas de politique même si elle ne pouvait s’empêcher de manifester son intérêt pour Mussolini suivant en cela les choix de sa grand mère et de ses cousins Aoste, d’où sa quasi rupture avec son frère Humbert, dont elle n’admettait ni la vie sexuelle débridée ni les choix politiques libéraux et surtout avec sa belle-sœur Marie-José de Belgique dont la liberté d’allure et l’audace politique ne pouvaient lui convenir, d’autant que peu à peu elle-même s’affichait parmi les partisans ouverts et actifs du führer que son mari servait avec autant de passion que d’intérêt.

A la fin août 1943, elle se rend à Sofia retrouver sa sœur Jeanne (161) au moment de la maladie et de la mort de son mari Boris III, (un Saxe- Cobourg donc lointain cousin de Philippe de Hesse, peut-être assassiné par Hitler pour n’avoir pas été un allié sûr ?). C’est là qu’apprenant l’armistice entre l’Italie et les alliés, elle décide de revenir au plus vite en Italie, d’autant que son père ne l’a pas prévenue de ses plans et en particulier du revirement des alliances ( par méfiance peut être aussi envers son gendre trop lié au grand état-major allemand). Elle débarque donc le 12 septembre dans un petit aéroport des Abruzzes au moment même où les Allemands libèrent Mussolini et occupent Rome que ses parents ont quitté peu de temps auparavant. Non sans difficulté ni prudence, elle ne rejoint pas ces derniers mais se rend dans la capitale pour reprendre ses enfants ( en fait déposés par la reine Hélène au Vatican auprès de l’abbé Montini, le futur Paul VI ) et là, suprême maladresse, forte de sa citoyenneté allemande elle joint l’ambassade d’Allemagne pour appeler son mari au téléphone ( à moins qu’elle n’y ait été appelée pour répondre à un soi-disant appel de ce dernier) en tous les cas c’est un piége car elle y est arrêtée ( Hitler furieux de la trahison du roi tient à se venger sur toute la famille royale) elle se retrouve donc transférée à Munich puis à Berlin, Bolzano et enfin à Buchenwald où sous le nom de frau von Weber elle partage un pauvre bâtiment avec un député socialiste allemand emprisonné ici avec sa femme. et où. elle passe l’hiver misérablement sans nourriture, sans feu ni vêtement ( n’ayant à sa disposition que ce qu’elle portait sur elle en septembre). C’est là qu’elle est atteinte par le bombardement américain ( le seul) du 24 août 1944, dont elle sort gravement blessée. Mal opérée et encore plus mal soignée, elle meurt dans l’anonymat et l’indifférence générale quatre jours après. Elle est enterrée dans le Taunus en Franconie au château des Hesse à Kronberg

Son mari, quoique consigné à Dachau pendant cette époque, sortira indemne de ces épreuves, il se remariera plus tard et ne mourra qu’en 1980.

PECORARI F : Vita e morte di S.A.R. la principessa Mafalda di Savoia. Hesse, 1945.

CARPENATO,Daisy di Carpenetto. Il martirio di Mafalda, principessa sabauda. Suppl. "Italia Nuova", 1946, n. 97.

GALIMBERTI B: Mafalda di Savoia, martire di Biuchenwald. Turin, , 1951

BARNESCHI R : Frau Von Weber : vita e morte di Mafalda di Savoia a Buchenwald / - 5. ed. - Milan :, 1982. - 151 p.

VIGNOLI G, DE LEONARDIS M sous la direction de TARO G : La vicenda storica di Mafalda di Savoia. – Gênes : 1996]. - 51 p.. ( Actes du congrèes de Gênes, Gênes 1994.)

SICCARDI C: "Mafalda di Savoia. Dalla reggia al lager di Buchenwald" Milan, 1999

SICCARDI C : Mafalda di Savoia / Milan 2001. - 309 p.

SAFIER M : Mafalda di Savoia Assia : un ostaggio nelle mani di Hitler /- Foggia 2006. - 165 p., [14) p


164/ MARIE- FRANÇOISE DE SAVOIE ( 1914-2001)

princesse de Buurbon- Parme

« la revanche des Bourbon-Parme »

La dernière fille de Victor-Emmanuel III et de la reine Hélène ( 160) épouse en 1939 Louis de Bourbon-Parme. (1899-1977) fils de Robert I° ( 1848-1907, qui s’enorgueillit en deux mariages d’avoir eu 21 enfants). Ce mariage marque la réconciliation des deux familles de Savoie et de Bourbon qui s’étaient déjà retrouvées aux lendemains de la guerre .Dans cette innombrable famille, Louis, citoyen français avait la particularité d’être le frère de l’impératrice Zita (la dernière et malheureuse souveraine d’Autriche-Hongrie) ainsi que de Sixte et Xavier officiers français qui servirent vainement d’intermédiaires entre leur sœur et les alliés en 1917-1918.

Pendant la seconde guerre, le prince Louis poussa son beau-père au coup d’Etat antifasciste de septembre 1943 ce qui lui valut d’être pris par les Allemands et déporté en Allemagne avec sa femme et d’être entièrement coupé de la famille d’Italie qui les crut morts

Heureusement tout se rétablit en 1945. Marie est morte à Mandelieu dans la villa qui lui avait été offerte par son père en cadeau de mariage , sept ans avant son mari auquel elle avait donné (seulement) quatre enfants.

Un neveu du prince Louis, Michel de Bourbon-Parme (né en 1926) a épousé en 2003 Maria-Pia (née elle-même en 1934, fille du roi Humbert II, donc nièce de Marie-Françoise) . Décidément 1a rupture de 1860 est bien loin.

150, 165, 


165/ MARIE-JOSE DE SAXE-COBOURG-GOTHA- BELGIQUE (1906-2001)

dernière reine d’Italie

« L’art de résister à la malchance «

Fille du roi Albert, grande figure de la défense de la Flandre durant la première guerre mondiale (1875-1934) et de la reine Elisabeth, née Wittelsbach de Bavière ( elle-même, nièce de l’impératrice Sissi aussi célèbre par son énergie que par son talent musical ( 1876-1965), dont elle hérita de la vivacité et d’un amour passionné de la liberté d’abord mais aussi des arts et des lettres.

Née à Ostende, elle a été préparée à connaître la Maison d’Italie par une lointaine cousine de sa mère, Isabelle de Bavière ( 167/ 1863-1924) qui avait épousé en 1883 Thomas de Savoie -Gènes le frère de la reine Marguerite, donc tante par alliance du roi Victor-Emmanuel III.

En janvier 1930, la gracieuse fille du roi des Belges, épousait solennellement à Rome, le jeune et beau Humbert, prince du Piémont et prince héritier du royaume d'Italie. On s'interrogea beaucoup à l'époque sur l'aspect forcé du mariage, mais au delà des ors et des honneurs, l'événement révélait la volonté de la famille de Savoie de garder des liens avec ses alliés de la Grande Guerre et en particulier avec une famille royale réputée par son respect des règles démocratiques et son goût de la modernité. Réconciliés de fait avec le pape depuis le traité du Latran signé un an plus tôt, les Savoie n'avaient plus à chercher des épouses hors des grandes dynasties catholiques et entendaient bien montrer ainsi à l'opinion que leur alliance avec Mussolini n'était que de circonstances. On n’en chuchotait pas moins sur le plaisir du roi Victor de renouer avec la reine Elisabeth qu’il avait secrètement admirée ( aimée ?) autrefois.

Même si très rapidement, elle ne se fait aucune illusion sur la cour de Rome ( qui parle de « la »négresse blonde » et sur la fidélité de son mari, Marie José n’en assure pas moins avec grand sérieux son « métier » de princesse héritière et d’épouse successivement établie à Turin , à Naples puis à Rome. C’est ainsi qu’en dépit de toutes les difficultés, elle eut quatre enfants : Maria Pia (née en 1934, épouse d’Alexandre de Yougoslavie puis de Michel de Bourbon-Parme), Victor-Emmanuel (né en 1937, époux de Marina Doria, actuel prétendant au trône d’Italie) , Marie-Gabrielle (née en 1940, épouse divorcée de Robert de Balkany) et enfin Marie-Béatrice ( née en 1943 qui épousa Luis Corvalan y Dillon).

Politiquement la situation était encore pire, le régime devenait de plus en plus fasciste en dépit de l'hostilité manifeste du jeune ménage princier au Duce qui se défendait par un chantage certain sur la vie privée assez mouvementée et scandaleuse d'Humbert, au point que certains n’hésitaient pas à conseiller à la princesse d’en profiter pour rompre une union aussi mal assortie, ce qu’elle refusa hautement et ce qui lui donna le lustre d'une jeune femme démocrate et héroïque dans son isolement matrimonial et politique. En effet ce qui n’était que réticence au début devint rapidement dès 1936 une opposition ouverte à Mussolini réduisant la vie quotidienne de la jeune femme à une série d’incidents et d’insolences ( reçus ou donnés ) qui devinrent infernaux après 1939 et bien sûr après 1940 avec l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés d’Hitler au moment où ce dernier écrasait la Belgique. Au début, chacun fait face avec courage et résignation aux difficultés du moment , c’est ainsi qu’on a parlé du rôle actif de Marie-José pour défendre directement et indirectement auprès du Führer les intérêts de son frère le roi Léopold après la capitulation belge mais les défaites italiennes ne firent qu’accroître son activité maintenant ouvertement antifasciste. Dès 1942, elle soutenait son mari et son cousin Amédée d’Aoste qui entraient en relations discrètes avec les Anglais et après leur échec, elle reprenait elle-même l’initiative par l’intermédiaire de l’ambassade britannique auprès du Vatican (avec l’aide de l’abbé Montini, le futur pape Paul VI) puis par celui du gouvernement portugais et plus fondamentalement encore avec le maréchal Badoglio lui-même.

Tout cela faillit mal finir en septembre 1943 du fait du revirement politique du roi qui élimine enfin Mussolini du pouvoir provoquant l’entrée des Allemands en Italie pour punir la famille royale de sa « trahison ». Naïf ? surpris ?, inconscient ? négligent ? Victor-Emmanuel toujours secret « oublia » de prévenir sa fille Mafalda (163) et sa belle-fille Marie-José alors en résidence à Sant’ Anna di Valdieri en Piémont provoquant la capture de la première et la fuite éperdue de la seconde en Suisse ( à Montreux puis sur les rives du lac de Thoune).

Il fallut encore attendre de longs mois pour revenir en Italie (par le Grand Saint Bernard) en avril 1945 dans de pittoresques et pénibles conditions ( à pied et à ski avec l’aide de partisans ) et retrouver enfin son mari devenu entre temps, en juin 1944, lieutenant-général du royaume mais qui dut attendre mai 1946 pour monter sur le trône auquel son père ne voulait obstinément pas renoncer. Cependant il était politiquement trop tard et le malheureux nouveau jeune roi ne put en quelques semaines redresser la situation d'autant que sa femme ne semble pas l'avoir beaucoup aidé, vengeance vis à vis d'un pays, d'une famille et d’un époux qui l'avaient si peu respectée (elle ne revit jamais ses beaux parents), réalisme et résignation devant une situation jugée inévitable ? On a aussi chuchoté à propos d’une ambition secrète ou cachée de devenir elle-même régente pour sauver la monarchie . En tous les cas, le courant royaliste fut battu lors du référendum de juin 1946 même si ce dernier ne semble pas s'être déroulé dans les meilleures conditions de démocratie et de justice.

Durant encore près d'un demi siècle, il fallut supporter l'exil ( au Portugal mais surtout à Genève et plus précisément à Merlinge) , les accidents de santé et les difficultés familiales avec une séparation immédiate de fait avec Humbert. Même si les apparence officielles furent respectées, cette rupture entraîna le « partage » des enfants ( la reine conservant la garde de son fils et laissant le roi s’occuper de leurs trois filles ) . De son côté, la république italienne même si elle ne s'acharna pas contre le souvenir et les biens de la famille royale, n’en interdit pas moins au roi ainsi qu’à son épouse « le droit au retour » .

Elle résista au sort par un intense souci de sa liberté privée et par l'indépendance de son esprit ( d’où ses multiples voyages à l’étranger et sa belle activité intellectuelle avec ses travaux sur la Maison de Savoie jusqu’au XVI° siècle ( La Maison de Savoie - Les origines-Le Comte Vert-Le Comte Rouge. Paris, 1956/ La Maison de Savoie - Amédée VIII, la jeunesse. La Maison de Savoie - Amédée VIII, le duc qui devint pape, Paris, 1962/ Emanuele Filiberto di Savoia. Un valoroso guerriero, un principe illuminato. 1994.trad. française. Genève. 1995). prouvant combien elle n'était pas pour rien issue par son père de la prestigieuse et remarquable famille des Saxe-Cobourg, mais aussi par sa mère de la dynastie bavaroise des Wittelsbach si riche en originaux, en artistes et en provocateurs. Même chez les princes, on n'échappe pas à ses origines.

Certes, épouse et princesse malheureuse, reine manquée et punie pour des fautes qu’elle n’avait pas commises ( et de loin !) , elle n’échappa pas non plus aux difficultés de la vieillesse. En 1983 elle perdit presque en même temps son mari et ses deux frères belges ( l’ex-roi Léopold et l’ex-prince régent Charles-Théodore). Cependant en 1988, elle put enfin réapparaître publiquement à Turin où elle fut reçue en grande pompe et n'en surprit pas moins ses anciens sujets par sa bonne humeur, son refus de l'étiquette et la vigueur de ses propos "démocratiques". Elle songea un temps s’établir au Mexique près de sa fille Marie-Béatrice, mais malade, fatiguée et déçue elle préféra rester à Genève où elle s’éteignit en janvier 200I, retrouvant le roi Humbert à Hautecombe en Savoie, ex-propriété personnelle des Savoie dans leur province d’origine, mais que ses enfants considèrent encore comme une prolongation de son exil loin de Rome et de Turin. On a dit que ses archives privées déposées à Londres ne pourraient être ouvertes qu’en 2071 : il nous reste donc du temps pour compléter éventuellement cette notice.

CAMBRIA A :Maria José. Milan 1966.

ARTIERI G: Umberto II e la fine della monarchia Milan, 1983

BERTOLDI S : Umberto : da Mussolini alla Repubblica: storia dell'ultimo re d'Italia / - Milan : 1983. - 203 p.

BARTOLI D : I Savoia ultimo atto / - Novare 1986. - 204 p.

DE ROLANDO I :: Maria Jose /. - Cavallermaggiore , 1988. - 459 p.

PETACCO A-Regina : la vita e i segreti di Maria Jose, -Milan 1997, 277 p.

BERTOLDI S : L'ultimo re l'ultima regina / - Milan : 1992. - 270 p

SPERONI G: Umberto 2. : il dramma segreto dell'ultimo re .Milan 1992. 369 p.

FERRARA G: Il tempo di Marie-José. Milan 1993.

INCISA DI CAMERANAL.: L’italia della luogotenenza. Milan, 1996

REGOLO L: La regina incompresa : tutto il racconto della vita di Maria Jose di Savoia -– Milan 1997 et 2002 - 454 p.

STRANIERO M : Maria José, l’ultima regina d’Itaiia Bergame. 2001 211p.

SPINOSA A. Maria Jose e i Savoia : due inconciliabili visioni / Florence : [2001]. - 63 p. ((All. a Storia e dossier, n. 159-

MARIE-JOSE de Savoie ; Giovinezza di una regina; ( trad. Atzeni Sergio). - Milan : 2001. - 346 p.,

BERTODI S : Umberto e Maria Jose di Savoia – Milan, 2002. - 256 p.

ARTIERI G, Umberto 2. il re gentiluomo : colloqui sulla fine della monarchia, Florence, , 2002. , 280 p.

LUCIFERO F et A, PERFETTO F. L'ultimo re : i diari del ministro della Real Casa, 1944-1946 Milan, 2002. 644 p

SICCARDI C. : : Maria Jose, Umberto di Savoia : la fine degli ultimi regnanti / - Milan ,2004. - 322 p.