1) La simplicité médiévale (XIII°-XIV°S)
1a) Châteaux forts
Lieux d’étape ou sites de carrefour, le château sert autant comme résidence que comme points de surveillance, là dessus les Savoie n’ont aucune originalité par rapport à leurs voisins, seul compte la puissance des fortifications qui déterminent les contrôles (et donc les pages) et les actes politiques et familiaux essentiels. C’est seulement avec le temps et les circonstances occasionnelles que les lieux prennent plus ou moins d’importance comme le marquent les tours, la complémentarité des fortifications. On signale bien occasionnellement des peintures, des tapisseries et de grands meubles mais l’essentiel n’est pas là puisqu’il repose sur l’efficacité de la force et du pouvoir.
Nous connaissons mal l'aspect des premiers châteaux des premiers comtes :
Certes il y eut peut-être des sièges ou des combats mais en fait, l'historiographie se limite souvent à la chronologie des naissances des mariages ou des décès princiers. Il faut attendre le XIII° s. pour constater le progrès des architectures et des décors. On a beaucoup insister sur le modèle des châteaux anglais avec des tours rondes prenant la place des tours carrées ; d'où l'importance particulière de la tour ronde du château de Chambéry présentée comme le donjon de ce dernier qui apparaît ainsi comme la résidence effective du prince et de sa famille.
1b) Des princes austères
des comtes
Il semble d'ailleurs que la plupart de ces édifices ne servaient qu'occasionnellement de résidence (familiale et estivale ?), avec de nombreuses tapisseries ou peintures murales (on mentionne ainsi les fresques ???? ) ces décors servirent souvent pour de grandes occasions en particulier pour les rencontres entre les souverains et leurs "promises" - ainsi Bonne de Bourbon (52) et Bonne de Berry (53).
des ducs
Il faut attendre le premier duc Amédée VIII, pour découvrir de véritables résidences princières ; d'où le succès du château de Ripaille sur les rives de Léman officiellement demeure conventuelle avant de devenir château ducal.
L'intérêt de ces nouveaux palais explique enfin le souci des souverains pour les ceinturer du bâtiments certainement secondaires mais néanmoins luxueux : dorénavant c'est cette majesté monumentale qui va devenir le principal caractère de ces ensembles. On comprend leurs aspects éphémères qui vont les pousser à passer de plus en plus dans la plaine piémontaise.
Turin était déjà une ville importante, quoique instable et l'installation des princes y fût lente mais décisive. Les ducs prirent possession du palais épiscopal aux côtés de la cathédrale (siège bientôt de la chapelle du Saint Suaire) et du vieux palais des Savoie Achaie (aujourd'hui Palais Madame). Ce fût l'oeuvre définitive du duc Emmanuel Philibert. Même si les vestiges médiévaux de Turin restent rares (avec en particulier les fresques de l'église Saint Dominique) le transfert de la capitale à Turin va entraîner sa mutation fondamentale. Alors que Chambéry reste modeste, Turin va bénéficier d'une croissance décisive renforcée encore par Charles-Emanuel qui donne à la ville son aspect baroque définitif.
On eut pu envisager "une option" architecturale française radicale avec le château de modèle parisien de Valentino au début du XVII° s.,
En dépit des princesses françaises, le modèle italien s'imposa et la ville baroque le resta définitivement. C'est seulement avec Victor Amédée II que la cour du Turin se donna un aspect classique français avec la série monumentale et majestueuse des châteaux royaux de "la couronne des délices".
En effet le Piémont devint ainsi progressivement une suite monumentale unique dans la péninsule inspirée de modèle classique français (en particulier avec le premier de la série à La Venaria - jusqu'au dernier à Stopinigi).
Pendant que la Savoie voit la dégradation de ses palais originels devenus surtout bâtiments officiels et administratifs, le roi Charles-Albert adopte un nouveau style "Albertin" solennel et lourd caractéristique du nouveau palais royal et des châteaux voisins (Racconigi).
On passa ainsi au style Hambertien caractéristique de la nouvelle couronne d'Italie, puis au style néo-médiéval de Pollenzo.
Les anciens palais pontificaux (Quirinal à Rome) ou Habsbourg à Monza près de Milan maintiennent la tradition de style solennel classique. On était loin de la majesté piémontaise classique mais on maintenait cependant une lourdeur toute royale équivalente à celle des palais d'Europe de Nord d'Europe Centrale.