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170 – HÉLÈNE D’ORLEANS (1871-1951)

170 - HÉLÈNE D’ORLEANS (1871-1951)

duchesse d’Aoste

« les illusions de la roche tarpéienne «

170 Helene aoste
Petite-fille de Louis-Philippe, seconde duchesse d'Aoste. Réconciliant les Orléans et les Aoste.

Fille de Philippe, comte de Paris (1838-1894) prétendant orléaniste au trône de France, elle était la petite-fille de Louis-Philippe autant par son père que par sa mère née Montpensier.

Le comte de Paris ayant interdit à sa fille de changer de religion, elle ne put épouser le duc de Clarence, fils du prince Edouard (futur Edouard VII) ni le tsarevitch Nicolas (futur Nicolas II).

Enfin elle épouse en 1895 à Kingston en Angleterre Emmanuel-Philibert second duc d’Aoste (1869-1931, fils du premier mariage d’Amédée) acte essentiel dans l’histoire des familles princières car il marque la réconciliation entre les maisons de Savoie et d’Orléans en mésentente depuis l’opposition entre Charles-Albert et le roi Louis-Philippe et encore plus depuis le mariage de Clotilde (156) et de Jérôme Napoléon en 1859.

Le mariage négocié par le comte Costa de Beauregard, profite de la nouvelle entente diplomatique franco-italienne, certes mieux organisé et finalement plus prudent que le précédent de la famille d’Orléans (entre Amélie la sœur d’Hélène et le prince Charles de Portugal) dont le luxe avait provoqué en 1886 l’exil du comte de Paris. L’union fut néanmoins bien critiquée car les ministres du roi Humbert craignaient une réconciliation feutrée avec le Vatican du fait de la tendance « légitimiste » ( bien discutable) des Orléans et de son côté le couple royal s’inquiétait des conséquences d’un mariage aussi important alors que le prince héritier était encore célibataire et semblait peu intéressé par son avenir matrimonial.

D’ailleurs même une fois le « prince héréditaire » marié, l’ambiguité continua et un peu malgré elle, Hélène se retrouva en concurrence avec sa cousine la reine Hélène (160) , se révélant plus mondaine, plus décidée politiquement que cette dernière, avec une famille plus masculine et plus active ( on lui reprocha longtemps d’avoir appelé (en privé) la souveraine « ma bergère »

La princesse se fait vite connaître par son goût pour les voyages lointains de 1909 à 1933 (en Afrique et en Extrême-Orient) . Si bien sûr elle ne joue officiellement aucun rôle politique direct , elle est cependant ouvertement partisane de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés des alliés en 1915 (volontaire de la Croix Rouge, elle devint vite célèbre et d’Annunzio lui consacra une chanson). Elle profite aussi de la popularité de son mari à la tête de la 3° armée, plus actif, plus ouvert et plus sensible que son royal cousin d’où une incontestable popularité pendant et après la guerre en particulier lors de « l’émotion » suscitée par la « renonciation » de Fiume en 1920.

Au départ plus libérale que le reste de la famille de Savoie, du fait de ses liens avec la tradition orléaniste française et la tradition britannique qui l’a vue grandir, la duchesse n’en finit pas moins dans l’amitié de Mussolini tenté de se servir de son couple contre le roi Victor-Emmanuel III (les fascistes avaient pensé mettre Emmanuel-Philibert sur le trône d’Italie en cas de résistance éventuelle de Victor Emmanuel lors de la marche sur Rome en 1921), en tous les cas Mussolini le fait nommer maréchal d’Italie en 1926. Cette liaison pour le moins dangereuse aboutit d’ailleurs à la rupture des relations entre la princesse et sa famille mais Hélène n’en eut jamais cure, persuadée du seul intérêt de la famille d’Aoste.

Elle eut deux fils Amédée (3° duc d’Aoste, 1898-1942) et Aymon Tomislav ( duc de Spolete, 4° duc, 1900-1948) qui ont tous deux profité de la faveur mussolinienne avant d’en subir les néfastes conséquences.

En 1936, veuve depuis cinq ans, la princesse épouse en secondes noces le colonel Campini et se fixa définitivement en Campanie à Capodimonte, rentrant alors complètement dans la vie privée et mourant quinze ans après, triste, solitaire (elle avait perdu ses deux fils) et bien oubliée.


ALBANESE C., La principessa beduina. L'aventurosa vita di Elena di Francia duchessa d'Aosta, Milan, 2007. 272p. ( l’auteur défend la princesse de toute liaison avec le fascisme )

FETTARAPPA S.C.: Emanuele Filiberto di Savoia Duca d'Aosta /. – Turin, 1933. - 121 p

159, 160, 168, 171, 174