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LES PRINCESSES DE SAVOIE, 1000 ans de l’Histoire des Alpes (X° – XX° s.)

 

Pendant dix siècles la famille de Savoie fut animée du double objectif de chercher des épouses valables et utiles à travers une foule de familles voisines plus ou moins puissantes et plus ou moins utiles. Cette trame nous donne une quarantaine de générations et presque deux centaines d’aventures matrimoniales avec tout ce que cela implique d’enchevêtrements, d’intrigues, de double-jeux, d’illusions, de déceptions, presque un résumé d’humanités ou à défaut d’histoire européenne.

Suivant les auteurs et les chercheurs, on peut n’y trouver aucun intérêt car n’est-ce pas là l’image de toutes les familles même si bien sûr il n’est pas si évident de trouver une documentation familiale aussi continue et fournie (la haute-noblesse est seule capable de fournir de tels ensembles qui nous rendent tous et chacun jaloux puisque l’on peut tous se demander si nos propres ancêtres n’ont pas connu de semblables mésaventures la seule différence venant de la variabilité qualitative et quantitative des documents.

L’autre différence est dans l’intérêt de ces «ondulations matrimoniales» qui ont étayé pendant si longtemps les politiques européennes, buts et moyens des alliances, des conflits, des ruptures pour le plus grand profit des uns ou les pires catastrophes des autres, ce qui rend finalement d’autant plus excitante ou d’autant plus dramatique chacune de ces unions au delà des personnalités concernées, des gamines monnayées dans leur innocence avec des hommes souvent déjà âgées, des femmes rouées dans leur formation politique, des personnalités éphémères qui n’ont laissé que des illusions ou des regrets.

Après des générations d’histoires « machistes » écrites par des hommes pour des hommes et à propos d’hommes, il est temps d’envisager d’autres points de vue, même s’il est bon, utile et sage de ne pas tomber d’un excès (ou d’un sexe) dans l’autre. Tout n’est pas dans tout, mais chaque mariage déjà une aventure sentimentale en soi est aussi dans cette perspective un pari sur l’avenir avec autant de chances que de malchances.

Quel contraste entre la petitesse de la principauté de Savoie et l’efficacité des mariages de cette longue dynastie et bien sûr l’on a vanté en conséquence l’habileté et l’obstination de ces «principicules» mais en approfondissant les biographies, il importe de retenir en parallèle les talents de certaines de leurs conjointes qui conscientes de leurs droits et de leurs devoirs ont été à l’origine de bien des tournants capitaux pour les Etats de Savoie.

chaque notice est accompagnée d'un chiffre initial (de 1 à 175) indiquant un "niveau chronologique" et elle est suivie elle-même des chiffres de princesses ayant un lien immédiat avec la personne concernée (mère, soeurs, filles, cousines).

On a beaucoup hésité ou plutôt varié sur les origines de la Maison de Savoie. En dépit des apparences les «Savoie» n’ont jamais prétendu venir de la province de Savoie, très tôt selon les chroniques médiévales ils se disent venir de Saxe car le second millénaire a répandu le mythe de l’origine saxonne de la «vraie» noblesse occidentale.

 Les bibliographies sont classées en ordre chronologique de publication, ce qui permet de mieux évaluer les évolutions des appréciations historiques sur nos héroïnes.

Comment présenter une princesse sous son appellation d’origine ou selon la titulature officielle née de son mariage ? la duchesse Christine, épouse du duc Victor-Amédée I°, appelée Madame Royale (101), était née Christine de France et s’en montrait assez fière mais ses contemporains la reconnaissaient sous son titre de Christine de Savoie, finalement tout est question de regards sur l’aval ou sur l’amont. Les variations de titulatures selon les études sont d’ailleurs caractéristiques de ces différences de point de vue. Les Savoyards et les Piémontais parlent volontiers de la reine Polyxène de Hesse (139) mais les Allemands connaissent surtout Polyxène de Savoie. Dans la perspective de cet ouvrage qui présente toutes nos princesses comme membres «naturels» ou importés de la Maison de Savoie, nous les avons retenues prudemment dans leurs présentations d’origine comme princesses de Savoie (de Piémont ou d’Italie) «nées» ou au contraire issues de famille étrangères devenues princesses de Savoie.


Pour mieux connaître l'Histoire de la Savoie

L’histoire de Savoie n’est pas facile d’accès, le citoyen français, ou celui qui se croit tel, n’a guère d’intérêt pour une province jugée italienne avant son annexion à la France en 1860. Ce pauvre foyer d ‘émigration qui ne se vantait que de princes douteux , n’avait trouvé sa vraie nature qu’en s’intégrant dans l’ensemble français qui lui avait apporté richesse et culture.

l’appréciation courante des érudits savoyards selon lesquels la Savoie n’a plus d’histoire après l ‘annexion est à l’inverse du jugement courant selon lequel il n’y a pas d’histoire locale avant 1860. A quoi bon connaître un Etat qui a disparu avec des princes que l’on a du mal à situer par rapport aux rois de France tant vantés par nos écoles.

Pourtant la réalité n’est pas si complexe. Il y a des Alpins ici depuis fort longtemps. On connaît mal ceux qui ont précédé les chasseurs et les pécheurs vivant sur les rives des lacs avec des niveaux de vie assez évolués selon les intéressants vestiges conservés dans les eaux qui les ont submergés.

A la différence des populations voisines des Alpes, surtout de celles postérieures adonnées à l’élevage et à l’agriculture, on connaît les noms des Celtes «allobroges», gaulois venus de l’Est et établis dans l’avant pays alpins. Ceux-ci sont restés dans les mythes locaux (d’où le célèbre hymne des Allobroges) N’ont-ils pas attaqué Rome avant de s’allier aux Romains - à la différence de Vercingétorix. Nous ne connaissons pas mieux les « petits voisins des grands massifs : les Ceutrons, les Médulles  ou les Salasses. Tous passèrent sous la domination romaine qui apporta le calme et la paix sinon la prospérité avec les villes, la vigne et le fromage . Comment se pratiqua le contact avec les envahisseurs germains signalés dès le 3° siècle ?  Comment apprécia–t’on l’évident déclin des « temps barbares » ? - difficile de le préciser. En fait le silence recouvre toute la préhistoire comme tout le premier millénaire de l’ère chrétienne. Nul ne sait si les Burgondes ont été aussi « gentils » qu’on a bien voulu le dire ni quelles furent les réactions et attitudes des souverains carolingiens : Pépin le Bref, Charlemagne, Charles le Chauve, Lothaire et de leurs successeurs des « royaumes de Provence ». On signale des chrétiens dès le 4° siècle mais peu nous sont connus à part quelques saints et quelques évêques. Que dire aussi des invasions occasionnelles des Vandales et des Sarrasins - selon les habitants des grandes Alpes. Force est donc de se contenter de quelques documents officiels et surtout de références passagères de chroniqueurs ou d’historiens le plus souvent extérieurs et étrangers.

La vraie histoire apparaît au X° siècle avec la Maison de Savoie qui a donné son nom à la région (à moins que ce ne fut l’inverse).

Humbert aux Blanches Mains et surtout ses fils et petits fils ont jeté les premiers fondements d’un Etat à cheval sur les deux versants des Alpes, contrôlant progressivement les passages alpins -d’où leurs surnom de « portiers des Alpes ». Ils vont essayer de survivre aux ambitions des deux puissances européennes avides de dominer la région - que ce fut l’empire germanique ou la papauté.

Aux XIV° et XV° siècles l’antagonisme passa entre la « Gallia » et la Germania des Habsbourg qui vont pendant des siècles essayer de s’imposer sur la pauvre Lotharingia intermédiaire.

Ambitieux et malins, jouant des mariages et des traités, les comtes sont devenus successivement ducs dès 1416, rois de Chypre et de Jérusalem dès ???? , avant de se faire reconnaître rois de Sardaigne en 1713-16, puis, comme c’était encore insuffisant, rois d’Italie en 1860 et même empereur d’Ethiopie en 1936 - ce qui leur fut fatal.

Certes bien des personnalités furent souvent douteuses mais il y eu cependant de bons diplomates et de bons organisateurs. La Savoie est finalement la seule province française qui ait conservé aussi longtemps -près d’un millénaire, des princes aussi habiles. A la différence de ses voisins lotharingiens : Benelux, Suisse, elle n’a pu rester indépendante, perdue justement par ses princes qui avaient pourtant été à l’origine de sa puissance - décidément à qui se fier ?

Toujours aux X° et XI° siècles apparaissent les premiers monastères : les bénédictins à robe noire d’Aulps, Abondance et Hautecombe, les cisterciens à robe blanche , mais aussi les chartreux du Reposoir, d’Aillon et de Chartreuse - tous sources de culture, de piété, de défrichements et de métallurgie.

Naissent à ce moment les premières voies commerciales -celles du textile reliant l’Italie et la Flandre par les cols du Mont-Cenis et des Petit et Grand Saint-Bernard, les premières villes , les premières provinces et surtout les premières élites -seigneurs locaux, bourgeois juristes et commerçants.

Le petit Etat Savoyard ne tarde pas à se faire connaître progressivement. Bien sûr, il ne peut s’imposer ni sur Lyon ni sur Genève ni sur les dauphins du Dauphiné, ni sur les villes de Lombardie, ni sur les fédérés helvétiques , ni sur les princes de Saluces et du Montferrat ni sur les Anjou de Provence et de Naples. Cependant,  il s’installe efficacement en Piémont, en Bresse et en Romandie protégés par de subtils rapprochements avec les Plantagenet et les Valois -ce qui permet une relative et utile neutralité pendant la guerre de 100 ans.

Néanmoins , cette prospérité qui entraine un évident progrès démographique ne peut se maintenir : du fait de la peste, le XIV° siècle voit la perte d’un tiers de la population .

 

 


GENERALITES
1) l'Etat Savoyard

"Une province qui fut un Etat",  Jacques Lovie a imposé cette définition de la Savoie pour mieux exprimer à-la fois sa nature et sa définition : un Etat dont la caractéristique fut pendant des siècles une famille princière qui eut son heure de gloire avant de subir le « balayage » contemporain.

Il ne s’agit pas ici d’assurer une nouvelle présentation générale de la « royale Maison de Savoie ». L’opinion savoyarde affiche une totale indifférence envers une famille qui lui a pourtant assuré une histoire d’un millénaire, record unique en Europe mais que les brassages et mutations actuels ont irrémédiablement compromis. En dépit des scandales et des changements contemporains, une telle ancienneté ne saurait disparaître sans laisser de trace d’autant que l’Italie se révèle fidèle à son histoire et que la province de Savoie indépendamment de la fierté d’avoir donné l’appellation officielle à sa dynastie, peut aussi s’enorgueillir d’être la seule province française et même européenne, à se retrouver - et avec quelle fierté liée à une dynastie encore vivante. L’histoire ne se renouvelle pas même si d’un autre côté elle ne saurait être oubliée. L’opinion et les spécialistes ne cessent de s’interroger si le nom de ces princes campés dans l’histoire, vient de la géographie (la Sapaudia, pays des sapins) à moins que ce ne fut l’inverse. D’autant que si l’Italie a su faire la distinction entre la « Sap(b)audia » (le pays savoyard) et la « Savoja » (la communauté humaine et politique) la France ne connaît indistinctement que la Savoie, sans savoir ni pouvoir en assurer une définition plus précise. Ce qui provoque la même confusion entre les « Savoisiens » et les « Savoyards » et plus généralement entre la province et l’Etat. La géographie et l’histoire se sont mêlées à plaisir pour le plus grand humour des italanophones et la plus grande confusion des francophones : où est la Savoie ? Qu’est-ce qu’un Savoyard ?


Corrigé jusqu'à ici 


La politique des Savoie :

  • A l'intérieur :
    • a) Princes et nobles
    • b) Mariages et politique
    • c) Princes et clergé
  • A l'extérieur :

Une suite modeste sur la Maison de Savoie (à distinguer la Savoie- Savoia de sabaudia) - note pour une conférence

Un record dans la durée (900 ans de régne)
La Savoie seule province française avec une dynastie,
I° question : un pays qui a donné son nom à une famille ou l’inverse ?

Souvenir bien oubliée en Savoie (je suis presque le seul), tradition républicaine et parisenne de la France
Souvenir bien gardée en Italie (sens de l’histoire)

La ruine actuelle du souvenir de la dynastie , aucun souvenir immédiat en savoie,
Desarroi intellectuel, tradition républicaine, centralisation républicaine, problème de génération
Désarroi moral ( ces princes sont tous des "pourris" )
Désarroi politique (tous des réactionnaires, tous sont inutiles
Les symboles : La croix de savoie, rouge et blanc, la croix du labarum , XII° siècle
La formule Fert ( qu'il supporte ? Qui et quoi ?)
Les enterrements de Hautecombe, de la Superga
Les saints (une spécialité de la famille) : Boniface , Louise, Humbert III, Marguerite,

les Vestiges ( pauvreté de la Savoie-richesse du Piémont)
Quelques musées, dont le Savoisien,  (peu d'achats …, très peu de dons), Quelques tableaux (hotel de ville de chambery, l’académie de savoie ) … Un seul buste de CHARLES-ALBERT À Montmélian, l'Academia di Savoie du Turin
La couronne des délices (Châteaux de la banlieue de Turin)
Le Saint Suaire
L’anneau de St Maurice
Pas de couronne, pas de sceptre
Traditions historiques

 

 


B) Les Princes de Savoie

a) LISTE DES SOUVERAINS ET SOUVERAINES DE SAVOIE

La famille de Savoie a donné en 1000 ans : 18 comtes, 14 ducs, 11 rois. Chaque souverain a ses dates de naissance, d’accession au pouvoir et de mort. Chaque souveraine a son numéro d’inscription biographique, suivi de ses dates de naissance, de mariage et  de décès.

1° comte/ Humbert I° « Aux Blanches Mains » (980-1000 ?, 1020, 1048- 1056) fils de Bérold de Saxe ( ?), époux d’Ancilla de Valais ( 0/  ???) ils ont 5 enfants dont  une fille

2° comte/ Amédée 1° « La Queue » ( 1010 ?, 1048,1052), fils du précédent, époux d’Adélaïde ( Adèle ou Adalgide) (1/ 1034 ?- 1051), certains lui attribuent trois enfants

3° comte : Oddon ( 1023, 1052, 1060),marquis d’Italie,  frère du précédent , épouse Adélaïde de Turin ou de Suse (3/ (vers1010, 1046 ?, vers 1090) dont il a  5 enfants dont deux filles

4° comte/ Pierre I° « Le Jeune » ( 1048,1060, 1076) fils du précédent, épouse Agnès de Poitiers (6/vers 1045 ,vers 1064, vers 1090) avec qui il a une fille

5° comte/ Amédée II ( 1034, 1076, 1080), frère du précédent, beau-frère de l’empereur Henri IV ,  époux de Jeanne de Genève (9/ morte vers 1095), qui lui donne quatre enfants dont trois filles

6° comte/ ,Humbert II « Le Fortifié » ( 1065, 1075, 1103) fils du précédent, épouse en 1090 de Gisèle de Bourgogne (10/ 1070-1129), sœur du pape Calixte,  ils ont eu 6 enfants dont deux filles ( une épouse le roi de France Louis VI le Gros)

7° comte / Amédée III «  Le Croisé » ( 1095, 1103, 1148), fils du précédent , meurt à Nicosie , le premier à faire figurer la croix de Savoie sur son sceau., beau-frère du roi de France Louis VII, épouse une inconnue Adélaide puis la prolifique Mathilde d’Albon (11/ 1100 .1124 .1145).qui lui donne 10 enfants ( 4 garçons et 6 filles)

8° comte/ Humbert III « Le Saint » ( 1136,1148, 1189), fils du précédent, il épouse successivement Faidiva de Toulouse (17/1133-1154), Gertrude de Lorraine, (18/ morte en 1173 ) Clémence de Zoerhingen ( Suisse 19/ morte en 1167) et Béatrice de Macon (20/ morte en 1230) , il n’en eut que cinq enfants (dont quatre filles) avant de mourir à Hautecombe où il fut le premier inhumé

9° comte/ Thomas I « l’Ami des Communes » (1157-1189, 1233) , fils du précédent , il installe sa capitale à Chambéry. I° vicaire du Saint Empire, il épouse Béatrice de Genève (24/ 1180,1195,1236) qui lui donna une énorme famille ( on hésite entre une dizaine et une quinzaine d’enfants)

10° comte,/ Amédée IV « Le Loué » (1197, 1233, 1253), fils du précédent, le premier à faire figurer « Sabaudia «  sur ses monnaies, beau-père du roi de Naples, beau-frère du comte de Provence et  frère d’un comte de Flandre., épouse en 1222 Anne de Bourgogne (28/ 1192- 1242, 2 enfants ) puis en 1244 , Cécile des Baux dite Passerose (31,/morte en 1275, 4 enfants)

11° comte/ Boniface I « Le Roland de Savoie » (1244, 1253, 1263) fils du précédent

12° comte/ Pierre II « Le petit Charlemagne » (1203 1263,1268), oncle, épouse Agnès de Faucigny (35/ 1203,1234,1268) , rédige les premiers « Statuts de Savoie », oncle d’une reine d’Angleterre et d’une reine de France.

13° comte/  Philippe I° «  Le Gonfalonier de la Sainte-Eglise » ( 1207, 1268,1285), frère du précédent , élu d’abord archevêque de Lyon.

14° comte/ Amédée V « Le Grand » (1243, 1285,1325)  neveu du précédent, épouse Marie de Brabant (39/ 1280 , 1297, 1340)

15° comte, Edouard I° «  Le Libéral » (1284-1325, 1329) fils du précédent, beau-frère d’un empereur d’Orient et du duc d’Autriche

16° comte/ Aymon « Le Pacifique » (1291, 1329,1343) épouse Yolande de Montferrat (50/  1318,1342)

17° comte/ Amédée VI « Le Comte Vert » (1334, 1343, 1383) fils, du précédent  épouse Bonne de Bourbon, la nièce du roi de France Philippe VI (52/ 1341,1365,1403)

18° comte/ Amédée VII « Le Comte Rouge » (1364, 1383, 1391) fils du précédent, épouse Bonne de Berry, la nièce du roi de France Charles V (53/ 1360,1377, 1435)

LES DUCS

19° comte et I° duc/ Amédée VIII (1383, 1391,1451) fils du précédent, célèbre  pour avoir été élu (passagèrement ) pape en 1439 .  époux en 1401 de Marie de Bourgogne (70/ 1380,1403, 1422) qui lui donna dix enfants (dont seulement deux filles)

2° duc, Louis I° « Le Généreux » (1413,1440,1465),fils du précédent, époux d’Anne de Lusignan-Chypre ( 74/ 1418,1433, 1462)  elle lui donne 19 enfants un record pour l’histoire de la dynastie

3° duc/ Amédée IX «  Le Bienheureux » (1435-1465,1472) ,fils du précédent , il épouse  en 1452 Yolande de France, ( 81/ 1434-1478) sœur de Louis XI ( qui a épousé Charlotte de Savoie sa sœur) qui lui donne 12 enfants dont 7 survécurent.

4° duc/ Philibert I° « Le Chasseur » ( 1465,1472,1482 ) fils du précédent

5° duc/Charles I° « Le Guerrier » (1468-1482, 1490) frère du précédent

6° duc/ Charles II ( 1489,1490, 1496) fils du précédent,

7° duc/ Philippe II « Sans terre » (1443,1496, 1497) grand oncle du précédent, il épouse successivement  en 1472, Marguerite de Bourbon ( 89, 1438-1483, 3 enfants) puis en 1485 Claudine de Brosse ( 91/ 1450-1513, 6 enfants) )

8° duc/  Philibert II « Le Beau » ( 1480, 1497, 1504) fils du précédent,  époux de Marguerite d’Autriche, (93, 1480,1530) petite-fille de Charles le Téméraire, Philibert a été enterré par sa femme à Brou, il était l’oncle de François I° roi de France et par sa femme l’oncle  de Charles-Quint.

9° duc/ Charles III « Le Bon » (1486, 1504, 1553) fils du précédent , époux en 1521 de Béatrice du Portugal (95, 1504-1638) elle eut 9 enfants mais seul Emmanuel-Philibert survécut. Sa sœur  ainée Isabelle épousa Charles-Quint.

10°duc / Emmanuel-Philibert « Tête de Fer » ( 1528-1553, 1580) fils du précédent, , époux en 1596 de Marguerite de Valois, (96/ 1523-1574) sœur du roi Henri II de France, il est surtout connu pour avoir installe officiellement la capitale à Turin.

11° duc/ Charles-Emmanuel I° («  Le Grand » (1562-1580, 1630) fils unique du précédent, époux en 1585 de Catherine-Michelle d’Autriche  (97/  1567-1597)  à laquelle il donna 10 enfants  dont 5 filles

12° duc/ Victor-Amédée I° « Le Lion de Suse » (1587,1630, 1637) fils du précédent/ , époux de Christine de France.( 1606, 1619, 1663), fille d’Henri IV. ils eurent 7 enfants dont quatre filles .

13° duc/  Hyacinthe  « Fleur de Paradis » ( 1632, 1637, 1638) fils du précédent

14° duc/  Charles-Emmanuel II  (1637, 1638, 1675) SURNOM frère du précédent , épouse en 1663 Françoise-Madeleine d’Orléans (1648-1664) cousine germaine de Louis XIV, puis en 1685 Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours (105,/ 1644,1724) qui n’eut qu’un seul fils unique

LES ROIS DE SARDAIGNE

15° duc, 1° roi de Sardaigne : Victor-Amédée II ( 1666,1675, 1732) , fils du précédent, épouse en 1684  la nièce de Louis XIV Anne d’Orléans (135/ 1666-1728), ils ont 8 enfants dont 3 meurent jeunes)

2° roi de Sardaigne/ Charles-Emmanuel III « Le Roi Laborieux » (  1701,1732, 1773)  fils du précédent. Il épouse successivement en 1722 Christine de Palatinat Soulzbach (138/ 1704-1723, 1 enfant ) puis en 1724 Polyxene de Hesse-Rheinfeld (139, 1706-1735, 6 enfants ) et enfin en 3° noce en  1737, Elisabeth de Lorraine ( 140,/ 1711-1741, 4 enfants dont 2 filles ) sœur de l’empereur François I°

3° roi de Sardaigne/ Victor-Amédée III « Le très Fidèle » (1726, 1773,1796) fils du précédent, épouse en 1750 Marie-Antoinette de Bourbon-Espagne.(142, 1729-1785, ils ont 12 enfants dont 6 filles –une morte en bas âge)

4° roi de Sardaigne/ Charles-Emmanuel IV «  L’Exilé » (1759,1796, abdique en1802, mort à Rome en 1819) fils du précédent, époux en 1775 de  Clotilde de France, sœur de Louis XVI (145/ 1753-1802) sans postérité

5° roi de Sardaigne,/Victor-Emmanuel I° « Le Très Tenace » ( 1759,1802, 1824), frère du précédent, époux en 1789 de Marie-Thérèse d’Habsbourg-Modène-Este.(147/ 1773, 1832 ) Il en a 7 enfants dont un seul garçon mort jeune

6° roi de Sardaigne/ Charles-Félix (1765, 1821,1831) « le Ferme »  frère du précédent , époux en 1807 de Marie-Christine de Bourbon-Sicile ( 152/ 1779, 1849) sans postérité

7° roi de Sardaigne/ Charles-Albert de Savoie-Carignan «  Le Magnanime » ( 1798, 1831, 1849) ,lointain cousin du précédent , époux en 1817 de Marie-Thérèse de Habsbourg-Toscane( 153/ 1801-1855) qui lui donne deux garçons….

ROIS D’ITALIE

8° roi de Sardaigne, I° roi d’Italie/ Victor-Emmanuel  II «  Le Père de la Patrie » ( 1820-1849, 1878), fils du précédent, époux en 1842 de sa cousine Adélaide de Habsbourg ( 155/   1822,1855)puis morganatiquement en 1869 de Rosine Vercellana  (158/ 1833-1885) qui lui donna deux enfant.

2° roi d’Italie/ Humbert I° « Le Bon « ( 1844, 1878, 1900) »  fils du précédent,, épouse sa cousine Marguerite de Savoie-Gênes  (159/1851,1926) dont il n’a qu’un fils

3° roi d’Italie/Victor-Emmanuel III ( 1869,1900,1947)le « victorieux »,  fils du précédent, époux de Hélène de Montenegro. (160/ 1873-1951), elle lui donne 8 enfants dont 2 filles et 3 garçons morts jeunes

4° et dernier roi d’Italie/ Humbert II ( 1904,1946, 1983) fils du précédent, époux en 1930 de Marie-José de Belgique (165/ 1930-2001) dont il a 5 enfants dont un seul garçon

Fils d’Humbert et prétendant actuel au trône d’Italie/ Victor-Emmanuel ( né en 1937) prince de Naples, lui-même père d’Emmanuel-Philibert ( né en  1972  ) duc de Venise.


CHATEAUX ET PALAIS


SOUVERAINS ET SOUVERAINES
dans l'Histoire de Savoie et dans l'Histoire de l'Europe

Les souverains Humbértiens X° - XII° s.
Les comtes et les comtesses XIII° - XV° s.
Les ducs et les duchesses XVI° - XVII° s.
Les rois et les reines de Piémont Sardaigne XVIII° - XIX° s.
Les rois et les reines d'Italie XIX° - XX° s.


LES PRINCESSES

Les Comtesses (Princesses regnantes en gras)

Les Duchesses

Les Reines de Sardaigne

Les Reines d'Italie


LES FAMILLES CADETTES

a) Les Savoie-Vaud du XII° au XIV°s (55 à 59) 5 Princesses et leurs filles

55 - ADELINE DE LORRAINE ( ?- 1281) fille de Mathieu de Lorraine, première épouse de Louis I baron de Vaud (1250-1302) fils de Thomas 2 (de Flandre), frère du comte de Savoie Amédée V.

56 - JEANNE DE MONFORT (1250-1300) fille de Philippe de Montfort, épouse Guy VI de Forez puis seconde épouse de Louis I° de Vaud

57 - LAURE DE FOREZ (1275-1334) , fille de Louis I° épouse Jean I° de Forez

58 - ISABELLE DE CHALON (morte en 1352) fille de Jean I° de Bourgogne , épouse Louis II 2° baron de Vaud (1269-1348) fils de Louis I°

59 - CATHERINE DE VAUD (morte en 1388), fille de Louis II , épouse Azzone Visconti puis Raoul II de Brienne et enfin Guillaume I° de Namur


b) Les Savoie-Achaïe du XIII° au XV°s  (60 à 69) 11 Princesses et leurs filles

Ville de la province de Coni, patrie du "panetone" et de "colombo cuore d'oro". Le château date du début du XIV° s.  et resta aux mains des Achaïe pendant un siècle. Typique du style médieval piemontais avec ses tours et sa cour intérieure, le château est surtout célèbre pour avoir abrité Bonne de Savoie (67) veuve de Gian Galeazzo Maria Sforza.

La famille « cadette » de Savoie-Achaie s’étend (elle aussi) sur un siècle (début XIV- début XV° s) et se caractérise par une influence et une activité intenses qui se sont pourtant terminées par un retour apaisé à la ligne de la branche aînée. Les Savoie -AchaÏe représentent certes cette tentative des Savoie de prendre eux aussi pied en Orient , politique grandiose qui a dépassé ses auteurs qui n’avaient pas les moyens de leur politique devant leurs concurrents (Anjou, Venise, Gènes, Paléologue) ; cependant ils sont aussi (et bien plus facilement et efficacement) les artisans du Piémont moderne auquel ils ont donné au delà du morcellement féodal les premières structures unitaires au point d’en faire dès la fin du XV° siècle le pivot réel et solide de l’Etat savoyard.

Tout a commencé à la suite de la 4° croisade et de la chute de l’empire byzantin lorsque la communauté d’Achaïe (ou de Morée) passe des Anjou à Philippe de Savoie ? par l’intermédiaire d’Isabelle de Villehardouin (61), cependant si la principauté grecque fut vite perdue, l’appellation resta. Tout se termina mal puisque les divisions familiales aboutirent à l’impasse d’une famille sans héritier mâle donc revenant presque miraculeusement en 1418 à la branche aînée des Savoie pour la plus grande gloire du premier duc Amédée VIII ?


60 - GUYOTTE DE BOURGOGNE (1248-1316) fille de Hughes de Bourgogne (1220-1266), épouse de Thomas III ( ?)  fils de Thomas II (1248-1259-1282).


61 - ISABELLE D’ACHAIE (1259-1312) ; fille de Guillaume II de Villehardouin(1211-1278), elle épouse Philippe 1° de Savoie - Achaïe(,?)  fils de Thomas III ( 1278-1282-1341)


62 - CATHERINE DE VIENNE (morte en 1337) fille d’Humbert I° de La Tour du PIn (1235-1307) , seconde épouse de Philippe 1°)


63 - BEATRICE DE MODENE (morte en 1339) fille de Renaud 2 de Modène , épouse de Jacques de Savoie-Achaïe ( ?) fils de Philippe 1°, (1315-1334-1367)


64 - SIBILLE DES BAUX (morte en 1362), fille de Raymond del Balzo mort en 1312, seconde épouse de Jacques d’Achaïe (1315-1334,-1367)


65 - MARGUERITE DE BERZAY-BEAUJEU (1346-1402) fille d’Edouard de Montpensier, (1316-1352) 3° épouse de Jacques d’Achaîe (1315-1334-1367)


66 - ALIX DE THOIRE, épouse de Philippe II d’Achaïe fils de Jacques (1340-1368)


66A - CATHERINE DE GENEVE (morte en 1407) fille de Pierre de Genève, épouse d’Amédée (?) , fils de Jacques d’Achaie (1363-1368-1402)


67 - BONNE DE SAVOIE (1415 -1432)fille d’Amédée VII, épouse de Louis fils de Jacques (? 1364-1402-1418)


68 - MATHILDE (1390-1438) fille d’Amédée, épouse de Louis III de Wittelsbach dit « le barbu », électeur palatin du Rhin (1378-1436)


69 - MARGUERITE (bienheureuse) (1382-1464) fille d’Amédée , épouse du marquis Théodore II de Montferrat. (mort en 1418)



c) Les Savoie-Nemours du XVI° au XVII°s (106 à 112) 7 Princesses et leurs héritières

 Les Nemours sont le dernier exemple du danger des apanages toujours tentés par la possibilité d’un séparatisme définitif. Certes leur habileté politique et leurs talents de gestion donnèrent à la province du Genevois un éclat particulier ( qui explique le succès de cette famille dans les recherches des historiens de la région ) mais leur importance découle aussi de leur rôle à la cour de France en profitant de leur parenté royale et aussi de leurs relations avec les Guise dans le clan ultra-catholique. Durant presque deux siècles ( du début du XVI° à la toute fin du XVII° ), les Nemours apparaissent au premier plan de l’histoire de France dans les guerres de religion comme durant la fronde en lien direct et étroit avec la famille royale mais aussi avec les princes du sang ( Gondi et Condé). Bien sûr l’histoire ne leur permit pas de durer et ils durent renoncer aussi bien à leur province du Genevois qu’à leurs droits sur Neuchâtel. Ce qui aurait pu très mal se terminer, connut en fait une issue tranquille permettant à la branche aînée de la Maison de Savoie de s’imposer sur une branche cadette qui de Philippe de Savoie à la duchesse Marie-Jeanne-Baptiste (105) avait pensé lier son sort à celui de la Maison de France……

AVEZOU R.: Les apanages de Genevois et de Genevois- Nemours, Revue Annesci 12. 1965.

DUCIS.  C.A. : Les ducs de Genevois de la Maison de Savoie, Revue savoisienne 1877 p. 89-90

GRANDCHAMP G. :.: Louis XIII et Richelieu à Annecy et les fourberies des Savoie-Nemours. Revue savoisienne 1961.p. 308-318.

GREYFIE DE BELLECOMBE, Les ducs de Nemours de la Maison de Savoie. Mémoires Académie de Savoie 5° série t 6. 1928. p.139-162 et Chambéry, 1928

HERLEMONT-ZORITCHAK N.. : Les ducs de Genevois-Nemours entre soumission et rébellion. Etudes Savoisiennes, 1996-1997. N°5-6. p.. 85-121.

PERRILLAT L. :: L‘apanage de Genevois au XVI-XVII° siècle. Mémoires de l’Académie salésienne. 112. 2006. 2 vol. 540 p.


106 - CHARLOTTE D’ORLEANS-LONGUEVILLE (1512-1549) fille de Louis d’Orléans , épouse en 1528 Philippe 1° de Savoie, I°duc de Nemours (1490-1533) fils du duc  de Savoie , Philippe II « sans terre »(1443-1497)


 

107 - ANNE d’ESTE (1531-1607) fille du duc Hercule de Ferrare épouse en 1568 Jacques de Savoie-Nemours (1531-1585) , 2° duc, fils de Philippe 1°.


 

108 - JEANNE DE SAVOIE-NEMOURS ( 1532-1568) fille de Philippe épouse en 1565 en 2° noces Nicolas de Lorraine-Mercoeur ( 1524-1577)


109 - ANNE DE LORRAINE (1600-1638) épouse en 1618 Henri I° de Savoie-Nemours (1572-1638) 4° duc fils de Jacques (1531-1585) 2°duc


110 - ELISABETH DE BOURBON-VENDOME (1614-1664) épouse en 1643 Charles-Amédée 6° duc de Savoie-Nemours (1624-1652) fils d’Henri I°(1572-1632) 4°duc de Savoie-Nemours


111 - MARIE-ANNE D’ORLEANS (1625-1707) épouse en 1625 Henri de Savoie-Nemours (1525-1658)


112 - MARIE-FRANCOISE (1646-1683) fille de Charles-Amédée, épouse en 1686 Alphonse de Portugal (1643-1683) et en 1668 son beau-frère Pierre II de Portugal ( 1648-1706)



d) Les Savoie-Tende du XVI° au XVII°s (113 à 120) 12 Princesses et leurs héritières

Quelle belle destinée que celle de René (1473-1525) fils illégitime de Philippe sans Terre (1438-1497) ! il faut dire qu’il eut de la chance d’être légitimé à l’âge de vingt ans au double moment décisif de l’accession de son père au trône ducal de Savoie et de son propre mariage avec Anne (1487-1554) la belle héritière des Lascaris, comtes de Tende et de Vintimille détenteurs d’un fief essentiel pour les relations entre le Piémont et le comté de Nice. Malgré lui, le grand « bastard de Savoie » passa du service familial à celui de la France où il réussit à faire une belle carrière dont profitèrent ses descendants pendant un petit siècle sur trois générations. lls surent mieux marier leurs filles que se trouver pour eux mêmes de grands, beaux et utiles partis , ce qui explique peut-être leur succès mais aussi leur fragilité

Très puissants dans toute la France du sud de la Guyenne au Languedoc et à la Provence, les « Tende » savent s’insinuer dans la guerre civile opposant les Guise et les Montmorency, donnant d’abord leur faveur aux seconds avant de rallier les premiers, opérant d’ailleurs la même versatilité entre les catholiques et les protestants (au prix parfois de leurs vies) comme entre les maisons de France et de Savoie (cette dernière profitant néanmoins pleinement de ces habiles intermédiaires , qui lui permettent de s’emparer enfin de cette enclave bien gênante qu’est Tende entre le Comté de Nice et le Piémont.

la famille s’éteint officiellement à la toute fin du XVI° siècle , Claude et Honoré les deux fils de René de Tende fondateur de la famille , n’ayant pas eu de lignées durables.

GIOFFREDO P. : Storia delle Alpi maritime. Storia Monumenta historiae patriae (Turin, 1839)

PANISE- PASSIS ( comte de ) ) Les comtes de Tende de la maison de Savoie / - Paris :,1889. - 386 p.,

113 - ANNE DE LASCARIS-VINTIMILLE (1487-1554) fille de Jean-Antoine, comte de Tende , épouse en 1498 René de Savoie (1468-1525) fils du duc Philippe II « sans terre ».(1443-1497)

114 - MADELEINE DE SAVOIE-TENDE ( 1510-1586) fille de René , épouse en 1527 Le connétable Anne de Montmorency ( 1491-1567)

115 - MARGUERITE DE SAVOIE-TENDE ( 1530-1591) fille de René épouse en 1536 Antoine de Luxembourg (1530-1557)

116 - Marie de Chabanne de La Palisse (1515-1538) fille du maréchal Jacques de Chabanne, épouse en 1533 de Claude Savoie-Tende, fils de René ( 1507-1566)

116A - FRANCOISE DE FOIX CANDALE ( + 1591 ) seconde épouse en 1539 de Claude de Savoie-Tende ( 1507-1557)

117 - Renée de Savoie-Tende (1535-1562) fille de Claude épouse en 1554 Jacques d’Urfé (1534-1574)

117A - JEANNE FRANCOISE DE FOIX ( +1542) fille d’Alain de Foix-Castillon épouse en 1540 Honorat II (1511 ?-1580) fils de René

118 - CLAUDE STROZZI (+ 1567) fille du condottiere florentin, premiere épouse en 1557 de Honorat III de Savoie-Tende (1538-1572) fils de Claude

118A - MADELEINE DE LA TOUR D’AUVERGNE 1556-1581) seconde épouse en 1572 de Honorat III de Savoie-Tende

119 - ISABELLE (1511 - ?) fille de René épouse en 1527 de Henry de Bastarnay

120 - Henriette de Savoie-Tende ( 1540-1611)fille de Honorat II épouse en secondes noces en 1576 de Charles de Lorrraine-Mayenne ( 1553-1611)



e) Les Savoie-Carignan du XVII° au XVIII°s (121 au 134) 14 Princesses et leurs héritières

I - Généralités

La famille Carignan est la seule branche cadette de la Maison de Savoie à avoir pleinement réussi puisqu’elle est parvenue à ses fins, c’est à dire accéder au trône en 1831 (par hasard certes mais en satisfaction d’un désir remontant juste à deux siècles auparavant, promotion à laquelle les autres branches ( Vaud, Achaie, Tende, Nemours, Aoste) n’ont pu arriver …

A la différence de son père et même de son grand père, Charles-Emmanuel I° s’est caractérisé par une nombreuse famille (légitime et illégitime) , il s’attacha tout particulièrement à son fils Thomas fort d’un esprit actif et plein d’initiatives auquel il fit don en 1620 du fief de Carignan (au sud de Turin) et qu’il envoya en dépit de son jeune âge comme ambassadeur à Paris . C’est là que le jeune homme se lia avec une héritière de la grande famille des Bourbon rattachée à la famille royale mais notons que Marie de Bourbon était née Montafié d’une grande famille piémontaise justement installée à Carignan, mariage décisif car Marie  (1606-1692) allait diriger la famille Carignan pendant presque tout le siècle. Elle eut aussi l’intérêt de rattacher la famille naissante des Carignan à la famille de Savoie-Nemours en voie d’extinction puisqu’elle était la propre sœur de Anne-Marie d’Orléans-Longueville dernière duchesse de Savoie-Nemours….

 La famille originelle et originale

Thomas s’afficha très tôt hostile à la politique de Richelieu et de ce fait à sa belle sœur, la célèbre Chrétienne de France , fille de roi (Henri IV) et sœur de reine ( Henriette d’Angleterre) , qui avait très vite manifesté son mépris pour sa belle-famille surtout après la mort de son mari Victor-Amédée I° (en 1637) et son accession au titre prometteur de régente, ce qui ne pouvait qu’exacerber ses beaux frères et belles sœurs qui passèrent vite de la réticence à la résistance, révolte imprégnée d’esprit nobiliaire qui anticipe à Turin la fronde parisienne de 1648. Prudente, Christine dut quitter le Piémont et se réfugier en Savoie jugée plus fidèle et venir demander l’aide de son frère Louis XIII et de son célèbre et puissant ministre. Elle n’obtint guère satisfaction mais c’est néanmoins un corps français déjà installé en Piémont qui « reconquit » la province et permit à la duchesse d’y revenir pour traiter enfin avec sa belle-famille. En 1642 au prix du pardon de la souveraine, Maurice de Carignan quitte la prêtrise pour épouser la propre fille de Christine , donc Louise-Christine sa nièce bien plus jeune que lui , ce qui lui vaudra de passer gouverneur de Nice et prince d’Oneglia. Quant à Thomas, il passa gouverneur d’Ivrée ( ayant été gouverneur de Savoie, il connaissait la fonction même s’il ne s’y intéressa guère) en tous les cas rompant avec ses alliés espagnols, il revint au camp français , apportant à Mazarin l’aide puis l’intégration de son régiment particulier ( qui prit le nom de Carignan- Sallières) . Prudent néanmoins il revint vivre à Paris où il s’installa dans l’hôtel de sa femme, devenu le célèbre hôtel de Soissons puisque Marie avait hérité de son frère le comté de Soissons qui devint le titre principal de son fils cadet. Passant en fait au service français Thomas prudemment ne prit aucune part à la Fronde, préférant faire campagne en Flandre et surtout en Piémont pour aider officiellement Christine et ses enfants.

A sa mort en 1656, Thomas laissa à son épouse une fille Louise-Christine (1627-1689) un fils aîné Emmanuel-Philibert (1628- 1709, 2° prince de Carignan) et un cadet Eugène Maurice (1633-1673, I°comte de Soissons) Louise-Christine, jeune idole du « tout Paris «  épousa François-Maximilien prince de Bade, (1625-1669) qu’elle lia à sa vie mondaine parisienne , mais l’arrivée d’un fils en 1655 accentua la fureur du margrave son beau père, qui obligea son fils à revenir au pays et qui favorisa aussi l’ enlèvement du petit Louis-Guillaume ( 1655 -17O7) . Louise-Christine resta seule à Paris et ne revit jamais son mari ni son fils que l’on regretta d’autant plus qu’ils firent tous deux de brillantes carrières dans les armées Habsbourg.


II - Les Soissons ( la tentation des femmes et des Habsbourg) - (121 - 125)

Eugéne-Maurice (1633-1673)fut au demeurant un homme sérieux était néanmoins sans grande personnalité ni intelligence, gouverneur de la Champagne et du Bourbonnais, ambassadeur à Londres , officier valeureux, colonel des Suisses, il mourut jeune à 40 ans en Westphalie Il fut fort seulement de son mariage avec Olympe Mancini (1639-1708), la belle et active nièce du cardinal Mazarin , célèbre pour avoir été comme sa sœur Marie, une des premières affection amoureuse (malheureuses bien sûr) du jeune Louis XV . Active, affairiste, sensuelle elle eut certes les faveurs de la cour mais ses intrigues accentuées encore par son veuvage la firent accuser d’avoir participé à la célèbre « affaire des Poisons «  en empoisonnant l’ex-amie du roi, Louise de la Vallière, mais aussi son propre mari et pourquoi pas la propre belle-sœur de Louis XIV, Henriette d’Orléans Prudente elle s’exila à Bruxelles en 1680 passant dès lors presque les trente dernières années de sa vie à voyager et à intriguer .

Ce curieux ménage n’en eut pas moins de huit enfants laissés de fait à leur sort ( ou ) aux soins de leur grand-mère Carignan-Bourbon. Trois garçons et trois filles eurent de médiocres destinée ( nuançons pour le « chevalier de Savoie » Philippe qui , à 20 ans, assassina un amant de sa tante Hortense Mancini ) à la différence de leurs frères Eugéne et Louis-Thomas.

Nous ne nous attarderons pas trop ici sur le célèbre « prince Eugène « ( 1663-1736) maintes fois décrit et célébré. Retenons cependant que refusant de devenir prêtre comme l’y pressait Louis XIV et se vexant de voir le roi si peu soutenir son ambition militaire , il quitta la France (au moment même où éclatait le scandale de sa mère) pour rejoindre son oncle et son cousin de Bade dans le camp Habsbourg où il se fit rapidement remarquer dès 1683 en défendant Vienne contre les Turcs. Chef de guerre actif, valeureux et tenace, grimpant progressivement dans la hiérarchie militaire habsbourg, on le voit pendant une quarantaine d’années lutter contre les Français (en Allemagne du Sud avec le duc de Malborough pour s’imposer à la célèbre bataille de Blenheim en 1704 ou en Piémont en 1706 à Turin pour défendre son cousin Victor-Amédée II ) mais aussi contre les Turcs auxquels il reprend la Hongrie , Belgrade et la Serbie ce qui lui valut bien sûr d’un côté la reconnaissance des Hongrois ainsi « libérés » mais aussi leur amertume de se voir tombés malgré eux sous la domination habsbourg…. . Passionné d’art , devenu tout puissant mais toujours discret sur lui-même , Eugène fut une des figures européennes les plus célèbres de son époque dont la France ne cesse de regretter l’exil ( dénonçant l’erreur fatale du mépris de Louis XIV ou au contraire selon d’autres la « trahison » de cet « aventurier » ) .Cette complexité explique largement la richesse de l'historiographie de ce grand personnage : était-il ou non homosexuel ? eut-il conscience d'être un défenseur des Habsbourg ou un nouveau croisé conscient de la "libération" de l'Europe centrale ?

Eugéne avait été rejoint dans son « transfert » par son frère aîné, le second comte de Soissons, Louis-Thomas (1657-1702) que Saint-Simon nous décrit méchamment : «  C'était un homme de peu de génie, fort adonné à ses plaisirs, panier percé qui empruntait volontiers et ne rendait guère. Sa naissance le mettait en bonne compagnie, son goût en mauvaise. À vingt-cinq ans (en 1682), amoureux fou de la fille bâtarde de La Cropte-Beauvais,(1655-1717) écuyer de M. Prince (de Condé) le héros, il l'épousa au désespoir de la princesse de Carignan, sa grand'mère, et de toute sa parenté. Elle était belle comme le plus beau jour, et vertueuse, brune, avec ces grands traits qu'on peint aux sultanes et à ces beautés romaines, grande, l'air noble, doux, engageant, avec peu ou point d'esprit. Elle surprit à la cour par l'éclat de ses charmes qui firent en quelque manière pardonner presque au comte de Soissons; l'un et l'autre doux et fort polis.


.On a vu en son temps comment le comte de Soissons était sorti de France, et comment il avait été rebuté partout où il avait offert ses services. Ne sachant plus où donner de la tête, il eut recours à son cadet le prince Eugène et à son cousin le prince Louis de Bade, qui le firent entrer au service de l'empereur, où il fut tué presque aussitôt après. Sa femme, qui fut inconsolable et qui était encore belle à surprendre, se retira en Savoie ( ?????) dans un couvent éloigné de Turin où M. de Savoie enfin voulut bien la souffrir. Leurs enfants, dont le prince Eugène voulait faire les siens, sont tous morts à la fleur de leur âge, en sorte que le prince Eugène, qui avait deux abbayes et n'a point été marié, a fini cette branche « 

Louis-Thomas eut en fait deux enfants passés eux aussi à Vienne près de leur oncle. Un fils Emmanuel (1687-1729) 3° et dernier comte de Soissons épousa la richissime Marie-Thérèse de Liechtenstein mais cette union courte suivie d’un héritier décédé lui aussi jeune et sans enfant clôtura la branche des Carignan-Soissons. Victoire, sa sœur (1683-1763) elle aussi n’eut pas d’héritier, célèbre par son mauvais caractère, elle a 55 ans quand en 1738 elle épouse un lieutenant de son oncle : Frédéric de Saxe-Hildurghausen, de 19 ans son cadet, qui lorgnait de fait l’énorme fortune transmise par  le prince Eugène  à sa nièce et seule héritière. Rien ne se déroula comme convenu car le couple se sépara en 1752 n’ayant rien gardé du grand général puisque l’empereur Léopold se fit « restituer » ses châteaux et ses livres, le reste ( les tableaux et dessins ) passant à Turin aux mains du roi Charles-Emmanuel III et actuellement à la galleria Sabauda)


  1. (MARIE DE BOURBON-SOISSONS ,

princesse de Carignan   (16O6-1692)

Marie était la fille du second mariage du prince du sang, ’Henri II d’’Orléans-Longueville ( 1596-1663)») avec

Anne-Geneviève de Bourbon-Soissons (1617-1679) , sœur du grand Condé, cousine de la première épouse de son vieux mari , qui «  sous le nom de Mme de Longueville a fait tant de bruit dans le monde, et tant figuré dans la minorité de Louis XIV. «  ( Saint-Simon) Anne était l’arrière-petille-fille du connétable Anne de Montmorency (donc liée à la famille des Savoie-Tende, connue surtout pour avoir été la maîtresse de François de La Rochefoucauld , l’auteur des « Maximes »

Marie était aussi la demi-sœur de Anne-Marie d’Orléans-Longueville,(111) fille du premier mariage de son père et dernière princesse de Savoie-Nemours avec qui elle entretint des relations chaotiques du fait des donations de cette dernière (sans enfants) aux frères de Marie, en particulier Louis de Soissons et surtout au fils de ce dernier le « bâtard » Louis-Henri de Bourbon, au détriment du reste de la famille.

En 1625, Marie de Bourbon- Soissons épouse  Thomas de Carignan (1596-1658) fils cadet du duc Charles-Emmanuel venu à Paris représenter son père, Son époux essaya vainement de l’installer à Turin (et même à Madrid) mais elle n’en finit pas moins sa longue vie en France comme sa sœur

Par les Longueville, les Carignan se retrouvaient ainsi liés dès leurs origines avec les Nemours en voie d’extinction

Marie était un des meilleurs partis de la cour de France, Son père Charles de Bourbon-Condé ( 1566-1612) était prince du sang, comte de Soissons et de Dreux, gouverneur du Dauphiné et de Normandie, il avait épousé Anne de Montafie issue d’une noble famille piémontaise qui servit certainement d’intermédiaire entre les Bourbon et les Carignan lors de l’occupation du Piémont sous Henri II . Par sa grand mère et par sa sœur, Marie était étroitement liée aux Bourbon-Condé et aux Orléans-Longueville ( dont Agnès de Savoie avait été à l’origine, cf 78) et par ces derniers aux Savoie-Nemours ( avec Charlotte -106 et Anne-Marie -111) et en plus une de ses tantes était une Lorraine-Guise. Bref l’union était bien montée d’autant que Charles-Emmanuel I° continuait à se lier toujours davantage avec la maison de France .

Marie est d’abord destinée au couvent d’où on la sort pour épouser en 1625 Thomas de Carignan (1596-1658) neuvième fils de Charles-Emmanuel I°, frère du futur duc Victor-Amédée I° et du cardinal Maurice, alors ambassadeur de son père à Paris. Il s’agit alors de négocier une nouvelle alliance et le mariage de son frère, le prince héritier, avec la dernière fille de la reine Marie de Médicis… , bref un grand mariage à la hauteur de la diplomatie du duc de Savoie , de l’ambition de son fils et du souci de prestige des Bourbon.

Marie s’ installe à Turin où elle s’oppose rapidement par jalousie et par dépit à sa belle-sœur (et cousine) Christine de France , d’où un jeu serré d’intrigues et de manœuvres en faveur bien sûr de Thomas contre le prince héritier Victor-Amédée (futur Victor-Amédée I°) dont la disparition va accentuer les divisions de la cour de Savoie et en particulier du fait de la rupture officielle des Carignan avec la régente en 1638-39, ce qui l’amène à partir à Madrid chez les alliés espagnols de son mari, mais à y être bientôt sinon emprisonnée du moins « retenue » lorsque le versatile prince se rapproche de la France . Pas question pour Marie de cohabiter à Turin avec la duchesse Christine d’autant qu’elle vient d’hériter du comté de Soissons et à Paris du somptueux hôtel du même nom suite à la mort en 1641 de son frère le comte Louis de Soissons, le célèbre grand ennemi de Richelieu tué à la bataille de Sedan et qu’il fallait enfin profiter de la faveur royale ( Thomas ayant obtenu comme prix de son ralliement le droit prestigieux de passer protocolairement juste après les princes du sang ainsi que la charge de grand-maître de la Maison du Roi en remplacement des Condé punis pour être restés fidèles aux Espagnols) .

Du fait des incessantes absences de son époux ( mort en Piémont en 1658) elle apparaît rapidement comme une grande figure de la vie parisienne et une fois devenue veuve elle s’impose comme chef réel de la famille de ses enfants et petits enfants, non sans problème puisqu’elle accusait sa belle-fille Olympe (123) d’avoir empoisonné son mari et d’avoir abandonné ses enfants en souffrant aussi de la « trahison » de ses petits- fils Eugène et Louis-Guillaume ( 122)

Elle mit au monde quatre fils (deux eurent une descendance : Eugène-Maurice (I° comte de Carignan-Soissons , 1633-1673 cf 123) et Emmanuel-Philibert ( 2° prince de Carignan, 1628-1709, qui sourd et muet fut la grande angoisse de ses parents, cf 124 ) plus deux filles : Louise (122, qu’elle sut garder auprès d’elle ) et Christinemorte en bas âge) .

Le passage ( ou la trahison) d’une partie de sa famille dans le camp habsbourg l’affecta bien sûr même si elle veilla à n’en point trop souffrir d’autant qu’elle finit sa vie alitée mais sans renoncer à ses réceptions «  laide mais de grande mine , de l’esprit, bonne femme, et tres libérale » ( Mme de Montpensier ) , » une grande santé qui tenait du prodige et toujours uniforme, toute sa tête, et beaucoup d’esprit , de grandeur et de considération …. » ( Saint-Simon) . Il n’empêche qu’elle mourut à 86 ans tristement et inévitablement désillusionnée car éloignée d’un de ses fils établi à Turin, en ayant enterré ses autres enfants sans tirer satisfaction de ceux qui lui restaient en fait et en droit.

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122/ LOUISE-CHRISTINE,(1627-1689) margrave de Bade

Fille de Thomas de Savoie-Carignan (l’intriguant beau-frère de Christine de France) et de Marie de Bourbon-Condé ( 121)

Devenue par la célébrité de ses parents une des plus jeunes idoles du « tout Paris » de la régence d’Anne d’Autriche, Louis-Christine épouse en 1653 à Paris François (Ferdinand) -Maximilien de Bade-Bade (1625-1669) fils et héritier du margrave Guillaume.I° de Bade Remarquons à ce propos l’importance des mariages « germaniques » des Savoie en ce milieu du XVII° siècle puisque quatre ans avant Louise-Christine, sa cousine Henriette-Adélaide avait épousé l’électeur de Bavière, ces deux alliances révélaient le génie de leur vrai inspirateur Mazarin qui, sut admirablement jouer en géopolitique mais aussi dans le souci d’équilibre et de parallélisme des branches familiales dans les clans qui le concernaient.

Le jeune couple fut initialement assez heureux et brillant au point que la jeune princesse ne put admettre de quitter la capitale du royaume de France (mais aussi sa mère -121- de plus en plus décidée à être le chef de la famille du fait des absences du prince Thomas ) et réussit même à en convaincre son mari.

La naissance d’un fils : Louis, en 1655 aggrava encore la crise car le margrave Guillaume, âgé et soucieux de sa succession, ne put admettre les absences et l’éloignement de ses héritiers d’où le scandale de la séparation des jeunes époux et de rapatriement presque forcé en Allemagne du bébé à peine âgé de trois ans par son père « médiocrement content de sa femme » . François-Ferdinand ne tira guère profit de son retour puisqu’il mourut en 1669 d’un accident de chasse à Heidelberg juste avant d’être intronisé à la tête de sa principauté.

Louise-Christine ne put récupérer son fils Louis-Guillaume de Bade-Bade ( 1655-1707) resté en Allemagne sous l’influence de sa grand-mère (en fait la seconde épouse du margrave Guillaume  mort en 1677 ) , elle n’en resta pas moins une grande figure parisienne liée à l’hôtel de Soissons de sa mère qu’elle précéda de trois ans dans la mort. Elle eut le temps de voir (de s’enorgueillir d’un côté mais aussi de regretter) les victoires de son mari et de son fils qui , sous l’influence de son neveu le prince Eugène, firent de belles carrières dans les armées Habsbourg ( surtout son fils dans la reconquête de la Hongrie en 1687-1689)


123 - OLYMPE MANCINI (1639-1708)

la fille de Michele Mancini et de Geronima Mazarini ( sœur du cardinal Mazarin) .avait été amenée en France en 1647 à l’invitation de son oncle et protecteur devenu bientôt de fait premier ministre à la mort de Richelieu….

sa sœur cadette Hortense (1646-1699) , considérée comme une des plus belles femmes de son siècle, s’était illustrée par son succès dans les cours européennes, Charles II d’Angleterre et Charles-Emmanuel II de Savoie la demandèrent en mariage mais le cardinal l’obligea à épouser en 1661 le duc de la Meilleraie , d’où ses fuites en 1668 puis en 1672 en Savoie où elle resta trois ans sous la protection de Charles-Emmanuel qui se garda bien néanmoins de l’inviter à Turin ( elle passa ensuite en Angleterre )

Forte de ses beaux et grands yeux, Olympe a été courtisée par Louis XIV mais Anne d’Autriche et le cardinal s’y opposent et la poussent en 1657 à se marier avec le prince Eugène-Maurice de Savoie-Carignan ( 1633-1673), certes le jeune époux n’a guère de personnalité mais fort de son amitié (et de sa passivité) avec le roi, il reçoit en 1662 le duché-pairie d’Ivoy en Ardennes rebaptisé Carignan et devient successivement gouverneur du Bourbonnais, de Champagne et ambassadeur à Londres avant de passer dans l’armée ce qui ne lui réussit guère puisqu’il meurt bientôt en Westphalie en 1673

il avait eu le temps de donner à sa femme cinq enfants ( cinq garçons) Louis (que l’on a considéré comme un fils naturel de Louis XIV, 1657-1702) , Louis- Jules ( dit « le chevalier de Savoie  ou de Soissons »1660-1683) , Emmanuel-Philibert « le comte de Dreux » 1662-1676) , Eugène (le généralissime au service des Habsbourg, 1663-1736) et Philippe (1659-1693, qui s’illustra en tuant en duel le baron de Banier, l’amant suédois de sa tante Hortense en 1683 ).

Même mariée, Olympe fut très jalouse de la passion de Louis XIV pour sa sœur Marie en 1658, mais elle ne partagea pas sa disgrâce et resta en France pour mieux tomber néanmoins dans les intrigues de la cour (d’où son appui puis son hostilité à Louise de la Vallière et enfin sa mystérieuse participation éventuelle à l’affaire des poisons en 1679 avec la rumeur qu’elle avait empoisonné son mari en 1673. Le scandale provoque en 1680 son exil qui l’amène successivement dans les Pays Bas mais aussi en Espagne et en Angleterre toujours passionnée, toujours active, toujours affairée jusqu’à sa mort survenue finalement à Bruxelles loin des siens en 1708

Olympe marque la fin de l’éclat parisien des Carignan. Eugène quitte la France presque au moment même de l’exil de sa mère en 1680-83 emmenant dans sa suite ses frères Philippe et Louis-Jules mais aussi son oncle et son cousin de Bade.


124 - ANGELA-MARIA - CATERINA D’ ESTE-MODENE ( 1656- 1722), princesse de Carignan

Elle est  la fille de Borso (1605-1657) cadet de la famille ducale de Modène qui avait épousé sa cousine Hyppolite d’Este (1620-1656)

Elle épouse en 1684 Emmanuel-Philibert , 2° prince de Carignan (1628-1709),. Comment et pourquoi cette union avec un homme sourd et muet  bien plus âgé qu’elle ? Certes Emmanuel-Philibert se devait de s’établir à Turin pour y garantir les biens des Carignan mais normalement il n’avait dans sa situation guère de possibilité d’y trouver une épouse alors que son cousin Victor-Amédée II prince régnant n’avait pas encore d’enfant .

Ce mariage attira sur le « jeune ménage » les foudres de Louis XIV désireux de trouver un parti français à son cousin d’où l’obligation pour le couple sous le nom de marquis de la Chambre, de se retirer à Bologne et faire ensuite acte de soumission au roi de France pour revenir à Turin . Durant le siège de 1706, il fut tenu prisonnier par les Français et c’est sous la seule protection du duc de la Feuillade qu’il obtint de se retirer dans son château « rural » de Racconigi.

Emmanuel-Philibert était sourd et muet, ce qui avait beaucoup ému l’opinion à sa naissance même si sa mère Marie de Bourbon (121) avait réussi à lui faire apprendre à Madrid la technique de lire sur les lèvres de ses interlocuteurs. En dépit de son infirmité, le prince était intelligent, bien éduqué et passionné d’art ( c’est lui qui confia à l’architecte Guarino Guarini la construction du nouveau palais familial de Turin et le réaménagement de Racconigi )

En 1709, Angela resta donc veuve avec quatre enfants dont Victor-Amédée le 3° prince, Marie-Victoire ( 1687- 1763 qui épouse en 1721 Giuseppe Malabalia comte de Cercenasco) ; Isabelle-Louise qui eut trois mariage successifs (A Raparelli di Lagnasco, E. Cambiano di Ruffia et C. Bandrate de San Giorgio) , mais toujours active elle se retira avec ses enfants à Bologne, pour bien marquer sa volonté de ne pas rester sous l’influence de son royal et autoritaire cousin turinois et au contraire pour se rapprocher de sa famille de  Modène.


125 - VICTOIRE-FRANCOISE DE SAVOIE (1690-1766) dite « Mademoiselle de Suse »,

fille bâtarde de Victor-Amédée II et de Jeanne-Baptiste de Verrrue née de Luynes .

Madame de Verrue, la jeune et belle fille du duc de Luynes poussée par son mari, sa belle-famille et les appuis de la duchesse-mère, Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, avait succombé en 1689 aux avances de Victor-Amédée II d’où la naissance rapide de Victoire-Françoise très vite célèbre par sa grande beauté reçue de sa mère . Cependant tout se gâta très vite du fait des intrigues de la cour ( avec une tentative d’empoisonnement de la favorite), de la retraite forcée de la seconde "Madame Royale" Jeanne-Baptiste et d’une série de propos « infâmes » sur la cupidité de madame de Verrue ( accaparement d’une partie du trésor ducal) et ses soi-disantes activités d’espionnage. Madame de Verrue s’enfuit en 1700 laissant ses enfants au duc

Très belle et déjà consciente de son rang, la jeune Victoire avait refusé d’épouser lord Petersborough ambassadeur anglais à Turin

Elle épousa donc en 1714 à Moncalieri , Victor-Amédée 3° prince de Carignan (1690-1741) . Elle bénéficiait ainsi de la paix signée à Utrecht par laquelle son royal père s’était de fait réconcilié avec la France mais il fallut bientôt se rendre compte de la passion dévorante du jeu chez le nouveau marié rapidement couvert de dettes que le roi et sa mère poussèrent bientôt à regagner Paris pour profiter officiellement de l’hôtel de Soissons  confisqué par Louis XIV après les scandales d’Olympe et la « trahison » de son mari et dont la paix avait permis la restitution aux Carignan. Loin de se calmer le débauché transforma son palais en un « somptueux et ruineux tripot » qu’il prêta au dangereux spéculateur et banquier John Law qui aggrava encore la ruine du prince. Accumulant les imprudences, ce dernier nommé par le régent à la « surintendance des menus plaisirs » avait eu aussi la dangereuse ambition d’initier les Parisiens à l’opéra italien, ce qui était beaucoup leur demander d’où un retour de l’imprudent à Turin auprès d’un roi de plus en plus réticent pour l’aider et l’avènement de Charles-Emmanuel III en 1730 n’arrangea rien car le nouveau roi refusa de le soutenir plus longtemps. Il fallut donc revenir à Paris d’où de nouvelles et ruineuses dépenses somptuaires , de plus en plus de jeux et bientôt une mort en 1741 qui  fut en fait une délivrance…

En tous les cas, la pauvre Victoire ne fut pas épargnée pour autant car elle dut régler la ruine et les dettes de son mari , vendre l’hôtel de Soissons et ses collections et ne se sauvant que par l’aide de l’héritage de leur mère et par les amis bien placés qu’elle s’était faite depuis son retour en France .


 


 

III - Les dangers 

A) La branche aînée , le danger du jeu ( XVIII° siècle) - (126 - 130)

Le second prince de Carignan fils aîné de Thomas, Emmanuel- Philibert (1628- 1709) avait eu un mauvais début puisqu’il était sourd et muet , catastrophe rare d’autant plus dramatique que son père ne semble pas s’être beaucoup occupé du petit infirme. Heureusement sa mère profita de son installation provisoire à Madrid ( avant le retournement d’alliance de son mari) pour l’y faire soigner (le traitement de la surdité étant alors un spécialité médicale espagnole) , ce qui lui permit de reconnaître le parler des lèvres et de communiquer avec les beaux esprits de son époque ( en particulier avec le philosophe historien Tesauro.)

A la mort de son père, il était revenu s’établir à Turin où très intelligent et intellectuel, il se passionna pour la lecture mais aussi pour les arts d’où en 1675 sa rencontre et son entente avec l’architecte Guarino Guarini fort connu pour avoir construit la chapelle du Saint Suaire et auquel il confia la construction en 1676 et 1679 du château estival de Racconigi et du palais familial de Turin, dénommé « palais Carignan » dont l’architecture s’imposa vite comme un modèle baroque. Néanmoins celui qui était de fait l’héritier de son cousin le duc Victor-Amédée II ne se mariait toujours pas tiraillé entre Louis XIV qui entendait bien lui imposer une princesse français et le duc Victor-Amédée bien décidé à intervenir lui aussi. Le pauvre prince se décida enfin en 1684 en épousant Angela d’Este ( 1656-1722) , d’une branche cadette de la famille d’Este-Modène qui n’avait que 28 ans ( soit deux fois moins que son époux qui en avait justement 56 ) pour échapper à la fureur conjointe du duc de Savoie et du roi de France, le couple alla se réfugier à Bologne et à Modène et ne revint à Turin qu’en 1699 à la naissance d’un premier fils de Victor-Amédée qui régla enfin cette incertitude sur la dynastie de Savoie. On s’en était à peine remis qu’une nouvelle épreuve arriva avec l’invasion française qui obligea le couple princier à implorer l’autorisation du duc de La Feuillade chef de l’envahisseur français (ravi de cette humiliation ) pour sortir de Turin et aller se terrer à Racconigi , ultime épreuve qui emporta le prince en 1709.

Il avait laissé deux filles Marie-Victoire et Isabelle-Louise et surtout un fils Victor-Amédée (1690-1741) qui mal élevé se fit bientôt connaître par ses excès. Joueur assoiffé d’argent, il avait désespéré très tôt sa mère qui fit appel à Victor- Amédée II qui vite inquiet des dettes de son jeune cousin s’empressa dès la paix d’Utrecht (signée en 1713) de le marier et de l’expédier en France. Victor réglait aussi un problème personnel car il avait poussé dans les bras du prétendant sa propre fille Victoire-Françoise de Savoie ( 1690-1766) qu’il avait eue de sa maîtresse Jeanne-Baptiste de Verrue, née de Luyne (1670-1736) . Cette dernière sous la pression de son mari et de la famille de Verrue était elle-même tombée dans les bras de Victor Amédée en 1689 avant de fuir Turin en 1700 pour s’éloigner de ses ennemis de la cour ducale ( mais selon d’autres chroniqueurs pour dissimuler ses rapines et   ses rapports d’espionnage) . Cependant elle avait laissé sa propre fille au duc qui la légitima et à laquelle il donna une bonne éducation ainsi que le tire de marquise de Suse.

Le couple partit donc à Paris pour s’établir dans l’hôtel de Soissons ( tout juste restitué par Louis XIV aux Carignan après avoir été confisqué en 1692-93) . Il en eut fallu davantage pour sauver une situation bien fragile. Le 3° prince Carignan était parti officiellement à Paris pour initier les Français à l’opéra italien, ce qui était trop tôt ou trop tard et ce qui échoua lamentablement d’autant que les tables de jeux du « tripot de Soissons » échouèrent elles aussi éclaboussées par le scandale de l’échec du banquier Law qui s’était lié au prince… Victor-Amédée revint en Piémont pour implorer de nouveau l’aide de son beau-père mais celui-ci abdicadaire et déconsidéré mourut en 1632 laissant son trône à son fils Charles-Emmanuel III irrémédiablement hostile à un homme qui « déconsidérait son titre ». En tous les cas, ce. dernier revint à Paris pour continuer à se ruiner et se perdre d’où le soulagement général à sa mort en 1741. Il n’empêche qu’il avait déjà ruiné sa mère et sa femme et cette dernière même aidée par sa propre mère qui vivait voluptueusement retirée à Paris et par ses amis, le cardinal de Fleury et le prince de Bourbon-Condé, n’eut pas trop du reste de sa vie pour éponger le désastre financier de son mari.

Victor-Amédée et Victoire-Françoise eurent seulement deux enfants ( on ne peut tout faire…) aux destinées bien particulière, l’aînée Anne-Thérèse (1717-1745) se maria en 1741 avec un grand nom Charles de Rohan-Soubise ( 1715-1787) dont la fortune arrangeait bien la ruine des Carignan. Ce compagnon de Louis XV, gouverneur de Flandre puis de Champagne, favori de la Pompadour , ministre d’Etat était un passionné d’art et de littérature en correspondance avec Voltaire, ce qui ne l’empêchait pas d’être libertin, grand amateur de luxe (et même de cuisine) bien dans la lignée de son beau-père. Il sortait tout juste d’un premier mariage puisqu’il venait de perdre une première épouse Anne-Louise de la Tour d’Auvergne qui n’avait à son mariage que 12 ans et qui mourut tristement sept ans plus tard en 1741. Charles, ne voulant pas perdre davantage de temps, s’était remarié quelques mois seulement après le décès de sa précédente épouse , mais sans guère de profit car si Anne lui donna une fille, elle n’en mourut pas moins en couches en 1745. Décidément malchanceux mais toujours pressé, le duc tenta une troisième chance avec Anne-Victoire de Hesse-Rheinfeld : nièce de sa belle-sœur ( voir plus bas) mais les unions fidéles s’étaient estompées., car cette fois on sortit des ennuis naturels , Anne-Victoire s’enfuit en effet du somptueux hôtel construit par le duc dans le quartier du Marais (devenu centre des Archives Nationale ) et après lui avoir dérobé la somme extraordinaire de 900.000 livres, ce qui lui valut d’être bientôt arrêtée et renvoyée dans sa famille ( ce qui était bien le moins mais dans les grandes familles on ne pouvait envisager un emprisonnement )

Louis-Victor 4° prince ( 1721-1778) fut mariée par sa mère en 1740 avec Christine-Henriette de Hesse-Rheinfels-Rottebourg, ( 1719-1779) fille cadette d’un modeste landgrave de Westphalie mais dont la famille était réputée pour la « fertilité » de ses filles , en effet la jeune mariée avait neuf frères et sœurs , Polyxene avait déjà épousé le roi Charles –Emmanuel III ( ce qui ne pouvait qu’être utile aux Carignan alors en difficulté, Eléonore avait de son côté été mariée au comte Palatin et enfin Caroline était devenue princesse de Bourbon-Condé ( famille déjà liée aux Carignan au siècle précédent). . Remarquée par sa raideur mélée de timidité, la jeune princesse n’en remplit pas moins ses obligations puisqu’elle donna le jour à neuf enfants , ce qui rajeunissait une famille Carignan qui n’avait guère eu une telle richesse depuis Eugène-Maurice de Soissons. Fort de sa parenté avec le roi, Louis-Victor profita de la réconciliation entre Paris et Turin pour revenir en Piémont à la paix d’Aquisgrana qui clôturait en1748 la guerre de succession d’Autriche. Le roi Charles se montra ravi de cette réconciliation et fit de son beau-frère un bailli-gouverneur du duché d’Aoste avec le titre prestigieux de colonel général des Suisses. La paix ne lui permit guère de vérifier ses capacités militaires mais tout au moins il se fit remarquer par le charme de sa conversation et par ses goûts artistiques.

Très conscient de ses responsabilités, Louis-Victor maria adroitement ses quatre filles avec de grands noms européens , Léopoldine épousa ainsi un prince romain Doria Pamphili Melfi, Gabrielle un Lobkowitz de Bohême, Catherine un autre Romain (ou napolitain ): Colonna de Castigione et enfin Thérèse un Français de premier rang, Penthièvre-Lamballe . Le fils ainé, Victor-Amédée gagna lui aussi un autre grand nom français Lorraine-Armagnac mais tout ne peut réussir puisque Victor, le dernier de la famille préféra sans pudeur l’amour et la liberté en épousant secrétement une petite noble provinciale ( ce qui n’était pas sans rappeler le mariage tout aussi scandaleux de Louis de Soissons un siècle plus tôt….).

Victor-Amédée , 5° prince , 1743-1780, ne marqua pas l’histoire , la paix ambiante ne lui donna pas l’occasion de briller militairement, il fallut se contenter d’une calme vie « provinciale «  d’autant que la cour de son cousin Victor-Amédée III ne permettait guère d’excès de mondanité, d’ailleurs une mort prématurée en 1780 clôtura rapidement cette modeste quiétude.


 

126 - ANNE-THERESE (1717- Paris 1745) de Savoie-Carignan, princesse de Rohan-Soubise

fille de Victor-Amédée de Savoie-Carignan et de Victoire de Suse,

Elle épouse en 1741 ( l’année même de la mort de son père ) le prince Charles de Rohan-Soubise (1715-1787). mariage ambigu car le marié était fort riche ce qui convenait bien pour juguler la ruine des Carignan mais il ne fallait pas aller plus loin car il était de mœurs légères et sans moralité . Il avait déjà été marié en 1734 à une gamine ( fille unique du duc de bouillon) qui n’avait que 12 ans et qui mourut rapidement, mais le plus important fut pour lui l’amitié de Louis XV ce qui lui permit une grande carrière militaire et politique

 

Ecrasée par la banqueroute de son père, et par la personnalité de son mari, la pauvre Anne-Thérèse s’enferma dans une retraite discrète et austère.   Selon le duc de Luynes, « elle voyait fort peu de monde, elle n’aimait point le jeu et elle était souvent chez elle, menant une vie assez particulière ». Elle mourut en couches à 28 ans, vite remplacée par une 3° épouse (née de Hesse-Rheinfelds) renvoyée par sa légéreté et sa cupidité ( tout aussi grandes que celles de son mari ) .

Veuf, le maréchal put s’adonner aux actrices, aux livres, aux arts , à la musique , à la gastronomie ( d’où la « sauce Soubise ») , à la politique ( grand ennemi de Choiseul mais à l’inverse grand ami de Madame de Pompadour puis de Madame du Barry , plus fidéle en amitié qu’en amour( mais se rappelait-il encore d’Anne-Thérèse ?)

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127/ URANIA DE LA CROPTE ( 1655-1717)

 

Fille d’un écuyer du prince de Condé, réputée pour sa beauté et son sens de l’intrigue (Saint Simon l’a décrite « aussi radieuse qu’une glorieuse mère ».

En 1680, elle épouse (secrêtement) Louis-Thomas (1657-1702) 2° comte de Carignan-Soissons, fils d’Eugène Maurice et d’Olympe Mancini. Thomas était le frère aîné d’Eugène le futur généralissime qu’il éleva d’ailleurs avec ses autres frères et sœurs puisque tous s’étaient retrouvés quasi orphelins du fait de la mort de leur père et du départ de leur mère s’exilant pour échapper au scandale de l’affaire des poisons.

Marie de Bourbon, l’ambitieuse grand-mère du jeune prince ne pardonna pas un tel événement qui compromettait ses ambitions d’entente éventuelle avec des princesses françaises ou savoyardes, « quel malheureux mariage a fait le comte de Soissons en épousant une bâtarde avec une telle disproportion de rang, devant la critique universelle et contre le respect dû à Madame Royale à laquelle il avait promis le contraire par écrit, m’a causé une épouvantable surprise et de cruelles souffrances… » écrivait-elle alors

Tout commença au mieux à la cour de Versailles jusqu’à ce que le roi-soleil remarque la jeune et belle princesse qui, en refusant les avances royales s’attira les foudres du souverain, d’où la défaveur de Louis-Thomas qui rejoignit Eugène au service autrichien dont il tira gloire avec de belles victoires en Allemagne mais aussi bientôt la ruine financière et une mort en plein combat durant la guerre d’Espagne….

Saint-Simon qui n ‘appréciait pas les « traîtres » a donné son point vue sur Louis-Thomas , sur sa contestable personnalité et sur sa carrière « Le comte de Soissons, sans père et ayant sa mère en situation de n'oser jamais revenir en France, y fut élevé par la princesse de Carignan, sa grand'mère, avec le prince Eugène et d'autres frères qu'il perdit, et ses sœurs dont j'ai parlé lors du mariage de Mme la duchesse de Bourgogne. C'était un homme de peu de génie, fort adonné à ses plaisirs, panier percé qui empruntait volontiers et ne rendait guère. Sa naissance le mettait en bonne compagnie, son goût en mauvaise. À vingt-cinq ans, amoureux fou de la fille bâtarde de La Cropte-Beauvais, écuyer de M. le Prince le héros, il l'épousa au désespoir de la princesse de Carignan, sa grand'mère, et de toute sa parenté. Elle était belle comme le plus beau jour, et vertueuse, brune, avec ces grands traits qu'on peint aux sultanes et à ces beautés romaines, grande, l'air noble, doux, engageant, avec peu ou point d'esprit. Elle surprit à la cour par l'éclat de ses charmes qui firent en quelque manière pardonner presque au comte de Soissons; l'un et l'autre doux et fort polis. Elle était si bien bâtarde, que M. le Prince, sachant son père à l'extrémité, à qui on allait porter les sacrements, monta à sa chambre dans l'hôtel de Condé pour le presser d'en épouser la mère; il eut beau dire et avec autorité et avec prières, et lui représenter l'état où, faute de ce mariage, il laissait une aussi belle créature que la fille qu'il en avait eue, Beauvais fut inexorable, maintint qu'il n avait jamais promis mariage à cette créature, qu'il ne l'avait point trompée, et qu'il ne l'épouserait point; il mourut ainsi. Je ne sais où, dans la suite, elle fut élevée ni où le comte de Soissons la vit. La passion de l'un et la vertu inébranlable de l'autre fit cet étrange mariage. On a vu en son temps comment le comte de Soissons était sorti de France, et comment il avait été rebuté partout où il avait offert ses services. Ne sachant plus où donner de la tête, il eut recours à son cadet le prince Eugène et à son cousin le prince Louis de Bade, qui le firent entrer au service de l'empereur, où il fut tué presque aussitôt après. Sa femme, qui fut inconsolable et qui était encore belle à surprendre, se retira en Savoie dans un couvent éloigné de Turin (???????????) où M. de Savoie enfin voulut bien la souffrir. Leurs enfants, dont le prince Eugène voulait faire les siens, sont tous morts à la fleur de leur âge, en sorte que le prince Eugène, qui avait deux abbayes et n'a point été marié, a fini cette branche «

L’Allemagne du sud donna la gloire à Louis-Thomas et lui permit bien des relations d’où les mariages allemands de ses deux enfants. :Victoire (128, 1683-1763) épouse (séparée) de Fréderic de Saxe- Hidburghausen et Emmanuel 3° comte de Soissons (1687-1729) marié sans postérité définitive avec une princesse de Liechtenstein. Ainsi avec eux, seuls survivants des quatre enfants du prince Thomas mais sans descendance, la famille de Carignan-Soissons s’est éteinte au milieu du XVIII° siècle

 

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128/ ANNE-VICTOIRE ( Paris, 1683- Turin 1763, enterrée en l’église Saint-Philippe) princesse de Saxe

Elle était fille de Louis-Thomas de Soissons et d’Uranie de la Cropte (127)

« mademoiselle de Soissons » était une personnalité complexe, elle  avait suivi son père en Autriche où elle ne se maria que tardivement à 55 ans avec le jeune et brillant duc de Frédéric de Saxe-Hildburghausen (1702-1787) qui venait d’être promu feld-marchal et qui se vantait d’avoir été le brillant et fidèle second du généralissime dont il lorgnait peut-être la fortune. Ce ne fut pas le cas car la « jeune » épouse qui venait d’hériter de son oncle qu’ elle ne semblait pas avoir beaucoup fréquenté ni même considéré auparavant, vendit bientôt la plus grande partie de cet immense patrimoine, cédant aux demandes instantes de l’empereur lui-même qui reçut ainsi la bibliothèque , les dessins, les gravures et les bâtiments du défunt . Elle n’en eut pas la paix pour autant car son mari retiré de l’armée se fit toujours plus déplaisant , d’où leur séparation définitive en 1752. Il reprit du service sans retrouver la gloire d’autant que compromis en 1757 par sa défaite de Rossbach (où il avait retrouvé Charles de Rohan-Soubise, cousin d’Anne-Victoire ) il dut se résigner à une retraite sans retour alors qu’elle-même retournait enfin à Turin pour y tester en faveur de son cousin le roi Charles-Emmanuel III et de son fils Benoît-Maurice duc de Chablais…..

 

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129/ CHRISTINE-HENRIETTE DE HESSE-RHEINSFELD- ROTHENBURG ( 1717-1778)

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Sœur de la défunte reine Polyxène, donc belle-- sœur du roi Charles-Emmanuel ,

Elle épouse en 1740 Louis-Victor 4° prince de Carignan (1721-1778) qui vient juste de revenir de Paris où il avait dû liquider les énormes dettes de son père, mariage « modeste » du fait de la relative pauvreté de Hesse-Rheinfelds mais qui avait l’avantage de faire de lui le beau-frère du roi qui lui conserva dès lors son amitié , ce qui lui permit de devenir gouverneur d’Aoste en 174# puis capitaine et colonel général des Suisses.

Christine lui donna huit enfants : six filles : Léopoldine 1744-1807 épouse de Giovanni-Andrea-Dona Pamfili de Melfi), Gabrielle (1748-1828 épouse de Ferdinand Von Lobkowicz, 1724-1784 ), Marie-Louise ( 1749-1792, épouse de Louis-Alexandre de Bourbon), de Lamballe (132) et Catherine (1762-1823, épouse de Filippo Colonna de Castiglione) avec deux fils Victor-Amédée II (1743-1780) et Eugène (1753-1785,) comte de Villafranca à l’origine de la branche des Savoie-Carignan-Villafranca)

«  elle avait gardé la raideur de son éducation protestante et souffert toute sa vie de se voir dans une situation inférieure à celle des enfants de sa sœur… »

quant à Louis, il fut « adoré de tous, mécène à ses heures, causeur délicieux mais se plaisant surtout à diriger les parades militaires » . Il laisse le souvenir sa faveur accordée à l’architecte Giovanni Borra qui termina les alentours de la place du palais Carignan de Turin et la façade de celui de Racconigi….

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130/ ISABELLE DE MAGON DE BOISGARIN (1765-1814)

épouse Eugène (1753-1785), 1° comte de Savoie-Carignan de Villafranca, dont elle a Joseph-Maria (1783-1825)

« Le Prince Eugène de Savoie-Carignan, second frère de Mme de Lamballe, avait épousé secrètement une jeune fille de condition, qui s'appelait Mademoiselle Magon de Boisgarin. Elle était d'une ancienne et fort honorable famille originaire du diocèse de Saint-Malo ; mais comme cette famille était bien loin d'être princière, ou d'être seulement chapitrale, les Rois de Sardaigne, aînés de la maison de Savoie, n'ont jamais voulu reconnaître le mariage de leur cousin. Il a fallu pourtant s'occuper d'assurer un état nobiliaire à ses enfans qui ne sont non plus bâtards que vous et moi, et le Roi Victor-Emmanuel a fini par leur accorder la qualification de Comtes de Carignan, en leur concédant les armes de leur nom, chargées d'une brisure sur la croix de Savoie. Leur mère a été titrée Comtesse de Villefranche, et voilà toute l'histoire de cette branche de Carignan, qui n'a rien de princier. Vous prendrez garde à ne pas vous y laisser tromper, et je vous le recommande. » ( souvenirs de Madame de Crequy) 2

Chateaubriand nous apporte quelques précisions : « Le prince Eugène de Savoie-Carignan, né le 22 septembre 1753, était le fils cadet du prince Louis-Victor de Savoie-Carignan et de la princesse Christine-Henriette de Hesse-Rheinfelds-Rothembourg. Frère de la princesse de Lamballe, il entra au service de France sous le nom de comte de Villefranche (Villafranca) et fut placé à la tête du régiment de son nom. Le 22 septembre 1781, il épousa, dans la chapelle du château du Parc, en la paroisse de Saint-Méloir-des-Ondes, à quelques lieues de Saint-Malo, Élisabeth-Anne Magon de Boisgarein, fille de Jean-François-Nicolas Maçon, seigneur de Boisgarein et de Louise de Karuel. Ce mariage fut annulé par le Parlement, à la requête des parents du prince. Celui-ci lutta désespérément pour faire reviser cet arrêt. Les tristesses de cette lutte abrégèrent sans doute ses jours, car une mort prématurée l'enleva, le 30 juin 1785. » ( Mémoires… 1° partie, livre 2, chap. 5)


 


 

B) Modernité et libéralisme (131 - 133)

Cependant cette dernière donna sa chance à Joséphine de Lorraine (1743-1797) qui comme son époux ne fréquenta guère les royaux cousins de Turin , préférant une vie paisible mais non sans intérêt car dévouée aux arts , aux lettres et aux idées nouvelles . La princesse de Carignan se révéla en effet une grande intellectuelle , promotion féminine d’autant plus remarquable qu’elle était assez rare alors en Piémont et en Italie……Convertie un temps à l’illuminisme puis bientôt au grand éventail de l’esprit des lumières, elle voyagea des deux côtés des Alpes ( ce qui lui permit de rencontrer Pietro Verri et Cesare Beccaria à Milan mais aussi Rousseau et Voltaire à Paris) et elle s’organisa un salon à Racconigi qui lui permit de fréquenter les grands noms de l’intelligentsia piémontaise ( Tana ,Paciaudi, Valperga di Caluso etc). Enfin elle se lança (discrétement mais non sans ténacité) dans l’écriture , on lui doit ainsi une nouvelle intéressante : « les aventures d’Amélie «  où elle décrivait une« île de la félicité » remarquable par son absence de toute institution ou allure militaire , mais aussi des « Reflexions sur le suicide », « L’amour vaincu », » Les aventures du marquis de Belmont écrites par lui-même ou les nouveaux malheurs de l’amour », « La coquetterie punie par l’amour ou le danger de la coquetterie » , « Justification d’une jeune femme accusée de coquetterie ( décidément le sujet la passionnait) faite par elle-même « . Cependant cette grande dame n’entendit pas rester dans le seul domaine idéal et ses deux réalisations pratiques marquèrent dans l’opinion son souci d’être de son temps, c’est ainsi qu’elle transforma en parc anglais l’immense domaine de Racconigi et qu’elle envoya , malgré le dépit du roi Victor-Amédée III, son fils Charles-Emmanuel au tout nouveau collége militaire français de Sorèze ( créé près de Castres en 1776 pour rénover la formation des officiers ) . La princesse mourut hélas elle aussi bien tôt puisqu’elle s’éteignit à 54 ans en 1797 au moment même où la Révolution atteignait enfin le Piémont après avoir fait cependant le choix d’une jeune fille « moderne «  pour son fils…. Et avec d’autant plus de plaisir qu’elle avait souffert énormémemt des aventures matrimoniales de son beau-frère Eugène et de sa belle sœur Marie- Thérèse de Lamball

En effet, le sort ne lui avait pas été favorable dans ses relations avec la France ,son pays d’origine. En 1781, Eugène (1753-1785) frère cadet de Victor-Amédée avait été unanimement remarqué et critiqué par son mariage secret de dérogeance avec une « petite noble bretonne » , ce qui n’était pas sans rappeler le mariage tout aussi scandaleux de Louis de Soissons un siècle plus tôt mais ce dernier plus chanceux avait pu garder son épouse alors que Eugène vit son union annulée par le parlement, d’où un désespoir qui l’enleva rapidement en 1785 . Tout aussi défavorisée par le sort, sa sœur Marie-Thérèse de Lamballe (1749-1792) n’avait pu profiter elle aussi de son mariage avec Louis-Alexandre de Bourbon-Penthièvre ( lui-même fils d’une princesse d’Este-Modène, famille essentielle dans les liens entre les Carignan et les Penthièvre ) car ce dernier libertin, célèbre par ses « vices » et ses excès mourut bientôt laissant Marie-Thérèse de Lamballe seule avec son beau-père remarquable par ses œuvres et avec sa belle-sœur la duchesse d’Orléans elle aussi sacrifiée à la politique . Certes elle aussi tentée par l’illuminisme et la franc-maçonnerie , refusa toujours de se remarier ( on avait pensé lui faire épouser Louis XV après la mort de la reine Lecsinska) préférant se lier d’amitié avec la dauphine puis reine Marie-Antoinette qui la chargea de la surintendance de sa maison. Ecartée un temps de la cour par la jalousie de Madame de Polignac , autre favorite de la reine pourtant jumelle de Marie-Thrèse, elle revint à une vie de discrétion et d’œuvres jusqu’en 1789 où retrouvant l’amitié de Marie-Antoinette, elle se lia aux vues et actions de cette dernière, allant même en opération secrête négocier en 1791 à Aix-La-Chapelle ( avec qui  et pour quoi ?) ce qui lui valut une énorme cabale et beaucoup d’oppositons et d’impopularités qui expliquent son massacre en septembre 1792 ,

Décidément la France vers laquelle les Carignan se tournaient périodiquement et naturellement ne leur était finalement guère favorable….

La branche ainée de la Révolution au Risorgimento ( XIX° siècle)

Charles-Emmanuel (6° prince, 1770-1800) était un garçon sans grande personnalité ce qui ne l’empêcha point d’être un bon fils , un bon mari et un bon soldat puisque à peine sorti de l’école de Soréze, il dut dès 1792 aller avec l’armée piémontaise défendre vaillamment la crête des Alpes contre les Français. Profitant de la paix de Cherasco, sa mère l’envoya rejoindre à Augsbourg , la fiancée saxonne qu’elle lui avait trouvée avec son cousin le nouveau roi Charles-Emmanuel IV. Le choix

était significatif car depuis longtemps la maison de Savoie cultivait ses liens avec la grande maison de Saxe dont elle arguait de descendre depuis le mystérieux et légendaire Berold père d’Humbert aux Blanches-Mains…. En fait comme toute la noblesse les Carignan prétendait descendre des envahisseurs germains et à plus forte raison de la Maison de Saxe réputée pour son ancienneté , sa bravoure et son rôle dans l’apparition du Saint-Empire. Certes Marie-Albertine (1779-1851) relevait d’une branche cadette des princes de Saxe, rois de Pologne, elle était la petite- fille du roi Auguste III de Pologne, nièce de la dauphine Marie-Josephte de Saxe donc cousine des rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X mais aussi de la reine Marie-Clotilde épouse du roi Charles-Emmanuel IV, cousine plus lointaine du maréchal de Saxe et de Geroge Sand , elle s’était déjà fait connaître par sa vivacité et par sa personnalité qui en imposèrent très vite à son époux.

Le ménage Carignan ne fraya guère avec le couple royal ( de Charles-Emmanuel IV et de Clotilde) plus tourné vers la piété et l’austérité, ce qui explique son refus de se joindre à la famille royale lorsque celle-ci se décida à quitter Turin et le Piémont en décembre 1798 dans l’impossibilité de s’entendre avec l’occupant français de plus en plus exigeant et outrancier et avec lequel les Carignan semblaient fort liés. Certes une fois maîtres des lieux, les Français révélèrent leur dureté , emprisonnant Charles-Emmanuel puis le forçant à partir en France jusqu’à Paris où il fut loin d’être reçu dignement comme cela avait pu être prévu et annoncé avec autant de naïveté d’un côté que de fourberie de l’autre. Le ménage appauvri et déçu se retrouva donc dans une masure de Chaillot où vinrent au monde successivement leurs deux enfants Charles-Albert et Christine-Henriette et c’est là que mourut en février 1800 Charles-Emmanuel emporté par la fièvre et la déception.

Une fois de plus , la famille de Carignan se trouvait ruinée, isolée et presque éteinte mais le sort en décida autrement. Bonaparte consul puis empereur montra une réelle bienveillance pour la veuve et ses enfants qui reçurent quelques pensions et promesses d’avenir. Marie-Albertine fit d’ailleurs connaissance d’ un jeune administrateur Jules - Maximilien de Montléart (1787-1865) , de petite noblesse du Gâtinais enrichie par une plantation à Saint-Domingue, dont elle eut deux enfants en 1807 et 1808 alors que la rumeur prétendit que les deux amants s’étaient rencontrés seulement au bal de l’ambassade d’Autriche incendiée lors des fêtes du mariage de Napoléon et Marie Louise en 1810. Il n’empêche que cette union et ces enfants gênaient les relations de Marie-Albertine et de ses premiers enfants, ce qui aboutit à l’envoi du jeune Charles-Albert à Genève dans la (bonne) pension du pasteur Vaucher  ce qui convenait autant à « l’esprit large » de la princesse qu’à ses nécessités matrimoniales….. Bien sûr au printemps 1814, ce fragile équilibre éclata , l’empire français se fragmenta et provoqua le retour des princes que Napoléon avait éliminés. Dans la masse des problèmes que le roi Victor-Emmanuel trouva à son retour en Piémont , celui des Carignan arrivait en premier. Evidement on ne voulut pas entendre parler d’un retour de Marie Albertine à Turin mais pour le reste l’ambigu Victor voulait bien tout envisager.

131-  JOSEPHINE DE LORRAINE-ARMAGNAC ( 1743-1797)

fille de Louis-Charles de Lorraine-Armagnac et de Constance de Rohan- Montauban, Joséphine était la cousine de la reine Elisabeth de Lorraine, épouse de Charles-Emmanuel III.

En 1768, à Oulx, elle Elle épouse  Victor-Amédée 5° prince de Carignan ( 1743-1780) ; Oulx était le point évident pour l’entrée dans le royaume des cortéges officiels venus du sud de la France par le Mont-Genèvre ( c’est là en particulier que s’étaient mariés aussi en 1760 le futur Victor-Amédée III avec l’espagnole Marie Antoinette .

Elle avait le même âge que son mari, ce qui était assez rare et finalement prometteur d’une agréable union, mais le sort en décida autrement car le jeune prince meurt subitement en 1780 à 36 ans , deux ans après la mort de ses parents, brisant une carrière militaire prometteuse et la laissant veuve pendant 17 ans.

Veuve très tôt et assez isolée ( elle n’avait plus que des belles-sœurs), elle se tourna vers les lettres pour échapper à l’ennuyeuse famille royale, d’où une grand nombre de productions littéraires à sous entendus philosophiques ( elle fut tentée par l’illuminisme) : « les aventures d’Amélie » ( plutôt antimilitariste), « réflexions sur le suicide », « l’amour vaincu », « la coquette punie par l’amour » « justification d’une jeune femme accusée de coquetterie faite par elle-même », « les aventures du marquis de Belmont écrites par lui-même ou les nouveaux malheurs de l’amour».

Très cultivée et très ouverte ( elle se mit en relation avec l’abbé Valperga di Caluso, Vernazza, Angelo Maria Bandini et hors du Piémont avec les frères Verri, Beccaria, Paciaudi, elle chercha à quitter le plus souvent possible Turin qui n’avait que peu d’intérêt pour elle et elle alla visiter Milan, Parme, Venise, Florence, Rome, Naples et bien sûr Paris où elle fréquenta les salons et rencontra Voltaire et Rousseau .

Elle s’est surtout fait connaître de l’opinion en s’occupant de l’éducation de son fils Charles-Emmanuel qu’elle envoya malgré l’avis du roi Victor Amédée III à la nouvelle et moderne école royale militaire de Sorréze .près de Castres et en faisant réformer en style anglais le parc de Le Nôtre à Racconigi..

Elle est morte à temps avant la grande révolution de 1798.juste après avoir marié son fils avec une princesse saxonne réputée elle aussi pour sa modernité (133) .

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132/ MARIE-THERESE-LOUISE ( 1749-1792) princesse de Lamballe

fille de Louis-Victor Carignan et de Christine de Hesse ( née le même jour que la comtesse- duchesse- de Polignac)

elle épouse en 1767 Louis-Alexandre de Bourbon , prince de Lamballe ( 1748-1768, fils de Jean-Marie de Bourbon-Penthièvre et de Marie-Thérèse d’Este-Modène (Les Este-Modène sont ainsi le lien entre les Carignan et les Penthièvre) . Elle était donc la belle-sœur de la duchesse d’Orléans , née Penthièvre.

Libertin et coureur, le marié meurt de maladie vénérienne un an après son mariage laissant sa femme veuve à 19 ans….On pensa la remarier avec le roi après la mort de Marie Leczinska mais le projet est bloqué par la Du Barry soucieuse de garder on influence . Elle se lie très vite avec Marie-Antoinette dauphine puis reine de France qui lui donne le titre de surindentante de sa Maison . Ecartée un temps de la cour ( par la duchesse de Polignac qui était sa jumelle) , elle se consacre aux œuvres charitables en lien avec son beau-père mais sans oublier les idées nouvelles d’ailleurs n’est-elle pas en 1781 grande maîtresse de la grande loge écossaise . Les troubles révolutionnaires la rapprochent de la reine auprès de laquelle elle s’établit aux Tuileries en 1790 dévouée entièrement à la cause du couple royal pour lequel elle effectue un mystérieux voyage à Aix La Chapelle en 1791, ce qui lui vaut l’accusation d’être un « agent secret » en relation avec l’empereur et avec les émigrés. Elle fut de ce fait une des premières victimes du 10 août puisque enfermée à la prison de la Force, elle fut massacrée en septembre sous les yeux mêmes de la reine emprisonnée au Temple.

 

↑ Madame GUénard alias Elisabeth Brossin , baronne de Mélé. :Mémoires historiques de Marie-Thérèse-Louise de Carignan, princesse de Lamballe, une des principales victimes des journées des 2 et 3 septembre 1792, Paris. 1815

Adolphe-Mathurin de Lescure, La Princesse de Lamballe, Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, sa vie, sa mort (1749-1792), d’après des documents inédits, Paris, , 1864, 480 p.

Raoul Arnaud, La Princesse de Lamballe, 1749-1792 : d’après des documents inédits, Paris, 1911, 397 p.

Alain Vircondelet, La princesse de Lamballe, Paris, 1995, 273 p.

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133/ MARIE-ALBERTINE DE SAXE, (1779-1852) , princesse de Carignan

mère du roi Charles-Albert

Fille du prince Charles de Saxe, duc de Courlande, née en 1779 à Dresde

Nièce du prince Antoine ( qui avait épousé Caroline de Savoie en 1781) , de Josefa de Saxe ( 1731-1767) dauphine de France ( mère de Louis XVI, de Clotilde de France, des rois Louis XVIII et Charles X) du duc de Teschen ( qui a épousé Christine de Habsbourg, sœur de Marie-Antoinette, gouvernante des Pays Bas)

Elle épouse en octobre 1797 à Augsbourg Charles-Emmanuel de Savoie-Carignan, prince de Carignan ( 1770-1800). En 1799, juste après la naissance d’un héritier ( le futur Charles-Albert), ils refusent de partir avec la famille royale et Charles se voit donc dépossédé de ses titres et de ses prérogatives de prince souverain par Charles Emmanuel IV. Le ménage passe alors à Paris où il vit modestement à Chaillot où le prince s’éteint en août juste après la naissance de leur fille Elisabeth

Marie-Albertine se remarie en février 1810 avec le jeune comte Jules-Thibault de Montléart ( 1787-1865) d’une famille de l’Orléanais enrichie à Saint-Domingue, dont elle aurait eu avec lui en novembre 1807 un garçon né à Avignon et en janvier 1809 une fille née à Beauvais…mais certains (dont Ernest Daudet) affirment que le jeune officier l’épousa après l’avoir sauvée de l’incendie de l’ambassade d’Autriche en 1810. C’est incontestablement ce remariage qui la poussa à envoyer son fils finir son éducation à Genève chez le pasteur Vaucher , choix qu’on ne cessa de lui reprocher par la suite mais qui ne fut finalement pas aussi mauvais que ses ennemis le prétendirent

Par la suite brouillée avec son fils qui ne lui pardonne ni son remariage ni ses anciennes opinions jacobines, elle voyage à Dresde et à Vienne soucieuse de l’établissement de son mari ( reconnu prince d’empire en 1822) et des deux enfants qu’elle avait eus de lui , elle ne réapparait en Piémont qu’en 1849 une fois son fils parti en exil et s’établit un temps à Moncalieri mais elle ne s’y retrouve pas et retourne à Paris pour y mourir en 1852. Son mari ne mourut qu’en décembre 1865 à 75 ans après avoir épousé quatre mois auparavant en secondes noces Félicie de la Trémouille ( 1836-1915) ) âgée de 49 ans de moins que lui


 


C) Le Risorgimento (134 - 154)

134/ PAULINE   DE QUELEN D’ESTUERT DE CAUSSADE ET DE LA VAUGUYON ( 1783-1829)

Elle était lille de Paul-François (1746-1828), duc de la Vauguyon, prince de Carency, marquis de Saint-Maignin, qui fut gouverneur de Cognac sous l’Ancien Régime et qui mourut lieutenant général. La famille de la Vauguyon de très vieille noblesse bretonne pouvait s’enorgueillir d’être liée aux Tourzel ( un Vauguyon s’était chargé de l’éducation de Louis XVI et à la génération suivante Madame de Tourzel se retrouva gouvernante des enfants de ce prince) et de loin aux Rohan mais surtout à Mgr de Quélen ( 1778-1839), archevêque de Paris en 1821, membre de la chambre des Pairs et de l’Académie française.

Paul-Yves, le frère de Pauline, avait reçu le titre de lieutenant-général en 1809 et celui de comte d’Empire tout comme son beau-frère ( mari de sa sœur) Alexandre de Bauffremont, ( 1773-1839) qui fut sous la Restauration duc, pair et chevalier de Saint -Louis.

Elle épouse à Paris en 1810, Joseph-Marie de Savoie-Carignan-Villafranca ( 1783-1825) fils d’Eugène et d’Elisabeth Magon de Boisgarin

«  il (Joseph-Marie) se fit soldat sous Napoléon et fut nommé, pendant la campagne de Russie, colonel d'un régiment de hussards. Des lettres-patentes de 1810 lui conférèrent le titre de baron. Louis XVIII, en 1814, lui rendit son ancien titre de comte de Villefranche. Il devint officier-général et mourut le 15 octobre 1825. - Il avait épousé, le 9 octobre 1810, Pauline-Antoinette Bénédictine-Marie de Quélen d'Estuer de Caussade, fille du duc de la Vauguyon ; le fils issu de ce mariage, Eugène-Emmanuel-Joseph-Marie-Paul-François, reprit le rang de ses ancêtres, lorsque la branche de Carignan monta sur le trône de Sardaigne avec le roi Charles-Albert, petit-neveu du mari de Mlle de Boisgarein. ….» (Chateaubriand)

 Pauline mourut accidentellement brûlée vive au château d’Auteuil.

Pauline et Joseph-Marie ont eu trois enfants  qui , orphelins, ont quitté la France après 1831, ne se retrouvant pas dans le nouveau régime orléaniste de Paris et au contraire attirés en Piémont par leur cousin Charles-Albert fort soucieux de rassembler les derniers restes de sa famille

 Marie Gabrielle (1811-1857, qui épouse bientôt le prince romain Massimo

Marie-Victoire-Philiberte (1814-1874), qui épouse en 1837 Léopold de Bourbon ( comte de Syracuse, 1813-1860 , fils de François I° des Deux Siciles, neveu de la reine Marie-Amélie, demi-frère de la duchesse de Berry, frère de Ferdinand II et donc beau-frère de Marie-Christine de Savoie). Ce fut le dernier mariage entre les deux familles de Savoie et de Naples avant la grande rupture de 1860. Léopold libéral , moderne, même libertin tenta vainement de pousser le régime napolitain aux réformes et à la reconnaissance du nouveau nationalisme italien. Il mourut peu après la chute du royaume de Naples sans avoir pu jouer un rôle essentiel dans la nouvelle Italie (et sans avoir pu même convertir son épouse irréductiblement conservatrice) . Le comte de Reiset a dressé dans ses « Souvenirs » un tableau pitoyable de la « princesse Philiberte » excentrique, obsédée de propreté à la folie , découverte mystérieusement enceinte à la veille de son mariage ce qui explique la débauche du comte de Syracuse qui n’ayant pu la renvoyer en Piémont , dut la garder près d e lui pour son plus grand malheur….

Eugène de Carignan (1816-1888) . Ce dernier avait été reconnu par Charles-Albert en avril 1834 héritier présomptif de la couronne en cas d’extinction de la branche régnante. Il entra dans l’armée et dans la marine sarde où il acquit rapidement une grande et belle renommée. Après avoir été en 1848-49 puis en 1859-60 un brillant lieutenant général, Indifférent aux grandes charges qui lui furent confiées ( lieutenant-général du royaume en mars 1848 puis de l’Italie du sud en 1861) il se retira de toute vie publique et épousa morganatiquement en 1863 Félicité Crosio de Verceil dont il eut six enfants et dont descend actuellement la famille des comtes de Savoie-Villafranca-Soissons selon le titre que le roi Humbert I° leur accorda en 1888.

 

Voir plus bas les dernières princesses de Carignan

153,/MARIE-THERESE DE HABSBOURG-CARIGNAN

154/MARIE-FRANCE-ELISABETH DE CARIGAN-

HABSBOURG

155/ MARIE-ADELAÏDE DE CARIGNAN-HABSBOURG



f) Les Savoie-Génes du XIX° au XX°s (166 à 167)  2 Princesses et leurs héritières

Cette famille très marquée par ses origines allemandes joua un rôle certain mais sans ambition ni rôle politique particuliers comme si la renonciation du premier duc Ferdinand au trône de Sicile en 1848 avait marqué définitivement ses limites dynastiques. Certes on trouve ici de brillants marins mais on se rappelle le sinistre commentaire du roi Victor-Emmanuel III traitant « d’imbéciles » ses deux cousins de Bergame et de Gênes. Sans descendant mâle à la fin du XX° siècle , la famille a perdu ses titres et référence du fait de l’impossibilité de transmettre les titres dynastiques par filiation féminine.

GHIRON S. : Ferdinando di Savoja duca di Genova. Turin, 1877. 192 p.

TENCAJOLI O.F. : Tommaso di Savoia Duca di Genova candidato al  


166 - Isabelle de Saxe (1830-1912) première duchesse de Savoie-Gênes, fille du roi Jean de Saxe épouse en 1850 le fils cadet de Charles -Albert, Ferdinand de Savoie-Gênes ( 1827-1854) puis en 1858 Nicolas Rapallo (1825-1912).


 

167 - Isabelle-Louise de Bavière (1863-1924) seconde duchesse de Savoie-Gênes , fille du prince Adalbert de Bavière épouse en 1883 de Thomas de Gênes (1854-1931) fils de Ferdinand.


166 - ELISABETH DE SAXE ( 1830-1912)

duchesse de Savoie-Gênes

« une suite de malchances »

Fille de Jean I° de Saxe (1801-1873, alors seulement prince royal et frère du roi qu’il allait remplacer en 1854) et d’Amélie de Bavière (1801-1877 qui donna neuf enfants à son mari).

Elisabeth épouse à Dresde en 1850 Ferdinand de Savoie (1822-1854) fils cadet du roi Charles-Albert, qui avait été l’enfant chéri de sa mère (153) et qui venait de se faire connaître dans la récente campagne de Lombardie. Mais surtout en Sicile dont il avait refusé d’être roi lorsque les révolutionnaires lui avaient proposé une couronne sécessionniste. Ce désintérêt ne fut pas récompensé car le roi Ferdinand des Deux-Siciles ne lui en sut aucun gré mais on ne pardonna pas non plus en Europe à un prince issu de cette famille de Savoie si malchanceuse et si maladroite, et l’on fut ravi à Turin de trouver une princesse saxonne qui avait l’avantage d’appartenir à une famille d’autant plus intéressante qu’elle était catholique et néanmoins «ouverte» (sinon libérale) , d’où le mariage célébré à Dresde en avril 1850.

Le diplomate français , de Reiset, a raconté dans ses mémoires les péripéties de cette union. Le prince avait été très désabusé de ses deux prétentions matrimoniales précédentes déjouées par la diplomatie européenne ; le princesse Louise de Prusse mariée ensuite avec le prince de Hesse et la grande duchesse russe Olga mariée depuis avec le prince de Wurtemberg. Enfin faute suprême Ferdinand était soi-disant tombé sous la coupe d’une maîtresse (simplement) bourgeoise, jugée laide et intrigante mais néanmoins fort spirituelle qu’il avait rencontrée durant la campagne de Lombardie en 1848. Il fallut l’intervention de la reine Marie-Thérèse (153), l’émotion de la défaite, de l’exil et de la mort de Charles-Albert pour l’amener enfin à accepter le mariage saxon que son père avait envisagé dès 1845. L’opinion applaudit les deux jeunes époux beaux («la plus superbe beauté du nord » selon Cavour, qui s’y connaissait en beautés féminines) et en apparence heureux mais il n’ en fallut pas moins une seconde intervention de la reine-mère pour obliger le prince à ne plus rencontrer son « amie » de Novare. Le diplomate s’amuse à décrire les bals de la cour où brillait l’aimable et gracieuse princesse face à un époux ostensiblement hostile à ces mondanités et complice des grossièretés de son royal frère…. « mariage aimable mais sans aucune tendresse »

Avant de mourir en 1855, le prince eut le temps de donner deux enfants à sa jeune épouse : Marguerite (159 / 1851-1926) et Thomas, (1854-1931) . Tristement veuve si jeune, Elisabeth pensa épouser son beau-frère Victor-Emmanuel veuf lui aussi mais il lui préféra la « belle Rosine » (158). Sans regret mais néanmoins vexée, elle se consola en se retirant de la cour et en épousant morganatiquement en 1856 un officier de son entourage Nicolas Rapallo (1825-1912) avec l’accord de son père et en dépit de la vive opposition du roi Victor. Ce dernier céda néanmoins en accordant (bien plus tard) le titre symbolique de marquis à son « beau-frère », ce qui fit dire aux Italiens que la princesse « était passée de Gênes à Rapallo ». Elle eut une seule action politique décisive en refusant énergiquement en 1870 la couronne royale espagnole proposée à son fils Thomas jugé trop jeune et trop inexpérimenté et qui passa finalement à son neveu Amédée d’Aoste. Elle mourut à la veille de la guerre à Stresa dont son mari avait été élu député …

En 1849, Ferdinand et Elisabeth reçurent en héritage de la reine Marie-Christine, veuve de Charles-Félix (152), le château d’Aglié en Canavese, que la famille de Gênes conserva jusqu’en 1939.


167 - ISABELLE-LOUISE DE BAVIERE (1863-1924)

seconde duchesse de Savoie-Gênes

"de la difficulté des mariages germaniques"

Fille de Adalbert-Wilhelm de Bavière (fils du roi Louis I° et héritier des Saxe Hildburghausen) et de l’infante Amalia d’Espagne

168 filles de Isabelle Louise ll - Louise : Bonne Marguerite (1896-1971) et Marie-Adélaïde (1904-1979)

Les Savoie-Gènes se firent une spécialité des mariages germaniques : en effet dans le cadre du rapprochement italo-germanique après la guerre de 1870, Isabelle épouse à Nymphenbourg en 1883  son cousin Thomas, 1° duc de Gênes (1854-1931), devenant ainsi la belle-sœur de la reine Marguerite (159) et la tante de Victor-Emmanuel III. Ce quatrième rapprochement nuptial entre les Savoie et les Wittelsbach fut célèbre en son temps par sa simplicité et son bon goût qui tranchait sur les mœurs princières de l’époque, première originalité du couple suivie par beaucoup d’autres comme par exemple sa participation à une cérémonie de canonisation au Vatican en 1905 (pour la première fois en présence du pape depuis 1870) ou lors de l’inauguration du monument romain du risorgimento en faveur du roi Victor-Emmanuel II en 1911, enfin mentionnons la catastrophe de 1913 (la princesse évitant de peu la mort dans un incendie)

Le couple s’établit ensuite au château d’Aglié près d’Ivrée et eut de nombreux enfants ( six en tout) : quatre garçons permirent la succession de trois ducs de Gênes : Ferdinand (1884-1963) prince d’Udine et troisième duc de Gênes (sans descendance), Philibert duc de Pistoia (1895-1990), époux de Lydia d’Arenberg (1905-1977), quatrième duc de Gênes, sans descendance), Adalbert duc de Bergame (1898-1982), sans descendance), Eugène (1906-1996 duc d’Ancône et cinquième duc de Gênes, qui n’eut qu’une seule fille de son épouse Lucie de Bourbon des Deux-Siciles (1908-2001) et Bonne (1896–1924) qui s’adona à la sculpture avec talent et qui épousa en janvier 1921 son cousin Conrad de Wittelsbach prétendant au trône de Bavière, 1883-1969) ainsi que Marie-Adélaïde(1904-1979, épouse du prince Leone Massimo d’Arsoli (illustre famille romaine liée aux Lucchesi-Poli (de la famille du second époux de la duchesse de Berry) et dont un membre avait déjà épousé au début du XIX° une Carignan-Villafranca et une autre un petit-fils de Lucien Bonaparte)

Isabelle-Louise eut à souffrir des revirements diplomatiques du royaume d’Italie entre 1880 et 1914 car si elle marqua l’alliance allemande dans les années 80, elle pâtit ensuite de ses origines bavaroises une fois l’Italie tournée vers la France après 1900 surtout pendant la première guerre mondiale en dépit de l’hôpital militaire créé par ses soins à Aglié. Certes le prince Thomas avait été nommé lieutenant général du royaume du fait de l’éloignement du roi installé sur le front mais en réalité le souverain ne voulut pas aller au delà d’une charge honorifique en se gardant bien de confier un rôle quelconque à la duchesse.

Sitôt la guerre terminée, Isabelle travailla à la réconciliation italo-allemande sans en voir cependant l’issue puisqu’elle mourut d’une broncho-pneumonie en 1924.



g) Les Savoie-Aoste du XIX° au XX°s (168 à 174) 7 Princesses et leurs héritières

Le duché d’Aoste était une des plus anciennes possessions de la famille de Savoie mais il n’apparaît dans les titulatures des princes qu’au XVIII° siècle avec les fils de Charles-Emmanuel III puis avec le futur Victor-Emmanuel I°.

C’est seulement au milieu du XIX° siècle qu’il devient le fondement définitif de la puissance de Victor-Amédée le fils cadet de Victor-Emmanuel II.

La branche cadette des Savoie-Aoste a constamment été sur la réserve vis à vis de la famille royale, jouant sa propre politique en particulier matrimoniale. Face à des souverains obligés souvent de paraître « civils », les Aoste se veulent (brillants) officiers de carrière et de goût tentés à la fois par le libéralisme (d’où les constantes relations avec les Orléans de France) comme par le fascisme ce qui était en contradiction avec la tendance précédente mais ce qui leur apparut un moyen utile pour se mettre en valeur même si heureusement ils surent s’en dégager à temps.

BERTOLDI S : Aosta : gli altri Savoia : storia di parenti rivali - Milan : 1988. - 291

MONTJOUVET P : le comte de Paris et ses ancêtres. Charenton, 1998, 478 p.

MONTJOUVET P; le comte de Paris et sa descendance . Paris, 2000, 247 p

MOURS A : 30000 ancêtres de Henri d’Orléans, comte de Paris. 1908-1999. Paris, 2001, 610 p..

SPERONI G : I Savoia scomodi : i duchi d'Aosta / - Milan :, 2003. - 496 p.

OLIVA G: Duchi d'Aosta : i Savoia che non diventarono re d'Italia .- Milan : 2005. - 238 p


168 - Maria-Vittoria della Cisterna (1846-1876) fille de Carlo Emanuelle dal Pozzo della Cisterna, première épouse en 1867 de Victor-Amédée d’Aoste (1845-1890) fils de Victor-Emmanuel II.


169 - Laetitia, fille de Jérôme-Napoléon seconde épouse du premier duc, Victor-Amédée.


170 - Hélène d’Orléans-Aoste, fille du comte de Paris ,Orléans-Montpensier, épouse d’Emmanuel Philibert 2°.


171 - Anne d’Orléans, petite-nièce d’Hélène, épouse d’Amédée 2, 3° duc mère des suivantes.


172 - Marguerite, fille d’Amédée II et d’Hélène, épouse de Robert de Habsbourg.


173 - Marie-Christine, fille d’Amédée II et de Hélène, épouse de Casimir de Bourbon.


174 - Irène de Grèce, fille de Constantin I° de Grèce, épouse du 4° duc Aimon, , mère du 5° duc Amédée. 


 


 

168 - MARIA-VITTORIA DELLA CISTERNA (1847-1876) duchesse d’Aoste, reine d’Espagne.

« la revanche de la vertu »

fille du prince Carlo-Emanuelle dal Pozzo della Cisterna (1789-1864) et de Louise -Caroline de Mérode (1810-1868)

La famille Pozzo della Cisterna est depuis le XVI° siècle une des plus grandes et des plus célèbres familles du Piémont,. Le père de Maria Vittoria avait été un actif libéral compromis dans la révolution de 1821 qui lui avait valu un long exil à Paris et en Belgique ( où il avait fait connaissance de sa femme qu’il épousa en 1846) ) , il revint en 1848 pour participer à la première guerre d’indépendance, ce qui lui permit ensuite d’entrer au sénat du royaume. Sa mère elle aussi d’une des plus grandes familles de Belgique ( les Mérode), était une femme triste et introvertie qui influença beaucoup la jeune fille.

La jeune princesse jolie mais mélancolique, sérieuse et introvertie avait rencontré le prince à Florence en 1865, mais il fallut bien deux ans pour envisager une union avec le plein accord du jeune homme qui révélait ici un déplorable tempérament velleitaire, sans compter la difficulté pour obtenir le consentement du roi fort réticent initialement. Le mariage eut néanmoins lieu en mai 1867 mais la splendeur des cérémonies de Turin et de Stupinigi ne put dissimuler le sinistre présage de cette union du fait de la mort accidentelle dans le cortége nuptial du comte Verasis de Castiglione ( époux séparé de la célèbre comtesse qui avait émerveillé dix ans plus tôt Napoléon III et la cour des Tuileries).

Certes le mariage s’avère fructueux avec trois garçons en six ans: Emmanuel-Philibert (2° duc d’Aoste, 1869-1931) , Victor-Emmanuel ( comte de Turin, 1872-1946) et Louis-Amédée (le célèbre sportif, duc des Abbruzes, 1873-1933) ce qui tranche avec Victor- Emmanuel (III) , enfant unique et malingre du prince héritier Humbert . D’un autre côté, le duc est un homme volage bien dans la tradition de son grand-père, de son père et de son frère et il est bien difficile de trouver en lui la force morale qui distingue sa jeune femme. Les premières années du couple sont pénibles ; tout juste remis de la mort de la mère de la princesse, le jeune ménage envoyé à l’inauguration du canal de Suez doit en revenir à l’improviste du fait des premières attaques d’une tuberculose qui sera bientôt fatale à la jeune duchesse éprouvée encore par l’explosion des machines du bateau qui les ramène d’urgence en Italie.

Pas question de trouver le repos du fait de la complexité diplomatique qui pousse, contre toute attente, Victor-Amédée à accepter ( sous la pression de son père) à la fin de 1870, la royauté espagnole. En effet, depuis une génération, le trône madrilène pose problème à toute l’Europe et surtout depuis une année, on cherche un souverain pour un trône sur lequel la Maison de Savoie ne cesse de porter ses revendications depuis deux siècles et pour lequel les Bourbons, les Orléans et les Hohenzollern se perdent ( d’où la guerre franco-prussienne de 1870) Sans enthousiasme, en mars 1871, Maria-Vittoria rejoint à Madrid son mari qui y était pourtant arrivé dès janvier. Honnêtement même si dépourvue d’expérience , elle essaie d’assurer normalement ses nouvelles fonctions mais l’enthousiasme initial déjà réduit s’amenuise vite d’autant que le jeune roi s’aperçoit aussi de son erreur et de son impuissance. L’impasse politique aboutit en février 1873 à une abdication du jeune souverain et à un retour digne mais triste et amer à Turin, où Victor-Amédée s’enferme dans une solitude désespérée d’autant que l’état de santé de Maria-Vittoria s’aggrave. On croit la fortifier en la transportant à San Remo mais ce n’est que pour y trouver la mort en novembre 1876.

Ce désastre n’est pas négatif pour autant car la princesse qui s’est toujours vouée à la piété et à la charité, gagne après sa mort une célébrité qu’elle n’avait pas su trouver durant sa vie . Au moment où la Maison de Savoie se fait remarquer par son hostilité vis à vis de la papauté, la tradition du réalisme et du double jeu va apporter au nouveau régime la touche de modération qui lui permettra de survivre en attendant une nouvelle conjoncture. On ne peut désespérer d’une famille aussi variée que celle de Savoie, bien sûr il y a le scandaleux roi Victor mais il suffit d’attendre de meilleurs moments en considérant la rue et l’hôpital que Turin consacre à la jeune femme. Comme sa belle-sœur Clotilde (156) , comme sa (future) nièce Hélène (160), Maria-Vittoria prépare à sa manière le rapprochement entre le Vatican et le Quirinal, certes la manoeuvre ne réussit pas mais finalement ce ne fut pas de leur faute…..

FRANCHETTI. D.: Maria Vittoria (d’Aosta) / - Trana :. 2006. 176 p.

CONSO G.B.. Cenni biografico-necrologici di S. A. R. Maria Vittoria duchessa d'Aosta gia regina di Spagna /–Turin, , 1877. - 105 p

BERNARDI J.: A sua altezza reale il principe amedeo in morte dell’augusta principessa sua sposa Maria Vitttoria ex regina di Spagna. Pignerol, 1876, 13p.

Lettere della principessa Luigia Carolina Dal Pozzo Della Cisterna Ghislaine de Merode e di sua figlia Maria Vittoria a Valentina Arno. - Turin:, 1899. - 15 p. ;

CASALEGNO C.: Maria Vittoria duchessa d'Aosta e regina di Spagna : il sogno di una principessa in un regno di fuoco /- Turin, 2003. - 160 p

Una Regina di Spagna : Maria Vittoria dal Pozzo della Cisterna. - Milan :1913.

Amedeo di Savoia : 30 maggio 1845-18 gennaio 1890 / - Naples :, 1890. - 16 p.

SPEDERONI G.: Amedeo d'Aosta, re di Spagna / - Milan :, 1986. - 227 p.,

155, 156, 157, 158, 159, 170


169 - LAETITIA BONAPARTE (1866-1926)

princesse Bonaparte, duchesse d’Aoste

Fille de Clotilde de Savoie (156) et de Jérôme Napoléon

« Enfin une passionnée »

Née à Paris, (son père lui avait donné le prénom de sa grand-mère Laetitia Bonaparte, la célèbre « Madame Mère ») après 1870  elle avait bien entendu suivi sa mère dans son exil en Suisse et en Piémont se faisant remarquer très vite par sa vivacité et son exubérance (héritées en fait de son père)) qui inquiétèrent beaucoup sa famille de Savoie (en 1886, sa tante la reine Marguerite (159) avait essayé de l’introduire solennellement dans la grande société romaine, mais effrayée par l’originalité de la jeune fille, elle s’était empressée de la ramener à sa mère à Moncaliéri

Elle épouse avec faste en septembre 1888 son oncle Amédée (1845-1890) premier duc d’Aoste, très amer de ses 12 ans de veuvage. Les uns soulignèrent la passion du prince d’autant plus enflammé que la jeune épouse avait 19 ans de moins que son mari, mais d’autres chuchotèrent qu’elle avait épousé par raison son oncle alors qu’elle avait une relation notoirement connue avec le propre fils de ce dernier Emmanuel-Philibert qui l’avait vainement demandée en mariage auparavant. En tous les cas, il fallut évidemment une dispense pontificale accordée bien sûr par un Vatican qui en avait déjà l’habitude mais qui s’empressa néanmoins de signifier que c’était la dernière fois….Aventure charmante, ridicule et malheureuse, car elle n’eut qu’un seul fils Humbert comte de Salemi né en 1889 mort en 1918 à 29 ans après un vie de scandale et d’excès.

Isolement préparé par la mort de son mari victime en janvier 1890 d’une affection pulmonaire au retour des funérailles de son beau-frère Louis de Portugal et ruiné par les legs aux garçons de son premier mariage. En dépit des exhortations de son « neveu » et cousin, le roi Victor-Emmanuel , elle afficha dans ses dernières années son extravagance par de « fougueuses promenades » en voiture découverte au bras de galants officiers. C’est d’ailleurs avec l’un d’eux qu’elle se lia durablement pour en faire son « administrateur » ( c’était devenu une tradition de famille) et auquel elle légua la villa de la Côte d’Azur donnée autrefois au prince Jérôme par l’impératrice Eugénie, et l’on comprend le soulagement de la famille à sa mort en octobre 1926.

les uns virent dans les excès de Laetitia la digne fille excessive et indépendante de sa mère alors que d’autres dénoncèrent une femme extravagante, symbole de la décadence de l’époque bien dans la lignée de Jérôme Bonaparte.

FERRAZA G.: Maria Laetitia Napoleone, Turin, 2005, 86 p.

Il dolore di Torino per la morte della principessa Laetitia. Rivista mensile municipale ; [ A. 6, n. 6 (1926), p. 231-232])

156, 157, 159, 168, 170


170/ HÉLÈNE D’ORLEANS (1871-1951)

duchesse d’Aoste

« les illusions de la roche tarpéienne «

Fille de Philippe, comte de Paris (1838-1894) prétendant orléaniste au trône de France, elle était la petite-fille de Louis-Philippe autant par son père que par sa mère née Montpensier,

Le comte de Paris ayant interdit à sa fille de changer de religion, elle ne put épouser le duc de Clarence, fils du prince Edouard (futur Edouard VII) ni le tsarevitch Nicolas (futur Nicolas II).

Enfin elle épouse en 1895 à Kingston en Angleterre Emmanuel-Philibert second duc d’Aoste (1869-1931, fils du premier mariage d’Amédée) acte essentiel dans l’histoire des familles princières car il marque la réconciliation entre les maisons de Savoie et d’Orléans en mésentente depuis l’opposition entre Charles-Albert et le roi Louis-Philippe et encore plus depuis le mariage de Clotilde (156) et de Jérôme Napoléon en 1859.

Le mariage négocié par le comte Costa de Beauregard, profite de la nouvelle entente diplomatique franco-italienne, certes mieux organisé et finalement plus prudent que le précédent de la famille d’Orléans (entre Amélie la sœur d’Hélène et le prince Charles de Portugal) dont le luxe avait provoqué en 1886 l’exil du comte de Paris. L’union fut néanmoins bien critiquée car les ministres du roi Humbert craignaient une réconciliation feutrée avec le Vatican du fait de la tendance « légitimiste » ( bien discutable) des Orléans et de son côté le couple royal s’inquiétait des conséquences d’un mariage aussi important alors que le prince héritier était encore célibataire et semblait peu intéressé par son avenir matrimonial.

D’ailleurs même une fois le « prince héréditaire » marié, l’ambiguité continua et un peu malgré elle, Hélène se retrouva en concurrence avec sa cousine la reine Hélène (160) , se révélant plus mondaine, plus décidée politiquement que cette dernière, avec une famille plus masculine et plus active ( on lui reprocha longtemps d’avoir appelé (en privé) la souveraine « ma bergère »

La princesse se fait vite connaître par son goût pour les voyages lointains de 1909 à 1933 (en Afrique et en Extrême-Orient) . Si bien sûr elle ne joue officiellement aucun rôle politique direct , elle est cependant ouvertement partisane de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés des alliés en 1915 ( volontaire de la Croix Rouge, elle devint vite célèbre et d’Annunzio lui consacra une chanson). Elle profite aussi de la popularité de son mari à la tête de la 3° armée, plus actif, plus ouvert et plus sensible que son royal cousin d’où une incontestable popularité pendant et après la guerre en particulier lors de « l’émotion » suscitée par la « renonciation » de Fiume en 1920.

Au départ plus libérale que le reste de la famille de Savoie, du fait de ses liens avec la tradition orléaniste française et la tradition britannique qui l’a vue grandir, la duchesse n’en finit pas moins dans l’amitié de Mussolini tenté de se servir de son couple contre le roi Victor-Emmanuel III ( les fascistes avaient pensé mettre Emmanuel-Philibert sur le trône d’Italie en cas de résistance éventuelle de Victor Emmanuel lors de la marche sur Rome en 1921), en tous les cas Mussolini le fait nommer maréchal d’Italie en 1926. Cette liaison pour le moins dangereuse aboutit d’ailleurs à la rupture des relations entre la princesse et sa famille mais Hélène n’en eut jamais cure, persuadée du seul intérêt de la famille d’Aoste.

 

Elle eut deux fils Amédée (3° duc d’Aoste, 1898-1942) et Aymon Tomislav ( duc de Spolete, 4° duc, 1900-1948) qui ont tous deux profité de la faveur mussolinienne avant d’en subir les néfastes conséquences.

 

En 1936, veuve depuis cinq ans, la princesse épouse en secondes noces le colonel Campini et se fixa définitivement en Campanie à Capodimonte, rentrant alors complètement dans la vie privée et mourant quinze ans après, triste, solitaire (elle avait perdu ses deux fils) et bien oubliée

 

ALBANESE C., La principessa beduina. L'aventurosa vita di Elena di Francia duchessa d'Aosta, Milan, 2007. 272p. ( l’auteur défend la princesse de toute liaison avec le fascisme )

FETTARAPPA S.C.: Emanuele Filiberto di Savoia Duca d'Aosta /. – Turin, 1933. - 121 p

 

159, 160, 168, 171, 174

 

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171/ ANNE D’’ORLEANS (1906-1986)

duchesse d’AOste

« belle et digne »

 

fille de Jean d’Orléans , arrière-petit fils du roi Louis-Philippe , fils du duc de Guise gendre et beau-frère des précédents prétendants) et d’Isabelle d’Orléans (cette dernière est la niéce d’Hélène d’Orléans-Aoste (170) et la soeur d’Henri d’Orléans, dernier comte de Paris (1908-1999).

 

Anne épouse en 1927 son cousin germain, le 3°duc, Amédée II d’Aoste (fils d’Amédée 1° et d’Hélène Orléans, 170 ;, 1898-1942) dont elle a deux filles, Marguerite ( née en 1930, qui épouse en 1953 Robert de Habsbourg fils du dernier empereur Charles) et Marie-Christine née en 1933, qui a épousé ensuite en 1967 Casimir de Bourbon.—Sicile

 

Le couple s’établit au château de Miramare près de Trieste et tout semblait annoncer une existence heureuse quand la conquête de l’Ethiopie vint tout compromettre.

 

Anne s’efforça vaillamment d’aider son mari durant et après la guerre d’Ethiopie et elle put croire à une réussite définitive une fois ce pays conquis et son mari devenu vice-roi puis gouverneur général. Hélas ! le triomphe fut de courte durée puisque dès 1940, Amédée doit affronter une révolte générale et une attaque anglaise à laquelle il a bien du mal à résister d’autant que Mussolini lui refuse son plan de liaison avec les troupes de Lybie par dessus le Soudan, d’où son ultime défaite en mai 1941 ( à la bataille d’Amba Alagi)

.

 

Capturé et assigné à résidence au Kenya par les Anglais , un moment tentés de l’utiliser comme intermédiaire avec la famille royale ( mais en fait seul le prince de Piémont Humbert répondit à ses avances), dans la tristesse et l’isolement il mourut de la malaria en mars 1942 .

 

Renvoyée par son mari dès le début du conflit mondial, Anne se terra au palais Pitti de Florence où devenue veuve elle se condamna à un isolement total avant d’être capturée par les Allemands en septembre 1943 et internée avec sa belle-sœur – à Hirschegg près d’Innsbruck

 

En 1953, le gouvernement italien refusa au Negus Hailié Selassié la possibilité de la rencontrer officiellement lors de sa visite en Italie, il se « vengea » en arrêtant son voyage puis en invitant solennellement dix ans plus tard à Addis Adeba son neveu Amédée. Quant à Anne, elle refusa de sortir de sa retraite et mourut dans la discrétion et la solitude à Sorrente en 1986 ( enterrée à Naples aux côtés de sa cousine et belle-mère Hélène).

 

Le poète triestin Umberto Saba lui consacra deux madrigaux un sur son bonheur de jeune mariée à Trieste et l’autre sur son malheur de veuve emprisonnée durant la guerre.

 

DE VECCHIO DI VAL CISMON C.M. A.; Amedeo di Savoia vicere di Etiopia / - Rome : 1942. - 166 p.

Il duca di ferro : vita eroica di Amedeo Aosta. (1898-1942)- Rome, 1955 - 33 p.

LEONARDI M.. Amedeo d'Aosta /Rome 1966 - 221 p

BORRA E.: Amedeo di Savoia : terzo duca d'Aosta e vicere d'Etiopia /– Milan, 1985. - 334 p

 

160, 170, 172, 173, 174

 

-172/ -MARGUERITE D’AOSTE (1930-…)

archiduchesse Habsbourg

 

« revanche et continuité historiques »

 

fille d’Amédée II d’Aoste et d’Hélène d’Orléans (170)

 

En 1953, Elle épouse en l’église de Brou ( Bourg en Bresse)) Robert de Habsbourg, (1915-1996) le second fils de l’empereur Charles I° et de sa femme Zita. Laurent aîné de leur cinq enfants né en 1955 a épousé la princesse Astrid, fille de l’actuel roi Albert des Belges donc petite-nièce de feu la reine Marie-José.

 

170, 173, 1174

 

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173/ MARIE--CHRISTINE d’AOSTE (1933…)

 

princesse des Deux-Siciles

« la fin des hostilités »

 

fille d’Amédée II d’Aoste et d’Hélène d’Orléans (170)

 

Elle épouse en 1967 Casimir Bourbon des deux Siciles (né en 1938 , petit-neveu de François II, dernier roi des Deux-Siciles., établi au Brésil et lui aussi doublement lié aux Orléans et aux Orléans-Bragance et dont elle eut quatre enfants). Dans le malheur des déchéances, les familles de Savoie et de Naples se sont enfin réconciliées……

 

151, 152, 171, 172, 174

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174/ IRENE DE GRECE (1904-1974)

 

duchesse d’Aoste

« des illusions mais on n’échappe pas à l’histoire »

 

Fille du roi Constantin (1868-1928) et de Sophie de Prusse ( sœur de Guillaume II) elle était la sœur du roi Paul ( 1917-1981), tante du dernier roi de Grèce Constantin II et de la reine Sophie d’Espagne, cousine germaine du prince Philip d’Edimbourg.

 

A la grande fureur de sa belle-sœur, Anne d’Orléans ( 171)- qui n’approuvait pas ses tendances conservatrices et réactionnaires et qui s’inquiétait de sa « concurrence » ), elle épouse à Florence en juillet 1939 Aimon (1900-1948), duc de Spolète puis 4° duc d’Aoste . Frère et successeur d’Amédée II, Aimon, qui s’était illustré d’abord dans la marine et dans l’alpinisme, fut nommé par Mussolini et le dictateur oustachi Palevic, roi de Croatie (sous le nom de Tomislav II Aimon ayant refusé l’appellation de Zvonimiro ), fonction d’autant plus symbolique qu’elle ne dura que de mai 1941 au 31 juillet 1943 et qu’il se garda bien de se rendre à Zagreb. A l’automne 1943, il partit avec le roi Victor à Brindisi laissant sa femme accoucher seule en septembre mais il n’en fut pas moins obligé après le référendum de 1946, de s’exiler en Amérique du sud où il mourut peu après.

 

Irène est la mère du 5° duc, Amédée né en septembre 1943. En épousant en 1963 sa cousine Claude d’Orléans (née en 1943, fille du comte de Paris mort en 1999 et niéce de Anne , autant par les Orléans que par les Aoste) ), ce prince d’abord officier de marin a retrouvé la tradition orléaniste de la famille d’Aoste. Il eut trois enfants de ce mariage terminé en 1976 par une séparation, suivi d’un divorce en 1982 puis en 1987 par une annulation . Reconverti dans la viticulture, passionné de botanique le prince est remarié depuis 1987 avec Silvia Paterno di Spedalotto fille du marquis sicilien de Reggiovanni mais il est surtout connu pour son opposition à son cousin Victor-Emmmanuel comme prétendant au trône d’Italie et pour son ralliement à la République italienne. Amédée est d’autant plus hostile à son « concurrent » qu’il fut proche du roi Humbert et de ses filles.
Reconnu (officiellement ou partiellement ?) en 2006 à la tête de la maison de Savoie , Amédée eut de son premier mariage trois enfants dont Aimon (né en 1967 , époux de Olga de Grèce) qui assume la dernière succession officielle des Aoste. Sic transit mundum……

 

Irene mourut à Fiesole en 1974 avant de rejoindre à la Superga de Turin les autres membres de la famille d’Aoste….

VIGNOLI G.: Il sovrano sconosciuto : Tomislavo 2. re di Croazia / . - Milan 2006. - 185 p.

 



a) Princes et nobles

Le pouvoir d’un prince « intermédiaire » comme le comte Humbert s’entend sur deux directions, un pouvoir venu "d’en haut" d’autant plus puissant que le donateur est lui-même un pouvoir s’exerçant vers "le bas" sur d’autres seigneurs "inférieurs" qui, par raison ou par résignation devant la force (ne demandons pas d’affection), acceptent de reconnaître les droits de celui envers lequel ils consentent à reconnaître leurs devoirs. Dans ces conditions, pas ou peu de considérations territoriales, seulement des relations humaines et juridiques, finalement le pouvoir est ce que l’on veut bien en faire.

Humbert nous reste encore bien mystérieux. Au delà des légendes sur ses origines saxonnes (ou romaines) il est vraisemblablement issu de la noblesse bourguignonne - grand propriétaire  gallo-romain ? - lié aux rois de Bourgogne eux-mêmes mal connus. Ce que l’on appelle le royaume de Bourgogne est en effet un (grand) "débris" de la Lotharingie, cette zone médiane de l’ex-empire carolingien qui n’en finit pas de se morceler, de mourir ou de s’organiser. Nous connaissons un peu Rodolphe, le premier roi,  et surtout la donation qu’il fit de son domaine d’Aix à son épouse Hermengarde dans l’entourage de laquelle apparaît justement Humbert (favori ? conseiller ? parent du couple royal ?)

Le comte dépend donc de l’empereur, personnage fabuleux, lointain, mélange de tradition (car lié à Rome et plus récemment à Charlemagne) et de nouveautés douteuse en ce X° siècle.


b) Mariages  et politique

Les unions matrimoniales princières, qui étaient avant tout des opérations politiques, rendent d’autant plus admirables les mariages «réussis» (il y en eut un certain nombre) tant était peu évidente l’issue douteuse de rapprochements  entre les mariés qui s'ignorent et fort différents en âge, en  goûts, en culture, en manière de vivre et de mentalités et l'essentiel de toute union matrimoniale était la fourniture d’héritiers et de nouveaux instruments  utiles aux intérêts de la famille et de la principauté.

La grande affaire des princes de Savoie fut toujours d’alterner des unions «françaises» et impériales, des partenaires Valois ou Bourbons d’un côté et des Habsbourgs ou apparentés de l’autre, balancement qui dura plusieurs siècles jusqu’aux lendemains de la Révolution. Si les choix princiers se raréfiaient ou se faisaient trop dangereux, on se rattrapait bien sûr sur les maisons alliées ou sur les noblesses locales à moins que comme les Carignan on se marque si fort d’un côté  (ici le monde versaillais) que l’on pouvait les croire complètement assimilés d’où la surprise de Louis XIV de voir passer Eugène de Savoie chez les Autrichiens ce qui fut considéré comme une trahison alors qu’en fait ce n’était qu’une continuité historique.

Dans la seconde moitié du XVIII° siècle, la paix avait vu un rapprochement systématique entre les Bourbons (de France, d’Espagne et de Naples) et les Savoie ce qui n’avait pas empêché quelques rapprochements avec les Habsbourg surtout des maisons locales de Modène ou de Toscane (Naples fournissait le double avantage d’un prince bourbon, Ferdinand marié avec une Habsbourg, Caroline). Les guerres du Risorgimento de 1848-60 et le mariage de la princesse Clotilde avec le prince Napoléon compromirent pour longtemps ces relations de famille et de voisinage, ce qui rendit les choix matrimoniaux d’autant plus difficiles qu’il fallait tenir compte à la fois du catholicisme officiel obstacle à toute union avec des protestants et en même temps de l’excommunication pontificale, d’où dans la maison régnante les deux unions presque contre–nature d’Humbert avec sa cousine germaine Marguerite et de Victor-Emmanuel III avec Hélène de Monténégro orthodoxe et à l’origine si peu ouverte au monde occidental.

Il fallut au moins une génération pour rétablir une situation «normale», le traité du Latran permit à Humbert d’épouser Marie-José de Belgique, les Savoie-Aoste se lièrent aux Orléans par l’intermédiaire des Bragance du Portugal, les Savoie-Gênes retrouvèrent les vieilles relations avec les maisons allemandes et on se réconcilia (lentement) avec les Bourbons de Naples et la maison de Parme. De toutes les façons, la liberté gagnait en faveur des familles nobles non régnantes ou même des roturiers avant que les crises nuptiales de la fin du XX° siècle ne viennent tout bouleverser ici comme ailleurs avec les unions libres et les divorces successifs.

Bien entendu, comme dans la plupart des familles princières, loin des lois fondamentales de la société et de l’Eglise, on noua des alliances entre oncles et nièces (la première commença au milieu du XVII° siècle entre le cardinal Maurice de Carignan relevé de ses vœux pour épouser sa nièce de 33 ans sa cadette) au point que les mariages entre cousins germains apparaissaient presque comme normales et de toutes les façons à chaque mariage on se perdait à rappeler les liens évidents de cousinage et de parenté entre les époux. Pour rester simple, notons que la reine Marie-Antoinette était la belle-sœur de Charles-Emmanuel IV, la tante de Marie- Thérèse de Modène, épouse de Victor-Emmanuel I°, et de Marie-Christine de Bourbon-Naples l'épouse de Charles-Félix. et nouveau rapprochement, Marie–Christine de Savoie, fille de Victor-Emmanuel épousa ensuite son cousin le prince de Naples neveu de sa tante Marie-Christine. La palme de la confusion revint néanmoins à Victor-Emmanuel II qui avait épousé sa cousine germaine et qui poussa son fils Humbert à faire de même (avec sa cousine Marguerite de Savoie-Gênes) alors que son autre fils Amédée épousait sa propre nièce Laetitia Bonaparte, au point que son frère le prince Ferdinand de Gènes avait presque eu une destinée "normale" en épousant (seulement) sa cousine Elisabeth de Saxe.


c) Princes et clergé

Traditionnellement les Savoie sont peu tentés par les carrières ecclésiastiques, pour respecter les hiérarchies, on choisit pour les garçons des sièges épiscopaux et pour les filles des fonctions abbatiales  évidemment plus nombreuses que les premiers. Cependant les vocations féminines se font rares après le XVIII° siècle, même si bien sûr la question romaine n'arrangea rien. La piété personnelle des souverains et souveraines ne  favorisaient donc en rien le dévouement religieux des jeunes princes et même au XX° siècle en dépit de sa mère et de sa femme Victor-Emmanuel III mit très longtemps à reconnaître le poids social de l'Eglise, finalement les Savoie furent les premiers souverains européens vraiment laïcs et si pieuses fussent-elles, leurs épouses et leurs filles ne purent ni ne surent jamais imposer leur foi (?).


D) Palais et châteaux

1) Réconstitution du château d'Avigliana (Val de Suse) XII-XIII° s. Pour dominer le passage du Mont Cenis les Savoie aménagent des lignes de fortifications.
1) Réconstitution du château d'Avigliana (Val de Suse) XII-XIII° s. Pour dominer le passage du Mont Cenis les Savoie aménagent des lignes de fortifications.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2) Château de Thomas II (XIII° s.), entre la Leysse et le lac du Bourget, le charme de l'eau.
2) Château de Thomas II (XIII° s.), entre la Leysse et le lac du Bourget, le charme de l'eau.

 

3) Château comtal et ducal de Chambery. (XIII° - XVI° s.), un château fort qui découvre le luxe dès le XV° siècle, deux incendies ont failli le détruire aux XVII° et XVIII° siècle, il a été sauvé par l"administration.
3a) Château comtal et ducal de Chambery. (XIII° - XVI° s.), un château fort qui découvre le luxe dès le XV° siècle, deux incendies ont failli le détruire aux XVII° et XVIII° siècle, il a été sauvé par l"administration.
3b) Le château turinois dit "Fibellona" actuellement palais Madame avant son réaménagement de XVII° s.
3b) Le château turinois dit "Fibellona" actuellement palais Madame avant son réaménagement de XVII° s.
3c) Castello di Ivrea (architecture médivale typique des Etats de Savoie), une partie de château à été incendié au XVII° s.
3c) Castello di Ivrea (architecture médivale typique des Etats de Savoie), une partie de château à été incendié au XVII° s.
3d) BLANCHE DE MONTFERRAT revevant Charles VIII de France - 1
3d) BLANCHE DE MONTFERRAT revevant à Turin Charles VIII de France au palais Madame.
3e) Chateau de Sarre oeuvre de XV° s pour surveiller le Grand Saint Bernard.
3e) Chateau de Sarre oeuvre de XV° s pour surveiller le Grand Saint Bernard.
4) Château de Ripaille, entre Thonon et Genève, sur les bords du Léman (XV° s.) ; devenu duc Amédée VIII, hésite entre la tradition monastique et l'intérêt d'un manoir de plaisance.
4a) Château de Ripaille, entre Thonon et Genève, sur les bords du Léman (XV° s.) ; devenu duc Amédée VIII, hésite entre la tradition monastique et l'intérêt d'un manoir de plaisance.
4b) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.
4b) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.
4bis) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.
4c) Chateau de Chillon, symbole de la puissance des Savoie dans les Pays du Léman.

 

Intégré dans les Etats de Savoie depuis le XIV° s., Turin devenu capitale deux siècles plus tard est centré sur le palais du Souverain sur la cathédrale voisine et sur la place centrale tout autour du palais de Marie-Jeanne Baptiste.
5) Intégré dans les Etats de Savoie depuis le XIV° s., Turin devenu capitale deux siècles plus tard est centré sur le palais du Souverain sur la cathédrale voisine et sur la place centrale tout autour du palais de Marie-Jeanne Baptiste.
6) Château du Valentino à Turin sur les rives du Po, l'influence française de la renaissance au début du XVII° s.
6) Château du Valentino à Turin sur les rives du Po, l'influence française de la renaissance au début du XVII° s.

 

7) Château d'Aglié, les ducs découvrent le charme du Canavese (XVII° s.).
7) Château d'Aglié, les ducs découvrent le charme du Canavese (XVII° s.).
8) Palais de la Venaria Reale dans les environs de Turin pour la satisfaction des chasses ducales dès le reigne de Charles Emanuel II. Inspirant les besoins et l'orgueil des autres souverains de la période.
8) Palais de la Venaria Reale dans les environs de Turin pour la satisfaction des chasses ducales dès le reigne de Charles Emanuel II. Inspirant les besoins et l'orgueil des autres souverains de la période.
Les princes baroques entendent concilier la splendeur des jardins et les beautés architecturales. Le Parc Royal (XVII° s.) sera détruit par Louis XIV.
9) Les princes baroques entendent concilier la splendeur des jardins et les beautés architecturales. Le Parc Royal (XVII° s.) sera détruit par Louis XIV.
10) Château de Rivoli entre le Mont Cenis et Turin. Un orgueil pour Victor Amédée II épargné de justesse par Louis XIV.
10) Château de Rivoli entre le Mont Cenis et Turin. Un orgueil pour Victor Amédée II épargné de justesse par Louis XIV.
A la gloire de la souveraine de Savoie, la Vigne de la Reine fait découvrir à la Cour les charmes de la campagne turinoise.
11) A la gloire de la souveraine de Savoie, la Vigne de la Reine fait découvrir à la Cour les charmes de la campagne turinoise.

 

12) Le château de Moncalieri la forteresse de XV° s. à été remaniée et agrandie au XVII° s.
12a) Le château de Moncalieri la forteresse de XV° s. à été remaniée et agrandie au XVII° s.
12b) Dans la banlieue de Turin l'ancien château médiéval de Racconigi fût aménagé au XVII° s. par les Carignan et réaménagé au XIX° s. par Charles-Albert.
12b) Dans la banlieue de Turin l'ancien château médiéval de Racconigi fût aménagé au XVII° s. par les Carignan et réaménagé au XIX° s. par Charles-Albert.
13) Le château (de chasse) de Stupinigi, le chef d'oeuvre de Juvarra pour la passion de Victor-Amédée II.
13) Le château (de chasse) de Stupinigi, le chef d'oeuvre de Juvarra pour la passion de Victor-Amédée II.
14) Charles Felix achète le château de Govone, dont il fait une résidence d'été célèbre par ses jardins.
14a) Charles Felix achète le château de Govone, dont il fait une résidence d'été célèbre par ses jardins.
14b) Palais royal de Charles-Albert au début de XIX° s. avec par derrière la Coupole du Saint Suaire.
14b) Palais royal de Charles-Albert au début de XIX° s. avec par derrière la Coupole du Saint Suaire.
15) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
15) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
15b) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
15b) Le château de Pollenzo du milieu de XIX° s. est caractéristique de renouveau médiéval de l'époque.
16) L'ancien palais pontifical est devenu en 1870 palais de nouvel Etat Italien résidence normal du Roi, le Pape allant s'installer au Vatican.
16) L'ancien palais pontifical du Latran est devenu en 1870 palais de nouvel Etat Italien résidence normal du Roi, le Pape allant s'installer au Vatican.

 

 

 


E) Symboles

a - Reines et princesses, dévouées et malheureuses

Rien n’était inutile, tout étant considéré dans un strict point de vue promotionnel pour la famille et peu importaient le goût et l’avenir du (de la) jeune prince(sse). Bien entendu dans de telles conditions la fidélité du mari était compromise dès le début et les 21 batards de Charles-Emmanuel sont plus exceptionnels dans leur nombre que dans leurs nature avec quelques exceptions vertueuses comme les cinq fils de Victor-Amédée III (qui pourtant n’avait pas été non plus un modèle) . Les aventures royales furent de natures diverses, Victor-Amédée II méla (ici comme ailleurs) la fantaisie et la rigueur avec son «amie» Madame de Verrue, alors que Charles-Albert s’empêtra dans ses contradictions morales et que au contraire son fils Victor-Emmanuel II passa sa vie entière dans des unions aussi frénétiques que passagères (nobiliaires et roturières) avant de terminer dans un amour «bourgeois» avec la belle «Rosine».

Le propre des épouses officielles était donc de se savoir trompées, triste sort auquel la plupart se résignèrent (au moins jusqu’au XX° siècle) en se réfugiant dans l’amour de leurs enfants, dans l’exercice sérieux de leurs fonctions et bien sûr dans la piété. Quelques unes eurent la chance d’un époux transi d’amour comme ce fut le cas en 1663-64 de Charles-Emmanuel II avec Françoise d’Orléans, «la colombine d’amour» ou en 1722-23 de Charles-Emmanuel III avec Anne-Christine de Bavière (unions d’autant plus remarquables qu’elles furent courtes).

Dans une série de femmes mal formées, écrasées par leur position et leurs maris, au mieux ternes au pire tristes, signalons les princesses espagnoles que leur origine et que leur éducation avaient peu préparées à une quelconque émancipation, ce qui explique l’oubli où sont tombées facilement les épouses de Charles-Emmanuel II??° ou de Victor-Amédée III. Face à ces «pauvres» femmes, les princesses françaises ont eu meilleure apparence : Marguerite de Valois fille d’Henri II qui était d’abord apparue comme une vieille fille (30 ans lors de son mariage) «donnée en pâture» à un jeune (et inconscient) Emmanuel-Philibert se révéla une femme remarquable, intelligente et ouverte, digne épouse de son mari, défendant les évangélistes et accueillant avec faveur les écrivains réfugiés à la cour. Bien entendu Christine de France se fit remarquer par sa personnalité, forte femme refusant le sort qui s’acharnait sur elle (la mort prématurée de son mari Victor-Amédée I°, le décès aussi prématuré de son fils aîné qui fit envisager la fin de la dynastie, les intrigues et les manœuvres de ses beaux-frères Thomas et Maurice de Carignan, l’hostilité du cardinal de Richelieu et la mollesse de son frère Louis XIII pour la protéger. On la vit quitter Turin pour se réfugier en Savoie et partant à Grenoble pour négocier avec les Français, elle confia ses enfants au gouverneur de Montmélian, exigeant de lui qu’il ne les lui rende qu’en mains propres, tellement elle pouvait craindre de fâcheuses trahisons. Même si elle apparut longtemps comme une veuve éplorée, elle aimait le faste et se rendit célèbre par ses ballets comme par sa liaison avec le fougueux Philippe d’Aglié et par son ambition à recevoir le titre royal. Elle avait dominé autant son fils Charles-Emmanuel que la femme de ce dernier qui, d’origine française (???) lui voua une admiration et une affection sans borne au point de mourir de chagrin peu de temps après la mort de la « grande » duchesse. La seconde épouse de Charles-Emmanuel, Marie-Jeanne Baptiste de Savoie-Nemours suivit l’exemple de Christine mais sans égaler sa fougue et son talent.

De telles personnalités ont écrasé les souveraines suivantes et l’histoire n’a pas retenu les souffrances d’Anne d’Orléans obligée de rompre avec sa famille lors des grands revirements de son mari, Victor-Amédée II et on a oublié encore plus facilement les autres reines et princesses du XVIII° siècle, à la fin de ce dernier on assista à de grands mariages entre les Bourbons et les Savoie, Victor-Amédée III reçut pour belle fille, Clotilde de France qui avait sinon de la beauté (la grosse bourbon) du moins de la gentillesse et de la douceur alors que les deux princesses passées en France brillèrent surtout par leur laideur et leur personnalité, Marie-Josephine, comtesse de Provence, assez laide et fort déçue par son mariage se consola dans l’alcool et dit-on dans une relation lesbienne alors que sa sœur Marie-Thérèse, comtesse d’Artois ni belle, ni aimable, trompée par son mari, attaquée par Marie-Antoinette et calomniée par les courtisans, s’enfermait dans son rôle de mère en attendant de mourir en exil.

Le XIX° siècle ne montra que de tristes femmes malchanceuses. la reine Marie-Thérèse de Modène-Este s’imposa ouvertement par sa carrure et par son tempérament à son mari, le doux et faible Victor-Emmanuel I° pour lui conseiller une politique toujours plus réactionnaire et favorable aux Habsbourg, le poussant même en 1821 à abdiquer pour ne pas céder. Le drame fut qu’elle précipita ses propres filles dans des voies politiques sans issue d’où une série de catastrophes qui marquèrent les opinions de l’époque. Sur l’impulsion de leurs parents mais surtout de leur oncle, le roi Charles-Félix toutes firent des mariages «utiles» et apparemment prometteurs, mais finalement sans aucune perspective politique et même personnelle bien au contraire. Marie-Béatrice (1793-1840) épousa sans avenir son oncle Ferdinand (1779-1846) le triste duc réactionnaire de Modène-Este, Marie-Anne (1803-1884) épousa le prince héritier d’Autriche, François-Ferdinand (1793-1875) mariage solennel qui se termina fort mal puisque le marié de plus en plus incapable et débile abdiqua en 1848 la condamnant à vivre à ses tristes côtés dans l’isolement et l’oubli pendant des décennies. Marie-Christine (1812-1836) devint reine de Naples et n’eut que le temps de se consoler dans la piété et la charité de l’absence d’affection de son mari le triste Ferdinand II (1810-1859) et de mourir peu après la naissance de son fils le futur François II, dernier roi de Naples (1836-1894). Quant à Marie-Thérèse (1803-1879), elle épousa Charles II de Parme (1793-1889) pour voir en 1848 l’abdication de son mari, en 1854 l’assassinat de son fils et enfin en 1860 la liquidation de la principauté elle-même.

L’épouse de Charles-Félix, Marie-Christine de Naples soufrrit bien sûr de ne pas avoir d’enfant , en plus elle dut (et sut) rester discrète devant l’opposition entre ses beaux-frères Louis-Philippe d’Orléans (époux de sa sœur Marie-Amélie) et Charles X (par alliance) et encore plus après 1830 du fait de la tension entre Louis-Philippe devenu roi et Charles-Albert. Tout s’aggrava encore par la suite lors des guerres de 1848-1859 qui soumirent les princesses de Savoie à de tristes écartèlements (récompensées seulement par la reconnaissance de leurs vertus par l’Eglise catholique) ainsi Marie-Elisabeth de Savoie-Carignan, vice reine de Lombardie, chassée de Milan en 1848 par son frère alors que sa belle-sœur la reine Marie-Thérèse (l’épouse de Charles-Albert) décue par son mari et son fils se réfugia dans une pieuse austérité qui frappa l’Europe entière avant se lamenter de voir Charles-Albert trahir son frère Léopold, grand duc de Toscane puis l’abandonner dans son exil, et que dire de sa belle-fille (et nièce) Marie-Adélaïde, la discrète épouse de Victor-Emmanuel II qui elle aussi souffrit autant des trahisons personnelles de son mari que de sa politique anti-autrichienne.

Certes plus tard Marguerite, l’épouse du roi Humbert I° se voulut en apparence au dessus du jeu politique mais cette réserve ne l’empêcha pas de jouer ouvertement de son influence (et de son charme) autant auprès de l’élite italienne de son époque pour la rallier à la cause royale qu’auprès ensuite de son fils pour le rallier à la cause fasciste. La princesse Marie-José héritière de la fougue de sa mère Elisabeth de Bavière et du libéralisme de son père, le roi Albert I° de Belgique, s’opposa rapidement et de plus en plus violemment à la mollesse politique de son mari, alors prince héréditaire et à la tortueuse politique de son beau-père le roi Victor-Emmanuel III ce qui ne fut pas sans influence sur la disparition de la royauté en 1946.

Enfin dernier et triste exemple de la vanité des mariages politiques, à première vue rien ne liait la maison de Hesse avec les Savoie, il n’empêche qu’il y avait là une étape intéressante pour se rapprocher du monde germanique sans passer par les Habsbourg d’où en 1926 le mariage de la princesse Mafalda avec Philippe de Hesse (1896- 1980) neveu de l’ex empereur Guillaume II, l’union se fit en souvenir de Charles-Emmanuel III et de son cousin Carignan qui épousèrent en 1724 et 1740 (avec profit) les deux sœurs Polyxène et Henriette de Hesse mais il y avait aussi l’avantage de se lier avec un prince ambitieux qui cumulait une belle fortune et des perspectives intéressantes soit de restauration soit de lien avec le parti nazi en pleine expansion, ce qui aboutit d’un côté à aggraver le discrédit de la famille royale pour ses « mauvaises » relations et de l’autre à provoquer à Buchenvald en 1944 la mort de Mafalda victime des nazis furieux de la « trahison » italienne de septembre 1943.


b - Saintes unions et divisions

Il est évident que de telles ambiguités ne pouvaient que renforcer les antagonismes entre parents et enfants, entre frères et sœurs ou entre cousins même si en apparence la paix régnait tout au moins tant que des évènements extraordinaires ne venaient pas révéler les tensions sous-jacentes. Bien sûr toutes les familles connaissent ces contradictions avec ici des conséquences politiques parfois essentielles. Certaines querelles ont marqué l’histoire, celle entre Christine de France et ses beaux-frères dura une dizaine d’années, on a retenu les colères froides de Victor-Amédée II contre sa mère qu’il contraignit à la retraite mais il ne sut se retenir en 1730 contre son propre fils Charles-Emmanuel auquel il avait pourtant laissé le pouvoir sans prévoir néanmoins que ce dernier allait l’emporter et finalement provoquer sa mort en le faisant enfermer.

En 1798, lors du départ catastrophique de la famille royale chassée de Turin par l’occupant français, on attendit vainement la voiture du jeune prince Cha rles Emmanuel de Carignan. En fait non seulement celui-ci resta dans son palais mais bientôt après au printemps 1799, il prit avec sa famille le chemin inverse de ses cousins, soit vers Paris. Jusqu’à la Restauration bien entendu aucune relation entre les deux branches , cependant en 1814 le roi Victor-Emmanuel I° qui désespérait d’avoir un héritier, rappela à lui le jeune Charles-Albert que l’on savait mal élevé et mal éduqué mais auquel il voulut bien faire confiance ne serait-ce que parce qu’il n’avait aucune confiance en la personne de son beau frère le duc de Modène, certes tout aussi réactionnaire que lui et que la reine Marie-Thérèse soutenait avec passion dans l’espoir qu’il pourrait se voir attribué le titre de prince héritier s’il épousait une de ses filles. Le roi avait beau aimer son épouse, ne voulut pas céder et s’il accepta bien de donner donner sa fille mais refusa énergiquement d’aller plus loin et de violer la loi salique considérée comme la loi fondamentale de la famille de Savoie. Cependant il ne fut pas question de recevoir à Turin l’ex princesse de Carignan que l’on avait vue autrefois dans les fêtes jacobines et qui avait eu l’audace de se remarier avec un petit noble français.

Dans le genre plus sournois, signalons les « raideurs » de Victor-Emmanuel III envers son cousin le beau et prestigieux Emmanuel-Philibert d’Aoste dont il ne cessa de jalouser le brillant mariage puis la célébrité gagnée pendant la grande guerre. Il craignait aussi son amitié envers le duce qui lui attribua le titre prestigieux de maréchal en 1928 et qu’il soupçonna en permanence de vouloir le faire monter sur le trône comme le lui souffflait sa mère, la reine Marguerite, elle aussi très liée au dictateur.

Le roi fut aussi en défiance permanente contre son fils Humbert suspecté (non sans raison) de méfiance puis d’hostilité ouverte même si ce dernier n’osa jamais envisager la rupture au point de rester à ses côtés jusqu’à son abdication finale à Salerne en 1945 ( Marie-José avait été plus franche en rompant ouvertement dès l’été 1943 ce qui l’amena non sans risque à passer en Piémont et à ne plus jamais revoir son beau-père). Le danger des Savoie-Aoste était demeuré même après la mort d’Emmanuel Philibert en 1931 car son fils le 3° duc Amédée prolongea le conflit en menaçant cette fois les droits de Humbert de plus en plus hostile à Mussolini tenté de l’écarter du trône à la première occasion. C’est pour cela que le fils du roi ne put partir combattre en Ethiopie comme il l’espérait et fut d’autant plus furieux lorsque son dangereux cousin reçut en 1936 le titre de vice-roi. les mauvaises relations entre les deux familles ont d’ailleurs duré jusqu’à nos jours s’aggravant encore lors du scandale en 2006 de l’emprisonnement du prince Victor Emmanuel qui se vit alors contester publiquement son titre même de prétendant au trône par son « cousin » Amédée.

Le conflit avait été plus direct et plus immédiat donc plus simple entre les Savoie-Gênes et la branche aînée qui couvrit ses cousins d’un mépris aussi public que constant. En 1855, Victor-Emmanuel II avait refusé les avances de sa belle sœur Elisabeth de Saxe, l’un et l’autre se retrouvant veufs et isolés et si chacun se consola ensuite dans des unions plus modestes ) les Savoie-Gênes eurent du mal à accepter ce refus, ils invoquèrent le sacrifice de Ferdinand élu roi de Sicile en juillet 1848, mais qui y avait renoncé pour ne pas gêner les ambitions d’unification nationale de son frère Charles-Albert et l’on déplora encore en 1870 le « sacrifice » de Thomas refusant le trône espagnol après la renonciation du prince de Hohenzollern (récusé par Napoléon III) pour laisser la place à son cousin Amédée d’Aoste ouvertement appuyé par son père qui n’avait pas eu les mêmes hésitations et les mêmes scrupules ( même si le prince ainsi poussé ne put se maintenir plus à Madrid plus de trois ans ). Bien sûr le mariage de Marguerite avec Humbert calma les rancoeurs familiales mais cela n’empêcha pas le roi Victor –Emmanuel III de déclarer publiquement que le poste de chef de bataillon accordé à son cousin Eugène pouvait être attribué à n’importe qui et que la tête de son fils Humbert ( II) valait à elle seule celles réunies de ses deux cousins « imbéciles » de Bergame et de Pistoia. On comprend que forts de ces « réserves », les Savoie-Gênes se maintinrent loin de la cour, des honneurs et de la vie politique.